Joseph Conrad

(Marc Bessou, La Sept / Pathé cinéma / Julianne films, 1992, 13’)

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Joseph Conrad

Portrait attachant de cet écrivain qui, bien qu’aventurier, n’a pas écrit de reportage mais "une littérature pour homme seul", comme le dit Jean-François Deniau de l’Académie française. L’aventure, avec Conrad, est interne au personnage, rendu tragique par une faille, une fêlure qui le fait échouer. L’aventure est métaphysique.

N’a-t-elle pas commencé dans l’imagination de ce jeune Polonais, qui rêvait de sillonner les mers, alors que son pays n’a pas de marine ? Conrad, grand commandant de navires de commerce, a vu dans la mer l’ennemi intérieur. Z. Nadjer, son biographe, le cite : "L’homme est né poltron" (en réponse à "l’homme est né libre," du "Contrat Social"). Cet homme poltron ne doit pas suivre ses instincts, mais modeler ses croyances sur des exemples extérieurs à lui, et alors seulement il peut se croire lui-même. Conrad met fin aux voyages quand il connaît le succès, sans pour autant trouver le repos : inquiétudes financières, de santé, doute sur son talent. Il est comme ses personnages, "blessés, pas contents d’eux, qui n’abandonnent pas, qui luttent. L’important est de lutter dans ces cas-là".