Haïti : Un peuple de peintres

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© Espace Loas (Nice)

“L’expérience la plus saisissante et la seule contrÔlable de peinture magique en notre siècle” écrit Malraux quand il découvre en Haïti, à Soisson-la-Montagne, en 1975, la communauté des peintres de “Saint Soleil”, ouvriers, paysans, employés de maison, artisans, la plupart illettrés - et géniaux. Ébloui, il leur consacre un chapitre enthousiaste de “L’Intemporel”. André Breton, avant lui, découvrant Hector Hyppolite, Saint-Brice, André Pierre, avait vu dans cette extraordinaire floraison d’artistes spontanés un surréalisme en action, révélant “devant nos yeux trop souvent incrédules, l’existence d’un autre monde caché dans les arbres, dans l’eau des rivières, au bord de l’océan”... L’exposition choc du festival. Soixante parmi les plus belles œuvres de ces peintres qui éblouirent Malraux et Breton - Louisiane Saint-Fleurant, Prospère Pierre Louis, Paul Dieuseul, Denis Smith, Frantz Zéphirin, Joseph Raynal, Bottex... - réunies grâce à la galerie Espace Loas (Nice), et la passion de Patrice Dilly. Des toiles donc, mais aussi des sculptures des célèbres “Bosmetal” d’Haïti, comme Serge Jolimeau, Louis Juste et John Sylvestre. L’occasion, pour chacun, de s’interroger sur ce mystère : pourquoi Haïti, alors que l’Afrique n’a pas de tradition picturale, et pourquoi Haïti seulement, dans la Caraïbe ? Enfin, que nous disent-ils, tous, de la source des puissances de création, en chacun de nous ?