BEGAG Azouz

France

11 mars 2013.
 

Azouz Begag
© Gael Le Ny

« Dans les collèges des cités, devant les classes, je dis : "Je parle français, anglais, allemand, arabe, je suis polygame", je regarde les profs, leur air affolé, je les vois articuler en silence "glotte, polyglotte", et j’interroge un élève : "Toi, tu es polygame aussi ? Française-Anglaise ?" et je me marre. » C’est ce qu’Azouz Begag appelle « jouer l’origine ». Libération

Écrivain, homme politique, chercheur au CNRS, Azouz Begag devenu « un modèle d’intégration » n’a pourtant pas eu un avenir tout tracé. Le Gone du Chaâba (1986), adapté au cinéma en 1997 et couronné par le grand prix du festival de Cannes Junior, dépeint son enfance dans le bidonville lyonnais du Chaâba, peuplé d’immigrants algériens. Dans un style oral coloré, évitant tout misérabilisme, ce livre raconte la précarité de ses années de jeunesse, et comment son goût immodéré pour la lecture l’a tiré de la misère. Généreux et touchant, ce roman est aujourd’hui devenu un classique, idéal pour aborder les question d’immigration et d’intégration dans les collèges et les lycées.

En 2005, Azouz Begag est le premier ministre arabe à entrer dans un gouvernement en France. Il voit son mandat écourté à la suite du conflit qui l’oppose à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, à propos du discours tenu sur l’identité nationale française et l’immigration. Il fait la chronique de son expérience politique dans La guerre des moutons.

Particulièrement impliqué dans la vie des banlieues, il va de classe en classe pour parler de son œuvre avec les élèves. Dans Béni ou le paradis privé, suite du Gone du Chaâba, l’écrivain raconte son adolescence dans un HLM, le poids persistant des traditions, la réussite scolaire, la confrontation au racisme ordinaire ...

Dans son dernier roman, Salam Ouessant, sorti chez Albin Michel en 2012, Azouz Begag, fraîchement divorcé, emmène ses deux filles en vacances en Bretagne. Après un moment passé à râler contre l’odeur des algues et des bouses de vache, l’une d’elle finit par lui demander « Mais pourquoi tu ne veux pas nous emmener chez toi, en Algérie ? ». Ce livre raconte l’absence, la sensation d’exil et le souvenir de cette Algérie qui, des années après, revient au moindre vague à l’âme.


Bibliographie :

Romans :

Pour la jeunesse :


Présentation de Salam Ouessant :

« Mes filles, vous verrez comme c’est beau la Bretagne ! »
Mais qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête de ce père divorcé pour trainer à Ouessant contre leur gré deux gamines qui fantasment sur le soleil algérien ?
Dans sa vie, il est passé à côté de pas mal de choses : le Lyon de son enfance, son pays « d’avant », un amour de jeunesse, son ex femme, et maintenant peut-être même ses adorables pestes de filles... Leur arrivée à Ouessant sous une pluie battante n’augure rien de bon. Mais il faut toujours compter sur la magie des îles…
Débordant d’émotion, de tendresse, de drôlerie, le roman d’Azouz Begag, l’auteur du Gone du Chaâba, mêle à la mélancolie du gris de l’océan les accents ensoleillés de ses deux jeunes héroïnes dont la gouaille algéro-lyonnaise va s’avérer contagieuse !


Présentation de Dites-moi bonjour :

Un jour, alors qu’il est enfant, le narrateur rencontre sa bonne étoile qui lui donne une lecture du monde : elle lui dit que, chemin faisant, l’homme rencontre toujours deux types de personnages sur sa route, les Pépites et les Pépins. Les premières sont celles qui vont éclairer sa voie, les seconds la sèment d’embûches. Par chance, les Pépins sont reconnaissables à une faiblesse : ils ne supportent pas les sourires des gens heureux. Mais à peine l’étoile a-t-elle fini sa leçon de vie qu’elle presse l’enfant de retourner chez lui. Le temps a fait des siennes. Les hommes aussi. Le héros découvre sur sa terre natale les affres d’une nouvelle société, une pieuvre qui a tout dévoré sur son passage et installe un ordre policier impitoyable. Elle gave les citoyens pour les empêcher de penser. Au bout du conte, le narrateur choisit de laisser les citoyens prendre en charge eux-mêmes leur destin. Et, dans son sillage, se répand le goût du combat pour la liberté.


