2013 - L’Afrique à Saint Malo / L’Afrique qui vient #3

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Comment ne pas prolonger à Saint-Malo, au printemps, ce que nous venions de vivre à Brazzaville ? Plus vaste était le thème de cette édition : « Le monde est un roman ». Pour affirmer que ce sont les artistes, les écrivains, les musiciens, toujours, en tout lieu qui disent l’inconnu du monde qui vient, lui donnent un visage. Retour de la fiction, interrogations nouvelles sur les puissances de la littérature, sur fond de crise des sciences humaines : l’occasion d’un vaste tour du monde, pour prendre la mesure des enjeux actuels. Avec un accent particulier sur cette « Afrique qui vient ». Et sur deux pays qui en témoignent chacun à sa manière : l’Afrique du Sud et le Nigeria…

L’Afrique du Sud à l’honneur

Nous le sentons bien : l’Afrique du Sud est comme le laboratoire d’une Afrique en devenir. Nous étions, quelques mois plus tôt, invités par le festival de Capetown, l’occasion était belle en retour de faire découvrir à travers ses artistes ce qui se joue là-bas aujourd’hui. Exposition du peintre et photographe Bruce Clarke ; projection de nouveau de The African Cypher de Bryan Little, qui devait « soulever de terre » le public une fois de plus, et la découverte d’une littérature diverse, en pleine évolution. André Brink, bien sûr, pour un émouvant hommage, fidèle du festival depuis Bamako, mais aussi la découverte de la nouvelle génération des écrivains noirs d’Afrique du Sud, trop méconnus en France, Kopano Matlwa, prix Wole Soyinka, et les deux figures majeures de la « génération kwaito » (du nom de ce mélange de « ragga-jungle-house » né dans les ghettos), Niq Mhlongo et Kgebetli Moele ; tour d’horizon du roman noir sud-africain avec les deux « stars » Deon Meyer et Mike Nicol ; et rencontre avec trois auteurs de la génération « post-apartheid » : Michel Heyns, Mark Behr, Damon Galgut – entre autres !


Le « miracle » nigérian

Cauchemar de Boko Haram au nord de cet immense pays, croissance exponentielle d’une ville tentaculaire, montreuse, au sud : Lagos… Cratère en ébullition où se mêlent, se heurtent, se brisent traditions, liens familiaux, clivages ethniques, et naît un nouveau monde, métissé et multiculturel, soubassement d’une modernité « afropolitaine ». Lagos, où s’inventent une culture de la rue, rap, slam, hip-hop, par laquelle la jeunesse exprime sa révolte et ses espoirs, un cinéma étonnant, dans les studios de « Nollywood ». Lagos, d’où sortent à une cadence élevée des écrivains de premier plan : Helon Habila dont la ville hante les romans, Teju Cole qui y revient sans cesse, Noo Saro-Wiwa qui dépeint les contradictions d’une capitale entrée dans la modernité, Sefi Atta qui prend la ville pour personnage, Uwen Apkan. Lagos, qui inspire pareillement les peintres et les designers, à commencer par Olalekan Jeyifous et Wale Oyejide, aujourd’hui à New York, auteurs de la belle affiche du festival, vision de Lagos en 2081…


Africa 3.0

Il fallait bien, aussi, qu’ils se rencontrent autour de cette « Afrique qui vient », les jeunes écrivains de ces deux pays, la génération « kwaito » : la Sud-Africaine Bontle Senne sur la « révolution Internet », avec Kevin Bloom et Richard Poplak, journalistes signataires d’une remarquable enquête : Africa 3.0, Ils avaient beaucoup de choses à se dire – et à nous dire !



Étonnants Voyageurs à Capetown

En avant-goût, Étonnants Voyageurs avait été invité à proposer deux journées de programmation d’auteurs francophones dans le cadre de l’Open Book de Capetown (Afrique du Sud) les 22 et 23 septembre 2012 : avec Nathacha Appanah, Yanick Lahens, Serge Bramly, Atiq Rahimi, Nedim Gürsel, Anne Nivat, Georges-Olivier Châteaureynaud, Véronique Tadjo. L’occasion, aussi, pour nous, de mieux découvrir les littératures sud-africaines d’aujourd’hui. Ce qui aura une suite à Brazzaville, puis à Saint-Malo…