Coups de cœur Télérama : Alistair MacLeod

Canada
© Jerry Bauer

Difficile d’imaginer qu’entre l’histoire du héros, Alexander MacDonald, parti d’Ecosse pour s’établir dans le Nouveau Monde, et celle de l’auteur Alistair MacLeod, qui connut le même destin, toute inspiration autobiographique soit à rejeter…


Mais l’essentiel n’est pas dans la chasse aux indices, car ce nouvelliste (déjà publié au Serpent à Plumes), qui signe enfin son premier roman à 64 ans, a toujours considéré la vérité comme diablement ennuyeuse. Il faut chercher plus simplement à entrer dans le clan MacDonald, écouter les histoires des grands-parents et arrière-grands-parents, puis se laisser porter par des légendes et traditions qui mêlent hauts faits, simples anecdotes et tragédies. Certaines scènes, comme la noyade des parents d’Alexander dans un lac gelé, restent ainsi gravées longtemps en mémoire. Car Alistair MacLeod les rédige, comme ses nouvelles, sans pathos mais avec un goût du détail qui trahit la sensation d’une vie perdue… L’auteur fut bûcheron, mineur, pêcheur aussi avant de devenir enseignant. Il lui en reste ce besoin de décrire les gestes d’hommes et de femmes qui n’hésitent pas à faire le coup de poing pour défendre leurs idéaux comme leurs familles.
Christine Ferniot

La perte et le Fracas, traduit de l’anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné (Editions de l’Olivier, 2001)