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LESTRINGANT Frank

Cosmographie Universelle de Le Testu (Arthaud, 2012)

 Frank LESTRINGANTBiographie :

Ancien élève de l’ENS, Frank Lestringant est professeur de littérature du XVIe siècle à l’université de Paris-Sorbonne. Il est l’auteur de nombreux ouvrages de référence sur les Grandes Découvertes et les guerres de Religion. Récemment, il s’est penché sur la Cosmographie Universelle de Le Testu, véritable joyau de la cartographie de la Renaissance, établie par le corsaire et explorateur français qui a découvert au XVIe la baie de Guanabara où se dresse aujourd’hui Rio de Janeiro.

Bibliographie choisie :

  • Cosmographie Universelle de Le Testu (Arthaud, 2012)
  • André Gide l’inquiéteur : Le ciel sur la terre ou L’inquiétude partagée, 1869-1918 (Flammarion, 2011)
  • Sur les "Discours des misères de ce temps" de Ronsard "d’une plume de fer sur un papier glacé" (Paradigme, 2009)
  • Clément Marot, de "l’Adolescence" à "l’Enfer" (Paradigme, 2006)
  • Jean de Léry ou L’invention du sauvage ; essai sur "L’Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil" (Champion, 2005)
  • Lumière des martyrs ; essai sur le martyre au siècle des Réformes (Champion, 2004)
  • Littérature française du XVIe siècle (PUF, 2000)
  • Le cannibale grandeur et décadence (Perrin, 1994)

Présentation de Cosmographie Universelle de Le Testu :

Véritable joyau de la cartographie de la renaissance, la Cosmographie universelle de Guillaume Le Testu a été dessinée et peinte en 1556 pour l’amiral de France Gaspard de Coligny. Son auteur, pilote royal au Havre, prit part à l’expédition de Villegagnon au Brésil et fut le compagnon d’aventures du fameux corsaire Francis Drake. Riche de cinquante six cartes enluminées, la Cosmographie universelle décrit la totalité du monde connu, en ajoutant aux terres nouvellement découvertes, comme les Amériques ou l’Extrême-Orient, des territoires représentés « par imagination ». Telle l’hypothétique Terre Australe, déployée en douze cartes, et reliant Java à la Terre de Feu. En ces lointains parages résident bêtes fabuleuses et peuples monstrueux, licornes et griffons faisant bon ménage avec les Pygmées, les Géants, les Amazones et les Cyclopes. Cet ouvrage remarquable, conservé par le Service historique de la Défense, comprend un essai introductif rédigé par Franck Lestringant, professeur de littérature à la Sorbonne, destiné à replacer l’atlas dans le contexte historique des grandes découvertes et de la lutte pour l’empire des mers.

Cosmographie universelle selon les navigateurs tant anciens que modernes

Arthaud - 2012

Véritable joyau de la cartographie de la Renaissance, la Cosmographie universelle de Guillaume Le Testu a été dessinée et peinte en 1556 pour l’amiral de France Gaspard de Coligny. Son auteur, pilote royal au Havre, prit part à l’expédition de Villegagnon au Brésil et fut le compagnon d’aventures du fameux corsaire Francis Drake. Riche de cinquante-six cartes enluminées, la Cosmographie universelle décrit la totalité du monde connu, en ajoutant aux terres nouvellement découvertes, comme les Amériques ou l’Extrême-Orient, des territoires représentés « par imagination ». Telle l’hypothétique Terre Australe, déployée en douze cartes, et reliant Java à la Terre de feu. En ces lointains parages résident bêtes fabuleuses et peuples monstrueux, licornes et griffons faisant bon ménage avec les pygmées, les géants, les amazones et les cyclopes. Cette oeuvre totale et foisonnante, jusqu’à présent inédite, conjugue à la cosmographie mathématique héritée de Ptolémée l’héritage des merveilles venues du Moyen Âge et la cartographie nautique des cartes-portulans. Les conquêtes d’Alexandre le Grand en Asie s’y prolongent dans les voyages de Marco Polo et les plus récentes navigations des Portugais. Les voyages de Jacques Cartier y inscrivent leur trace dans une Amérique tout juste sortie des limbes. Un ample essai introductif replace l’atlas de Le Testu dans le contexte historique des grandes découvertes et de la lutte pour l’empire des mers. C’est l’occasion pour Frank Lestringant, professeur à la Sorbonne et le meilleur spécialiste aujourd’hui de la littérature géographique du XVIe siècle, d’éclairer les enjeux tout à la fois scientifiques, politiques et esthétiques d’une oeuvre entre toutes fascinante par son alliance intime d’archaïsme et de nouveauté, de rusticité apparente et de raffinement, représentative, dans sa magnificence et sa complexité, de la culture de la Renaissance à son apogée.


