- © DR
À sa parution en 2010, le dernier livre de Christos Chryssopoulos a fait l’effet d’une petite bombe. Son titre ? La Destruction du Parthénon (Actes Sud, 2012). De quoi susciter en Grèce quelques réactions vives et des débats politiques, culturels et touristiques passionnels, prolongés par l’auteur sur un blog.
Jeune auteur prolifique, théoricien de la littérature, lauréat en 2008 du prix de l’Académie d’Athènes et membre du Parlement culturel européen, Christos Chryssopoulos, né en Grèce en 1968, offre à ses lecteurs des histoires mystérieuses, insolites, parfois terribles, ancrées dans la spécificité d’Athènes. La capitale grecque est souvent le décor d’une quête effrénée : celle d’une forme de beauté pure qui se révèle par les mains et le toucher dans Le Manucure (Actes Sud, 2005) ou quête de soi-même au sein d’un microcosme où s’entremêlent des existences abimées dans Monde clos (Actes Sud, 2007).
Dans La Destruction du Parthénon, le symbole architectural de la nation grecque est réduit en poussière par un attentat, inspiré à un jeune terroriste par un pamphlet surréaliste des années 1940 qui appelait alors à "faire sauter l’Acropole". Le roman met le doigt sur une certaine schizophrénie que la Grèce contemporaine partage avec l’Europe tout entière, dans son rapport au passé et à ses chefs d’œuvre : le Parthénon est ainsi tout à la fois un motif de fierté, une attraction pour le tourisme de masse et le rappel douloureux d’une grandeur perdue, un symbole dévoyé par les échecs de la construction européenne.
À l’heure où l’Europe impose l’austérité à une Grèce au bord de l’implosion, pour Chryssopoulos la destruction du Parthénon a en quelque sorte déjà eu lieu :
« Le Parthénon, qui a été utilisé ces derniers mois par tous les journaux du monde comme le symbole de la crise grecque, représente l’échec de la volonté fédéraliste européenne. La ruine Europe ne peut pas davantage être réparée que la ruine Parthénon... »
Fin 2011, en panne d’inspiration, Christos Chryssopoulos flâne la nuit dans les rues d’Athènes ; il observe, discute avec un sans-abri, prend des photos. De ses déambulations, il tire un livre, Une lampe entre les dents (Viviane Hamier, 2013), récit d’errance dans la capitale grecque devenue ville-fantôme.
"Déambuler, c’est inventer" déclare l’auteur, qui se fait le témoin de cet espace laissé à l’abandon. Sous-titré "Chronique athénienne", l’ouvrage, voguant entre essai, fiction et journalisme, est à la fois un récit littéraire et une réflexion construits à partir d’observations du réel.
Bibliographie :
- Une lampe entre les dents (Actes Sud, 2013)
- La Destruction du Parthénon (Actes Sud, 2012)
- Monde clos (Actes Sud, 2007)
- Le Manucure (Actes Sud, 2005)