Îles de beauté

Fin décembre 1933, après trois années passées en Europe et un an de voyage, le navigateur jette enfin l’ancre aux îles Marquises, première étape de ce qu’il appelle « la route du vrai retour ». Et c’est une libération, comme si, après des années de tourments et d’errance, Gerbault se retrouvait. Partageant la vie des insulaires, leurs pêches, leurs jeux, notant leurs légendes, explorant les îles une à une, il mène une vie libre, sans souci des conventions - et les premières pages de son récit rayonnent de ce bonheur émerveillé de la redécouverte. Îles de beauté est peut-être le plus beau livre d’Alain Gerbault, en tous les cas le plus heureux, le plus serein. C’est aussi un livre rare, qui n’avait jamais été réédité depuis 1941, lorsqu’en 1995 les Éditions Hoëbeke en font une nouvelle édition, revue et prefacée par Éric Vibart. Il se situe dans son œuvre exactement avant Un Paradis se meurt. Dans ce dernier il évoquera avec colère le temps de l’échec et du malheur, quand tous ses efforts pour sauver la culture polynésienne se heurteront à la dure loi de la « civilisation blanche sans merci ». Mais pour l’heure, Gerbault s’abandonne au pur plaisir de l’aventure.