André Gide l’inquiéteur, Tome 1 : Le ciel sur la terre ou L’inquiétude partagée, 1869-1918

Flammarion - 2011

Romancier de premier plan, essayiste hors pair, écrivain parmi les meilleurs, André Gide, prix Nobel de littérature en 1947, est avant tout le grand témoin et le maître à penser de plusieurs générations. Ce « contemporain capital » n’eut de cesse de s’affranchir des contraintes morales et puritaines. Car Gide se distingue à un double titre : il appartient à la minorité protestante et il est homosexuel. Il s’emploie dès lors à remettre en cause les valeurs dominantes de la société et à dénoncer son hypocrisie. Pourtant Gide ne se définit pas comme un provocateur. Plutôt comme un « inquiéteur », l’inquiéteur de son siècle. Comment est-il parvenu à faire de son personnage de grand écrivain non pas le porte-parole officiel de la société, mais au contraire un ironiste qui la scrute et la défie de l’intérieur, un révolté qui stigmatise ses tares et ses injustices ? Nourrie de documents inédits ou peu connus, cette biographie renouvelle en profondeur la connaissance de Gide et de son oeuvre multiforme, située entre tradition et avant-garde, mais toujours accordée au souffle de son temps. Elle retrace le destin d’un intellectuel d’exception et reconstitue la toile de fond du débat littéraire, politique et moral qui a agité la première moitié du XXe siècle, depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à la Guerre froide, par-delà le désastre des deux Guerres mondiales. Ce premier tome retrace les cinquante premières années de la vie de Gide, de 1869 à 1918, de la chute du Second Empire à l’armistice de Rethondes. Il nous dépeint une figure insaisissable, multiple, paradoxale. André Gide, véritable miroir mobile de son temps, se révèle ainsi au fil des pages, dans un passionnant portrait en mouvement.


André Gide l’inquiéteur, Tome 2 : Le sel de la terre ou L’inquiétude assumée, 1919-1951

Flammarion - 2011

Gide, après 1918, invente le personnage de l’intellectuel moderne, un rôle que Sartre et Foucault, entre autres, assumeront à leur tour d’après son exemple. Gide n’a ignoré aucun des grands courants de son siècle, symbolisme, naturalisme, dadaïsme, surréalisme, réalisme socialiste. Acteur majeur de la vie littéraire et intellectuelle pendant plus d’un demi-siècle, Gide a bien mérité le titre de « contemporain capital » qui lui a été décerné de son vivant. Car Gide est bien l’adversaire de la société bien pensante qui l’a engendré à son dam. Or ce grand témoin, dont l’influence critique, voire révolutionnaire, n’a cessé de s’étendre, a été le maître à penser de plusieurs générations. Ce second volume de sa biographie couvre les trente-trois dernières années de sa vie. C’est le Gide de la seconde maturité, dont l’influence déborde les frontières, un Gide omniprésent dans le débat public, qu’il s’agisse d’interroger les rapports entre religion et morale, de dénoncer les abus de la colonisation, d’exalter ou de critiquer le communisme soviétique, de prôner la liberté de l’individu face aux oppressions. C’est à Gide que nous devons certaines de nos libertés, quelques-unes aussi de nos interrogations en matière de morale sexuelle, de tolérance religieuse, ou de dialogue entre les peuples et civilisations. La leçon de Gide, soixante ans après sa mort, est plus que jamais actuelle.


Sur les "Discours des misères de ce temps" de Ronsard "d’une plume de fer sur un papier glacé"

Paradigme - 2009

Huit études sur les quatre pièces dans lesquelles Ronsard, lors des guerres de Religion, défend catholicisme et monarchie et accuse les protestants d’être la cause de l’instabilité de la France, oeuvres militantes qui permettent au poète de pratiquer le genre littéraire de la remontrance et d’exposer ses positions religieuses et esthétiques. Programme du capes et de l’agrégation 2010.


Clément Marot, de "l’Adolescence" à l’Enfer"

Paradigme - 2006

Recueil de 7 études sur le poète C. Marot, les liens de son oeuvre avec celle de F. Villon, avec la littérature orale et traditionnelle, sa traduction d’un tiers des psaumes, etc.


