ALEXAKIS Vassilis

Grèce

14 mars 2013.
 

Vassilis ALEXAKIS
© Marielle Pteroudis

« J’ai le même rapport avec ces ouvrages (les dictionnaires) que l’aveugle avec son chien : ils ont la gentillesse de me conduire là où je veux me rendre. »
Vassilis Alexakis

Biographie

Architecte de la langue, l’écrivain d’origine grecque Vassilis Alexakis effectue d’incessants va-et-vient entre le français et sa langue maternelle, fier de pouvoir jongler entre ces deux prestigieuses traditions écrites. Lecteur insatiable, féru de linguistique, prisant la « logique farfelue des dictionnaires », l’écrivain a bâti toute son œuvre autour du langage et de la langue, fasciné par le mystère et le pouvoir des mots.

Né à Athènes en 1944 d’un père comédien, arrivé en France à 17 ans pour effectuer ses études, Vassilis Alexakis travaille d’abord en tant que dessinateur humoristique avant de devenir journaliste, notamment pour Le Monde. La dictature des colonels qui sévit à l’époque ne lui permet pas d’envisager une carrière littéraire en Grèce. Il commence donc dès 1967 à écrire ses textes en français, travaillant sans relâche à s’approprier cette langue, jusqu’à la faire totalement sienne. Traversé par un questionnement sur la langue et les origines, son roman La langue maternelle est récompensé par le prix Médicis en 1995. Installé à Paris, Vassilis Alexakis a depuis publié une dizaine de romans érudits et fantasques, aux forts accents autobiographiques, dont Ap. J.-C., grand prix du roman de l’Académie Française en 2007 .

En 2012, l’écrivain déploie ses talents de conteur dans L’enfant grec, un vrai-faux ouvrage autobiographique dans lequel Jean Valjean, D’Artagnan et d’autres grandes figures littéraires accompagnent un narrateur convalescent, errant dans les jardins du Luxembourg. Ce roman fou et jubilatoire s’inscrit dans la lignée de l’ensemble de l’œuvre de Vassilis Alexakis, couronnée en 2012 par le Prix de la langue française.


Bibliographie


Présentation de L’enfant grec :

C’est l’histoire d’un va-et-vient incessant entre deux jardins, celui de l’enfance, situé dans le quartier de Callithéa à Athènes, et le jardin du Luxembourg, où le narrateur erre péniblement, soutenu par ses béquilles. Il vient de subir une grosse opération, mais qui n’intéresse plus personne, sauf la dame qui tient les toilettes du jardin, un clochard nommé Ricardo, la directrice du théâtre de marionnettes et un vieil homme à cheveux blancs qui ressemble à Jean Valjean.
La solitude fait peu à peu surgir autour de lui tous les héros de son enfance, ceux qui ont réellement fréquenté le Luxembourg, comme Jean Valjean et les trois mousquetaires, mais aussi Tarzan qui ne comprend pas pourquoi on construit des maisons autour des jardins alors qu’il y a tant de places dans les arbres, des orphelins, des pirates, des Indiens et Richelieu qui surveille tout ce petit monde à travers les fenêtres du Sénat. Il y a aussi la mort, représentée par une marionnette géante vêtue de blanc qui a des pattes de poulet à la place des mains et une belle Italienne coulée dans du bronze.
Le bruit du monde parvient assourdi jusqu’au jardin : on entend les cris des jeunes gens qui manifestent place de la Constitution à Athènes, on apprend que Zorba a dansé dans le Bundestag devant les députés allemands. Comme les romanciers aiment bien envoyer leurs personnages sous terre, dans les égouts ou dans les terriers, l’histoire finira dans les catacombes. Jean Valjean aura la bonté de porter le narrateur sur son dos. On aura deviné que le personnage central du roman est la littérature.


Revue de presse :


Présentation de Le premier mot :

Est-il vrai que le « ou » exprime la lourdeur comme le pense Victor Hugo et que le « r » évoque l’écoulement de l’eau comme l’affirme Platon ? Quelle est la durée moyenne de vie d’un mot ? Pourrait-on écrire un roman français en utilisant exclusivement des mots d’origine étrangère ? Pourquoi les grands singes utilisent-ils trois cris différents pour prévenir d’un danger ?
Une foule d’interrogations secondaires apparaissent autour de la question principale : quand les hommes ont-ils parlé ? Et qu’est-ce qu’ils ont dit quand ils ont parlé ? Quel a été le premier mot ?
Le problème fait d’autant plus rêver qu’il est difficile à résoudre. Il fallait donc un roman pour l’aborder. Le premier mot est avant tout l’histoire d’un homme, Miltiadis, né en Grèce, professeur de littérature comparée à Paris, qui aimerait, avant de mourir, connaître ce mot. Hélas, il meurt avant de l’avoir découvert. C’est sa soeur, une femme d’une soixantaine d’années, qui se chargera d’élucider l’énigme. Elle rencontrera des scientifiques de tous bords, qui lui parleront du cerveau humain, du langage des bébés, des chimpanzés et de l’homo sapiens, de Darwin et des créationnistes, de Rousseau et d’un roi d’Égypte qui avait fait élever ses enfants loin du monde pour voir dans quelle langue ils s’exprimeraient spontanément.
On verra évoluer autour d’elle plusieurs personnages ; Aliki, la femme du disparu, Théano, sa fille, Jean-Christophe, son ami de toujours, Bouvier, son vieux maître, un professeur de linguistique américain qui meurt dans les bras d’une femme dont il ne connaît pas la langue, une mendiante roumaine qui apprend le français sous la couverture qui lui sert d’abri, et Audrey, une jeune fille sourde, qui se prépare à participer à une représentation d’Antigone en langue des signes. Il semble que nos ancêtres gesticulaient beaucoup avant de commencer à parler, comme d’ailleurs nous continuons à le faire.
La passion que met cette femme à mener son enquête jusqu’au bout donne la mesure de sa détresse. Comme elle ne peut pas échouer, elle réussira.