C’est quoi la France ?

7 juillet 2011.
 

Au « manifeste pour une littérature-monde en français » appelant à rompre avec la séparation entre la supposée « vraie » littérature française et les littératures dites francophones, pour penser un vaste ensemble des littératures de langue française perçues sur un pied d’égalité, certains ont pu réagir comme s’ils se trouvaient dans une forteresse désormais assiégée — sans voir que cette France « pure » relevait du phantasme, que cet « extérieur » inquiétant, qu’ils tentaient de contenir dans les marges, était depuis longtemps à « l’intérieur », que la France était pluriethnique et multiculturelle. Après Je est un autre publié l’année dernière chez Gallimard, le dernier numéro de la NRF (Un tour de la France) vient utilement nous le montrer, au sommaire duquel nous retrouvons bien des signatures amies. Alors, c’est quoi, la France ?

Avec Jean ROUAUD, M. Kebir AMMI, Maylis DE KERANGAL, Souleymane Bachir DIAGNE , Abdelwahab MEDDEB. Un débat animé par Transfuge.

 

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Essais

L’avenir des simples

Grasset - 2020

On a bien compris que l’objectif des « multi-monstres » (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l’exercice d’une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d’avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l’art savant de l’aiguille et du tricot et la pratique d’un instrument de musique au lieu qu’on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l’emprise des « multi-monstres », utiliser toutes les armes d’une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : « votre appareil ne nous intéresse pas », graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l’agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d’agro- écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l’immense solitude des campagnes et l’encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l’arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d’habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c’est refroidir l’atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, « c’est un éternel Treblinka ».

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Revue de presse :

 

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Romans

Un génial imposteur

Mercure de France - 2014

J’eus envie de traverser la mer, sur n’importe quel rafiot, pour prendre part au grand chambardement, la guerre que j’appelais de mes voeux depuis toujours, comme bien des fils de cette terre brimée. Tout ce que j’avais vécu, depuis ce lointain jour sur le bateau de Glen, dans la baie d’Alger, m’apparut soudain comme le passage obligé, l’épreuve avant la grande épreuve. J’étais un élu parmi les vivants ! Je ne pouvais pas exiger plus. J’étais prêt à me vêtir de mort, j’ignorais que j’allais enfiler la tunique de l’infamie.

La vie de Shar est un roman. Après avoir fui précipitamment l’Algérie, son pays natal, il a parcouru le monde, de l’Europe à l’Amérique latine, en passant par l’Asie, se mettant au service d’organisations mercenaires et changeant de camp au gré des événements. En 1954, il revient en Algérie : d’abord à la tête d’une troupe de maquisards sanguinaires, il passe ensuite à l’ennemi (côté français), participe un temps à l’OAS, mais retourne une nouvelle fois sa veste, s’engageant pour l’Indépendance de l’Algérie. Au terme d’une ascension aussi fulgurante qu’immorale, il obtiendra des responsabilités au sein du nouveau gouvernement. Mais le vent de l’Histoire peut encore tourner

Comment s’arranger avec l’histoire et se faire passer pour un héros ? Dans ce roman plein de rebondissements, Kebir Ammi décrit ce que l’âme humaine a de moins noble. Ou l’incroyable destin d’un anti-héros flamboyant, cynique, opportuniste et sans scrupule qui prospère sur les trahisons, les intimidations et les crimes.



Revue de presse :

Le Courrier

 

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Essais

De langue à langue : L’hospitalité de la traduction

Albin Michel - 2022

Fort de sa triple culture – africaine, française et américaine –, Souleymane Bachir Diagne s’interroge sur la traduction dans ce texte engagé et humaniste, porteur d’une éthique.

Si la traduction manifeste le plus souvent une relation de profonde inégalité entre langues dominantes et langues dominées, elle peut aussi être source de dialogue, d’échanges, de métissage, y compris dans des situations d’asymétrie, propres notamment à l’espace colonial, où l’interprète, de simple auxiliaire, devient un véritable médiateur culturel.

Faire l’éloge de la traduction, « la langue des langues », c’est célébrer le pluriel de celles-ci et leur égalité ; car traduire, c’est donner dans une langue hospitalité à ce qui a été pensé dans une autre, c’est créer de la réciprocité, de la rencontre, c’est faire humanité ensemble, c’est en quelque sorte imaginer une Babel heureuse.


 

DERNIER OUVRAGE

 

Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours

Albin Michel - 2013

Depuis les premiers liens entre les tribus juives d’Arabie et le Prophète Muhammad jusqu’aux récents conflits du Proche-Orient, en passant par les civilisations de Bagdad et de Cordoue, sans oublier l’Empire ottoman, le monde perse et même l’espace européen, les relations tour à tour fécondes ou tumultueuses entre juifs et musulmans sont ici exposées et analysées en toute impartialité. Quelque cent vingt auteurs de tous les pays ont participé à cette encyclopédie unique en son genre, dans un esprit d’interdisciplinarité qui permet de rendre compte des multiples facettes du sujet. Les difficultés du temps présent se trouvent ainsi réinterprétées à la lumière d’une histoire resituée dans la longue durée. Un ouvrage de référence richement illustré, à la fois clair et accessible, qui constitue un outil précieux pour une meilleure compréhension entre les cultures.

https://www.juifsetmusulmans.fr/