Présentation de La guerre des moutons :

Devenu ministre de la République en juin 2005, Azouz Begag n’a jamais oublié d’où il vient : le milieu déshérité des bidonvilles et des cités de banlieue, où l’on sait le poids des mots et des valeurs de dignité, d’humanité, d’hospitalité. À travers de nombreuses anecdotes puisées dans son adolescence, il raconte comment sont nés son amour éperdu de liberté et ses premiers sentiments politiques. Depuis son opposition à son collègue de l’Intérieur Nicolas Sarkozy lors des émeutes des , Azouz Begag est devenu le mouton noir du candidat UMP à l’élection présidentielle. Fils d’immigrés, il n’a pas accepté que l’identité nationale française et l’immigration servent d’appât au candidat de la droite pour diviser les Français et capturer les électeurs du Front national. Il a lui, au contraire, œuvré sans relâche pour que la France reconnaisse enfin la richesse que constitue sa diversité. Après Un mouton dans la baignoire, La Guerre des moutons raconte sa deuxième année dans le gouvernement Villepin. Durant de longs mois, le ministre de l’Égalité des chances a trouvé, seul, ses forces de résistance dans ses actions de terrain en faveur de la diversité, dans l’écriture et la fidélité à l’héritage de ses ancêtres morts au combat pour la France. Un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle, il a choisi de démissionner pour parler et rester celui qu’il a toujours été : un homme libre.


Présentation de Le gône du Chaâba :

« L’idée de vendre des olives les jours où il n’y a pas d’école ne m’enthousiasme pas du tout. D’ailleurs, mon père nous a déjà interdit d’aller travailler au marché. Il a dit : - Je préfère que vous travailliez à l’école. Moi je vais à l’usine pour vous, je me crèverai s’il le faut, mais je ne veux pas que vous soyez ce que je suis, un pauvre travailleur. Si vous manquez d’argent, je vous en donnerai, mais je ne veux pas entendre parler de marché. J’étais entièrement d’accord avec lui. »

Le Chaâba ? Un bidonville au bord du Rhône, près de Lyon, il n’y a pas si longtemps... Un amas de baraques en bois, trop vite bâties par ces immigrants qui ont fui la misère algérienne.

Ici comme ailleurs, les éclats de rire des enfants résonnent dès le lever du soleil. Les « gones » se lavent à l’eau du puits et font leurs devoirs à même la terre. Mais chaque matin, ils enfilent leurs souliers pour se rendre à l’école avec les autres...

Là, derrière les mots inscrits sur le cahier d’écriture, de nouveaux horizons apparaissent. Un monde de connaissances, de rêves et d’espoirs à découvrir.


Présentation de Béni ou le Paradis Privé :

Béni s’est choisi lui-même son prénom, pour ne pas qu’on l’appelle Ben Abdallah, nom qu’il est déjà « obligé de porter comme une djellabah toute la journée en classe. »

Né de parents algériens, Béni est français, mais pas pour tout le monde. À l’entrée du Paradis, il se voit refuser l’entrée de cette boîte privée parce qu’il n’a pas sa « carte de membre ».

Il raconte son adolescence, dans cette petite banlieue lyonnaise, avec sa famille et son père Nordine qui veut qu’il « réussisse », ses amis aux cheveux oxigénés et son premier amour qui, douce ironie, se prénomme France.

Sur un ton léger qui se veut proche de la gouaille algérienne, Azouz Begag nous conte, sans haine ni esprit de revanche, cette innocence menacée par tous les codes sournois et inflexibles qui régissent cette « douce France ».