DEBOMY Frédéric

France

13 avril 2012.
 

Biographie

Longtemps coordinateur de l’association "Info Birmanie", Frédéric Debomy a dirigé l’ouvrage collectif Birmanie, la peur est une habitude, réunissant témoignages et bandes dessinées sur la situation politique dans ce pays. En 2011, il fait paraître aux éditions Don Quichotte Résistances (Pour une Birmanie libre), qui propose un dialogue inédit entre Aung San Suu Kyi et Stéphane Hessel.

Également directeur artistique du Festival international du film des droits de l’homme de Paris, Frédéric Debomy s’interrogeait dans l’édito de l’édition 2011 : "Est-il déprimant de parler des droits de l’Homme ?". Pour lui, loin de conduire à un fatalisme désabusé, la prise de conscience de la persistance de situations intolérables doit maintenir vivante chez chacun de nous une précieuse capacité d’indignation.

Scénariste de bande-dessinée, il marie avec sensibilité et intelligence son travail d’auteur et son engagement pour le respect de la personne humaine. Après deux ouvrages avec le dessinateur belge Louis Joos, Suite bleue puis Une vie silencieuse, il signe avec Olivier Bramanti un bouleversant carnet dessiné sur le génocide rwandais intitulé Turquoise.

Ayant pris part comme chercheur à un colloque de l’EHESS sur les entreprises de "réécriture" de l’histoire du génocide des Tutsi, il montre dans cet album le décallage entre la représentation des événements du Rwanda par la télévision française en 1994 et la réalité vécue du génocide des Tutsis.

Entre les images d’Olivier Bramanti qui peignent la beauté calme des milles collines du Rwanda et les mots crus de Frédéric Debomy décrivant le déchaînement des massacres, le contraste est brutal, bouleversant. La violence extrême, exprimée par la voix d’une jeune rescapée, rôde hors du champ de l’image, cruelle, menaçante, impitoyable.

Bibliographie :

Documents :

Présentation de Tuquoise :

Les politiciens étaient venus de la capitale pour diffuser des paroles malveillantes, et les premiers miliciens étaient apparus sur la colline. Le régime en place avait décidé l’extermination de la minorité. Il jugeait cette "mauvaise ethnie" acquise à la rébellion armée du Front patriotique. Décidé à garder le pouvoir coûte que coûte, il avait su convaincre la population que l’éradication de ces "ennemis de l’intérieur" était une nécessité. Entre huit-cent mille et un million de personnes avaient péri en trois mois. Sur sa colline, elle était la seule survivante du génocide, la seule à conserver le souvenir des siens. Sa famille, ses amis, son village : tout semblait à jamais effacé. Les caméras de télévision étaient pourtant venues, mais trop tard, après les massacres. Les journalistes cherchaient-ils à témoigner du drame ou juste à saluer l’abnégation des soldats du "seul pays de la communauté internationale à avoir tenté quelque chose" ? Cette histoire, c’est aussi l’histoire d’une rescapée.