BROTHERSON Moetai

22 février 2012.
 

Biographie

© Teua Temaru

Ingénieur informatique et télécom de formation, le polynésien Moetai Brotherson aurait très bien pu passer à côté de l’écriture. Après ses études en Floride, il s’installe un temps à New York, où il vit en direct les évènements de 11 septembre 2011, avant de revenir en Polynésie où il s’investit en politique. Il l’admet volontiers, sa formation n’accorde pas une grande part de rêverie. C’est pourquoi la littérature et les histoires sont pour lui des échappatoires indispensables. Depuis l’âge de quatorze ans, il écrit inlassablement, et compte déjà sept romans à son actif lorsqu’il est publié pour la première fois, en 2007, avec Le Roi Absent.

L’oralité est coeur des écrits de Moetai Brotherson : il ne se considère pas comme romancier ou écrivain, mais comme un conteur. Les voix sont très présentes dans ses écrits : aussi bien la voix du narrateur qui accompagne le lecteur, que des voix féminines, plus troublantes et délirantes, comme celles qui naissent sous l’emprise de champignons hallucinogènes. Pour Moetai Brotherson, le roman est davantage qu’une suite de mots couchés sur le papier : il s’agit de la retranscription d’une mélodie, que chacun doit entendre et interpréter de manière différente.

Les personnages de Moetai Brotherson lui ressemblent un peu. Ils balancent entre réalité et rêverie, voire dérive hallucinatoire. Il l’admet dans une interview pour l’émission Page Après Page, son personnage, Moanam, héros du Roi Absent, est inspiré d’un de ses amis, brillant étudiant devenu vagabond et toxicomane, à la suite de malchances et de mauvaises rencontres. Des Îles Marquises à Papeete en passant par la France et Rhode Island, le héros de Moetai Brotherson traverse les mésaventures sans pour autant perdre l’humour qui le caractérise.


Bibliographie :


Présentation du Roi Absent

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Roman du quotidien polynésien plein d’ironie, de fureur, de douleur, de tristesse et de quelques joies aussi… L’histoire d’une vie extraordinaire, celle de Moanam — de Nuku Hiva (Marquises) à Papeete en passant par Huahine et Paris — qui passe du choc culturel à la réussite sociale et, de là, au pire des déclassements. Médusé le lecteur suit le personnage — un muet surdoué d’une vallée marquisienne — le long d’un récit tissé de drames : de la mort de la mère à l’accident mythique du père et au meurtre de la fiancée. Ces 500 pages très romanesques décrivent le quotidien avec trivialité mais aussi avec onirisme — rêves ou cauchemars, faille peuplée de messages mystérieux venus d’un autre temps, de chamans et d’une malédiction vieille de plusieurs générations lancée à travers le temps et les continents… Des personnages d’aujourd’hui, d’hier, des aventures, des coups de théâtre… Le lecteur est bousculé, baladé de l’hyperréalisme au baroque, du picaresque au surréalisme, de collisions historiques à d’imaginaires légendes immémoriales. Le style est au service de l’efficacité et le talent de conteur est bien réel.

Revue de presse :