BOIDÉ Caroline

France

29 mars 2012.
 

Biographie

Caroline Boidé © Raphaël Gaillarde

Fille d’une juive d’Algérie et d’un Français, la jeune Caroline Boidé puise au cœur de son histoire familiale la matière de son second roman Les Impurs. Ses deux personnages, une musulmane et un jeune juif forment un couple mixte, incongru mais encore possible dans l’Algérie des années 1950. Sans écrire un roman "carte postale", elle nous replonge dans une Alger où juifs et musulmans algériens cohabitaient, dans l’une des société les plus cosmopolites de la planète.

Chaque jour, à l’atelier, j’attendais Malek. Elle me rejoignait vers dix-sept heures, une fois sortie de la bibliothèque. Un peu avant, je laissais le meuble en cours et rêvais, couché sur le dos dans un tas de copeaux, à écouter le silence, le sang battre dans mes veines en espérant qu’elle frappe.
Les Juifs et les Arabes se fréquentaient beaucoup à cette époque. Ils partageaient leurs appartements, leurs fêtes, leurs tables, leurs vies en somme, au risque d’être intrusifs parfois, alors Malek ne se cachait pas pour venir me retrouver. Si elle avait voulu tenir nos rencontres absolument secrètes, elle ne l’aurait pas pu car la vie se déroulait dehors en Algérie, dans les rues, sur les perrons, devant les vitrines des magasins, où il y avait toujours des rassemblements de familles et de vieillards, à causer au creux des portes. C’était le cas devant les fenêtres de mon atelier comme partout ailleurs.

Les histoires d’amour douloureuses, empreintes de lyrisme et de poésie, mais aussi la question du sacré sont présents dans l’œuvre de Caroline Boidé depuis son premier roman, Comme un veilleur attend l’aurore. Son écriture fine, légère et épurée, évoque avec beaucoup de mélancolie la douleur de la séparation et le destin tragique d’un amour condamné par la fureur de l’Histoire.


Bibliographie :


Présentation des Impurs

spip_logoAlger, fin des années cinquante. Malek, jeune musulmane, n’a d’autre religion que celle des livres. David est un ébéniste juif de Batna. Ensemble ils vont vivre un amour fou alors que s’installe la guerre civile. Si Malek est décidée à vivre sa passion jusqu’au bout, David, lui, reste plus perméable au nouvel ordre du monde.
Loin des images sépia de l’Algérie de l’époque, les Impurs lève le voile sur ce bastion de paix millénaire entre juifs et arabes, fait de jours communs et bariolés, éclaire à sa manière notre présent et ce que l’on nomme à tort l’entente impossible.
Dans ce roman d’une grande sensualité, Caroline Boidé nous montre combien par-delà la disparition et la guerre suffocante, écrire ouvre une espérance inouïe d’entendre les voix qui se sont tues et de voir enfin sans limites.

Revue de presse :