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James Sallis, le bluesman du polar

Fou de musique, de Queneau et de Chester Himes, cet Américain aux mille visages se consacre désormais au roman noir. "Le tueur se meurt" confirme qu'il est un grand styliste du genre.

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Publié le 29 mai 2013 à 17h25, modifié le 29 mai 2013 à 17h25

Temps de Lecture 6 min.

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 sallis

L'histoire retiendra la date du 18 mai 2013, jour de la rencontre entre l'écrivain américain James Sallis, 68 ans, et le cinéaste français Bertrand Tavernier, 71 ans, présentés l'un à l'autre dans un restaurant de Saint-Malo. Les quelques mots qu'ils échangèrent suffirent à faire naître une image.

A travers ces deux hommes, deux habitants de La Nouvelle-Orléans se serraient la main ce soir-là : l'inspecteur blanc Dave Robicheaux, vedette des romans policiers de James Lee Burke – Tavernier adapta à l'écran Dans la brume électrique – et le détective noir Lew Griffin, héros d'une superbe série (1992-2001) imaginée par Sallis.

Comme souvent chez lui, les personnages de fiction s'invitent dans le réel. Ouvrez n'importe lequel de ses livres : un monde disparaît, des hommes, des femmes tombent sous les balles ou s'éteignent à petit feu, comme dans son dernier roman, Le tueur se meurt. Et que reste-t-il aux survivants ? La musique, un bon repas et… les livres. Qu'ils soient empruntés, achetés, trouvés, offerts, ils tiennent toujours compagnie à ses protagonistes. Ils les sauvent du naufrage.

L'OBSESSION DE LA LECTURE

Ils ont fait de même avec James Sallis, qui connut l'extrême solitude, la dépression, presque la folie. Difficile de superposer ces épisodes tragiques avec l'invité du festival Etonnants voyageurs, ce barbu au rire discret, heureux de nous offrir le CD autoproduit de son groupe, Three-legged dog ("chien à trois pattes"), un trio de blues et de musique country qui se produit depuis sept ans dans des bars, des festivals et des événements caritatifs.

Plus qu'une fringale de lecture, ce fut plutôt une obsession. Enfant, Jim dévorait tout : biographies du magicien Houdini ou de Mary Shelley, classiques de la littérature européenne, magazines de science-fiction… "Ma mère se plaignait sans cesse que je rapporte tous les jours de nouveaux livres à la maison." Très tôt, il a consigné des bribes de conversations, ébauché des histoires dont ses copains d'école formaient l'auditoire.

Ce fils de petits employés de l'Arkansas, né sur les rives du Mississippi, berceau du Delta blues, rêvait de vies multiples, emboîtées en une seule comme des poupées gigognes, d'intrigues. Il n'avait pas 20 ans qu'il savait l'essentiel : il ne pourrait être qu'écrivain ; comme Borges qu'il admire, il marierait, peut-être, le réalisme au fantastique, et ses héros, à l'égal du chauffeur de Drive (Rivages Noir, 2006), se désespéreraient que le monde fût réel, si réel.

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