Jean de Léry ou L’invention du sauvage

Honoré Champion - 2005

Il y a en Jean de Léry (1534-1613) deux personnages contradictoires et indissociables, le "prédicant" austère et le témoin fasciné d’un Éden perdu. Le premier condamne les Indiens sans écriture aussi bien que ses coreligionnaires oublieux de l’Alliance. Le second, au contraire, se souvient du temps trop court où l’Histoire paraissait suspendue dans sa course à l’abîme. La réussite miraculeuse du livre tient à la tension entre ces deux points de vue. Jamais le théologien ne l’emporte sur l’ethnographe, et l’ire de l’homme de Dieu passée, c’est le retour à la sérénité de la description complice et curieuse. Cette étude, augmentée et mise à jour, inclut une biographie de Léry et l’étude des principaux chapitres du "bréviaire de l’ethnologue". Elle replace ce te xte fondateur tout à la fois dans le contexte des guerres de Religion qui l’a vu naître et dans la perspective de l’anthropologie contemporaine qui y a découvert un classique.    


Lumière des martyrs

Honoré Champion - 2004

Le bûcher des martyrs illumine la Réforme pendant sa phase ascendante. Mais aux Feux succèdent les Fers, lorsque, avec les guerres de Religion, les martyrs se perdent dans l’anonymat des massacres. Le martyrologe de Crespin et Les Tragiques de d’Aubigné s’emploient à restaurer la lisibilité perdue. Établir la cause qui fait le martyr, en recourant aux catégories juridiques de l’adv ersaire, permet de rendre à l’Histoire son sens et à la minorité persécutée sa justification. Aussi la mémoire des martyrs hante-t-elle le protestantisme français, depuis ses origines jusqu’à son éclipse après la Révocation. Pour diffuser l’énergie du martyre, protestants et catholiques adoptent des partis contraires : à la prédication de l’Évangile sur le bûcher la Contre-Réforme oppose un théâtre des cruautés hérité de Sénèque ; à la parole vivante du témoignage, le spectacle des corps à l’agonie.


Littérature française du XVIe siècle

PUF - 2000

Au premier regard, le XVIe siècle, c’est la littérature en sa verdeur, le " beau verger des lettres plantureux " chanté par Clément Marot, un printemps poétique et simultanément, par les voles austères de l’humanisme érudit, un retour aux origines du savoir occidental, de l’Orient sémitique à la Grèce classique. Le siècle de Rabelais, de Louise Labé et de Ronsard reste à jamais marqué dans la mémoire collective comme le temps d’une adolescence comblée. Mais le XVIe siècle n’est pas qu’un matin prometteur. Il a son midi et son crépuscule. A peine triomphante, la Renaissance entre en crise. Aux guerres d’Italie succèdent les guerres de Religion. Le rêve de concorde entre les peuples, la quête de l’unité entre les traditions philosophiques et spirituelles les plus hétérogènes, l’aspiration même de l’humanisme à l’universalité se brisent sur l’émergence d’orthodoxies nouvelles et de nouvelles intolérances. D’où les questions, tour à tour ironiques ou pressantes, narquoises ou angoissées, que les auteurs du XVIe siècle ont lancées jusqu’à nous. L’ambition de ce livre est de rendre toute son actualité brûlante à cette interrogation multiforme, tout en replaçant le fait littéraire au sens large, les écrivains et leurs œuvres, au sein d’une expérience historique unique.


Le cannibale grandeur et décadence

Perrin - 1994

Partant de l’histoire du mot "cannibale" inventé par Christophe Colomb, Frank Lestringant montre comment des écrivains et des philosophes du XVIe siècle - Montaigne en particulier -, transforment la figure repoussoir qu’est l’anthropophage des Amériques en un modèle positif. Si le libre et heureux cannibale mange la chair de l’adversaire vaincu, c’est en vertu d’une tradition parfaitement connue et comprise de la victime et non par appétit ou cruauté. On lui pardonnerait presque les quelques jésuites et colons qu’il se met sous la dent ! Les prétendus civilisés feraient preuve d’une barbarie et de turpitudes bien pires. Au XVIIIe siècle, les "intellectuels" des Lumières usent du cannibale dans le querelle anticoloniale et anticatholique. Là aussi, son mérite est éclatant : s’il mange de l’homme, ce que l’européen sait faire à sa manière, sous des formes plus raffinées et somme toute plus cruelle, le Cannibale ne va pas jusqu’à manger son Dieu. Ainsi l’Eucharistie est-elle mise à mal. Mais la "grandeur" du Cannibale, son image positive se dégrade à la fin du XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle. C’est la décadence. Il devient une figure odieuse, assouvissant un appétit bestial et désordonné, suscitant les rêveries primitivistes d’un Sade ou d’un Flaubert, ce dernier inspiré par l’affaire du Radeau de la "Méduse" dans laquelle l’Occident se mire avec effroi.