FARAH Nuruddin

Somalie

22 février 2010.
 

Premier écrivain somalien à rompre avec la tradition orale de son pays, il est l’initiateur de la transcription du Somali selon l’alphabet latin (langue qui n’avait, jusque là, d’existence qu’à l’oral). Son oeuvre, témoignage littéraire de l’histoire du pays, expose par écrit l’échec collectif de la société somalienne post-coloniale et de sa plongée progressive dans le chaos.

Ses premiers romans, critiques de la politique dictatoriale et du régime autocratique de Siyad Barre, lui ont valu la censure, au point qu’il a été condamné à mort par contumace pour le contenu de son livre Une aiguille nue paru en 1976.
Alors forcé à l’exil, il voyage tour à tour en Inde, en Italie, en Grande-Bretagne, puis au Nigeria, en Éthiopie, au Kenya et en Gambie. De ces pérégrinations à l’étranger naît la trilogie Variations sur le thème d’une dictature africaine [1980-1983], qui comprend les romans Sweet and Sour Milk (1979), Sardines (1981) et Close Sesame (1983). Une trilogie engagée qui dénonce la terreur politique de la dictature militaire et les horreurs du règne de l’Islam traditionnel sur la sphère sociale africaine.
Son œuvre s’attache aussi à défendre la cause des premières victimes de ce système clanique et patriarcal : les femmes. Nuruddin Farah se fait en effet le porte-parole de leur désir d’émancipation et donne voix à des personnages féminins courageux et indépendants en lutte pour leurs droits individuels, comme "Cambara", l’exilée qui rentre au pays dans Knots (2007), "Ebla", la nomade qui refuse de se plier à un mariage arrangé dans From a Crocked Rib (1970), ou encore l’énigmatique "Sholoongo "de Secrets (2000).
Il n’a pu remettre les pieds en Somalie qu’à la chute de la dictature de Siyad Barre en 1996, et réside aujourd’hui en Afrique du Sud.

Le dernier de ses romans traduit en français au Serpent à plumes est Exils, l’histoire de Jeebleh, exilé aux Etats-Unis, qui revient en Somalie après vingt ans d’absence pour aider un ami d’enfance à retrouver sa petite fille kidnappée. Il voyage dans les ruines de sa ville, Mogadiscio, et retrouve un pays divisé en plein conflit tribal, et sous contrôle des chefs de guerres.


Bibliographie :


Exils (Serpents à Plumes, 2010)

Après vingt ans d’exil à New York, Jeebleh décide de retourner en Somalie, son pays. Au programme : trouver la tombe de sa mère et aider son ami d’enfance Bile à récupérer Raasta, sa fille enlevée. Mais quand il débarque à Mogadiscio, Jeebleh se rend compte que la situation a radicalement empiré.
Les clans ont divisé le pays, les adolescents prennent les gens pour des cibles et les Américains ont la gâchette facile. La tâche de Jeebleh est complexe, d’autant qu’on se méfie de lui. A quel clan appartient-il
aujourd’hui ?
Dans ce monde chaotique où rien et personne n’est ce qu’il paraît, où chaque mot peut être une bombe, la petite Raasta, nommée la Protégée, représente l’espoir. Ses mots, sa présence sont le seul réconfort de ce peuple de vautours gouverné par la peur.

Revue de presse