Les débats Étonnants Voyageurs

Le nouveau roman africain : entre exil et mégapole

Les enjeux du nouveau roman africain

14 octobre 2011.
 

Une nouvelle Afrique est en train de naître. Son futur se dessine entre Lagos, Kinshasa et Johannesburg : celui d’une Afrique urbaine mue par une force propre, un réseau de méga-agglomérations s’imposant comme le coeur nouveau du continent.

Achille Mbembe, penseur incontournable de l’Afrique post-coloniale, était à Saint-Malo en juin 2011 pour parler de ces villes mouvantes où "tout se déplace" : “La ville se ruralise et le village s’urbanise. Les gens vont et viennent, ils traversent constamment toutes sortes de frontières. Tout est mis en circulation.
(...)Tout ou presque peut être vendu ou acheté. Tout s’échange. Tout est provisoire. Tout peut être rafistolé et recyclé. (...) Tout est négociable et les choses vont dans toutes les directions à la fois, à des rythmes et vitesses elles aussi multiples.”(1)

Dans ce creuset des villes, la culture aussi se réinvente, se créolise. Pour baptiser cette "forme de cosmopolitisme qui marie allègrement apports externes et créations endogènes", Achille Mbembe a crée un nom : afropolitanisme.

Face à ces bouleversements, à ce "foisonnement factuel incroyable" selon les mots de Sami Tchak, la littérature africaine doit faire peau neuve. En novembre 2010, on discutait déjà lors du festival Etonnants Voyageurs de Bamako, de la ville comme nouvel espace romanesque africain. L’enjeu : inventer une littérature qui soit à la hauteur de la réalité africaine contemporaine.

Pour Sami Tchak, le travail reste à faire pour les écrivains du continent noir, à la différence de leurs homologues latino-américains, qui ont réussi à créer une littérature rivalisant avec "toutes les folies" de leur sous-continent.

“Pendant presque 40 ans, la littérature africaine a été assignée à résidence.”

Felwine Sarr revient sur les contraintes idéologiques qui ont pesé jusqu’à aujourd’hui sur l’écriture des auteurs africains, au point de brider leur imaginaire.


Pour écouter le débat "Nouveau roman africain : entre exil et mégapole" dans son intégralité, c’est ici.

Les héritiers d’Aimé Césaire, l’aventure de la revue Présence Africaine : retrouvez tous les débats Etonnants Voyageurs consacrés à l’Afrique.


(1) "Afropolitains", le texte d’Achille Mbembe publié par Le Monde Magazine à l’occasion du festival Étonnants Voyageurs de Bamako en novembre 2010

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Le continent du Tout et du presque Rien

JC Lattès - 2021

Maurice Boyer, issu d’un modeste milieu rural français, arrive à Paris pour entamer des études d’ethnologie à la Sorbonne. Il rêve de mettre ses pas dans ceux de son maître, Georges Balandier. Il part pour ses recherches doctorales dans un village du Togo. Il y restera deux ans. Ce sera le grand choc de sa vie. Des années après ce voyage, il sait ce qu’il doit à ce séjour et qu’il a laissé là-bas la part la plus secrète de son âme.
C’est le roman d’une rencontre, d’une quête : comment regarde-t-on l’autre, comment l’invente-t-on, comme écrit-on son histoire ?


 

DERNIER OUVRAGE

 
Nouvelles

Le bouddhisme est né à Colobane

Philippe Rey - 2024

Un homme intrigué par l’épuisement de son désir ; une amie disparue, qui, des décennies plus tard, libère son ancien amant de son attente ; une femme écartelée entre les élans du cœur et la raison familiale ; un musicien décédé brutalement dont l’absence rappelle à ceux qui l’ont chéri sa présence en eux ; un sage assis sur un banc pensant l’amour comme la « forge d’oubli du réel ».
Dans cette quête impossible d’un désir absolu et sans limites, les compositions musicales de Toumani Diabaté, Wasis Diop ou bien encore Cheikh Lô accompagnent Fodé, Teibashin et les autres personnages. La musique souligne alors l’amour et le manque, la passion dévorante qui ronge les hommes mais aussi les anime. Le bouddhisme est né à Colobane est une ode à la vie, un appel à « participer du mouvement, y consentir, se laisser traverser et métamorphoser… ».

De Dakar à Abidjan, de Nantes à Kaolack Ndangane, Felwine Sarr compose une partition singulière et vive, une ballade à l’intérieur des âmes humaines pour dire la vie et son inéluctable achèvement, l’amour et ses nuances. Dans une langue limpide, il enjoint aux hommes de se couler dans les rythmes et les sons de leur existence pour faire face à l’urgence
de vivre et d’aimer.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La communauté terrestre

La Découverte - 2023

« La démocratie et le vivant constituent aujourd’hui les deux points d’entrée principaux pour ceux et celles qui désirent construire un monde habitable par tous et respirable pour tous. il est possible – du moins, je le pense – de réinventer la démocratie à partir de l’idée du vivant en tant qu’indétermination constitutive, capacité de métamorphose, de prolifération, d’ouverture radicale sur la multiplicité. »

Après Critique de la raison nègre (2013), Politiques de l’inimitié (2016) et Brutalisme (2020), Achille Mbembe, figure incontournable de la pensée postcoloniale et acteur majeur du paysage intellectuel mondial, poursuit ses réflexions approfondies sur notre monde contemporain en remettant au centre les pensées africaines, réservoir de la compréhension du monde.

Parler de la Terre, c’est en réalité avoir à l’esprit une chaîne symbiotique, l’étendue du vivant et ses innombrables manifestations. Les humains, les espèces animales, végétales et minérales, les microbes, bactéries et virus, ainsi que les dispositifs technologiques et autres appareillages artificiels en font inséparablement partie.
Tel est aussi le cas, du moins dans les pensées animistes africaines, de toutes les forces invisibles, des génies, des esprits et des masques. Prenant fermement appui sur l’insondable richesse de ces pensées, Achille Mbembe propose dans cet essai une puissante réflexion sur la Terre, ses devenirs, et surtout la sorte de communauté qu’elle forme avec la cohorte des espèces animées et inanimées qui l’habitent, y ont trouvé refuge ou y séjournent. Il montre comment notre relation fondamentale à la Terre ne peut être que celle de l’habitant et du passant. C’est en tant qu’habitant et passant qu’elle nous accueille et nous abrite, qu’elle entretient les traces de notre passage, celles qui parlent en notre nom et en mémoire de qui nous aurons été avec d’autres, au milieu d’eux. C’est à ce titre qu’elle est la toute dernière des utopies, la pierre d’angle d’une nouvelle conscience planétaire.