« À quoi bon les poètes par temps de crise ? À écouter aux portes, à veiller au grain. Au grain de la langue, aux portes des âmes. La langue est en danger de sens, les âmes sont fatiguées. Cela se voit dans les corps qui les portent. Écou- tez-nous, disent-ils. Et quoi de mieux, de plus solide qu’un poème pour tenir sa parole dans tous les sens du terme. La mémoire ne s’encombre pas d’une langue usée jusqu’à la corde de n’avoir plus cru en ce qu’elle disait. Le poème, qui ne vaut rien, vaut parfois tout, tout ce qui reste aux portes du temps imparti : une histoire à raconter aux vivants, aux survivants, en vers ou en prose et qui n’oublie jamais ce qui nous a toujours redressé entre ciel et terre : un désir de poème. » Yvon Le Men, Prix Goncourt de la poésie 2019
Un désir de poème
Un désir de poème