Sikasso

Festival Etonnants Voyageurs à Sikasso : Le témoignage de Roland Colin sur l’histoire du Kénédougou

8 novembre 2010.
 

Dans le cadre de la décentralisation des activités du Festival International du Livre-Etonnants Voyageurs, l’écrivain français Roland Colin, un administrateur du Soudan à Sikasso sous la période coloniale, a animé une conférence sur son œuvre historique. C’était le lundi 22 novembre 2010 au Lycée Monseigneur Didier Montclos de la cité du Kénédougou, sous la présidence du représentant du goferneur, Kamafily Sissoko, en présence du Proviseur Ansoumane Madjou, de Modibo Bakaga, Directeur Régional de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture et du Président de l’Assemblée Régionale de Sikasso, Yaya Bamba. On y notait également la présence massive de gens saignants et des élèves de séries Langues et Littérature.

Dans son discours de bienvenue, le représentant du goferneur, Kamafily Sissoko, Conseiller des Affaires administratives et juridiques, s’est réjoui de ce Festival qui coïncide avec la célébration des 50 ans de l’accession de notre pays à l’indépendance. Pour lui, cette manifestation est le rendez-vous du donner et du recevoir.

Ouvrant le bal du Festival, Boubacar Sidibé, président de l’Association des Slameurs du Mali a expliqué le slam en prenant des exemples pratiques tirés du répertoire des contes. Il s’agit d’un aperçu sur le slam qui est un art oratoire.

Le conférencier Roland Colin s’est dit ému avant de proposer à l’assistance un tableau brossant le chemin parcouru. Il pense qu’il y a un besoin de faire connaitre l’histoire du Kénédougou à la nouvelle génération. D’où ce témoignage : " Je suis breton, senoufo de la France, qui avale sa langue en parlant, né dans le monde rural. Après mes études primaires, je suis parti à Paris, où j’ai rencontré Joseph Ki Zerbo en 1942. La 2ème rencontre était avec Léopold Sédar Senghor. J’ai été son élève "

A noter qu’en15 Mars 1952, il a débarqué à Sikasso pour servir en tant que commandant adjoint : Mais, il avait une divergence de vue entre son chef et lui. Roland Colin a choisi après la guerre de participer à l’aventure de la décolonisation. Administrateur du Soudan jusqu’en 1954, Directeur de Cabinet de Mamadou Dia à l’indépendance du Sénégal, il aura par la suite une longue et prestigieuse carrière de chercheur et d’enseignant. Il se consacre aujourd’hui à l’écriture. Il a écrit plusieurs livres dont " Kenedougou, au crépuscule de l’ère coloniale " tout sur la vie

Après avoir brièvement rappelé l’histoire du Mali et les rapports avec la France, l’étonnant voyageur s’est appesanti sur trois blessures à savoir des héritages de la colonisation. La première porte sur la balkanisation. Au fait, l’Afrique a été découpée de manière arbitraire. En témoigne le cas des Senoufo qui sont éparpillés entre le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

La 2ème concerne la violence : l’oppression, le travail forcé, la soumission. Même les " tirailleurs sénégalais " qui sont devenus des gardes de cercle avaient le même esprit. Ces derniers abusaient du peuple d’en bas et des chefs de cantons qui refusaient de s’acquitter des taxes et impôts

La 3ème caractéristique du pouvoir colonial se révèle être l’imposition du modèle à suivre.

Face à cette situation, le conférencier pense que les Etats africains doivent chercher à reconstruire de grands ensembles et de sortir des modèles étrangers pour promouvoir leur propre développement.

" Il y a de l’espoir, mais on doit revenir à la base des problèmes ", a dit Roland Colin, avant de lancer un appel aux jeunes qui doivent faire preuve d’ouverture d’esprit.

Par ailleurs, Maette Chantrel, membre fondatrice du Festival, a expliqué l’origine d’Etonnants Voyageurs, un passage tiré d’un ouvrage de Baudelaire. " Depuis ses débuts, le Festival Etonnants Voyageurs à Bamako s’est attaché à promouvoir la lecture à travers tout le Mali par l’organisation de rencontres essentielles à nos jeux, dans les villes des régions ".

Cette année, le slam est du voyage, avec les jeunes poètes de l’association malienne Aslama qui avaient participé à l’atelier animé par Rouda lors Festival Etonnants Voyageurs en 2005 et qui organisent à leur tour des ateliers en direction des jeunes. Ainsi, un atelier de slam a été animé par le jeune slameur Boubacar Sidibé du Collectif Aslama. Une quinzaine d’élèves se sont familiarisés avec cette forme d’art oratoire. La boucle a été bouclée par la visite des sites touristiques de la cité du Kénédougou.


Les auteurs qui se sont rendus à Sikasso du lundi 22 au mercredi 24 étaient :
Roland Colin et un slameur du collectif Aslama .

AU PROGRAMME : n

- Lundi 22 novembre

08h-10h : visite de courtoisie aux autorités administratives et politiques

10h-12h : visite aux notabilités

14h30-16h30 : animation plateau

16h30-18h  : causerie- débat autour des œuvres des écrivains

- Mardi 23 novembre

09h-12h : Atelier SLAM

16h-18h : visite de sites touristiques

- Mercredi 24 novembre : retour des auteurs

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La toison d’or de la liberté

Présence africaine - 2018

Le temps qui vient fera de l’Afrique un protagoniste de premier rang par son poids démographique, ses richesses naturelles, ses espaces sociaux et culturels, et l’on peine aujourd’hui à saisir cette présence africaine dans le monde, brouillée par les guerres, les génocides, les flux migratoires, les conflits politiques. Nous avons cependant une grande histoire commune : la colonisation et la mutation qui a conduit à la libération des peuples en quête de démocratie et de développement. Il est plus que jamais nécessaire d’entendre la parole des acteurs témoins de cette longue et fascinante histoire qui habite notre présent et interpelle notre futur.
Roland Colin est l’un de ces témoins qui, à travers le récit d’un parcours d’exception, nous convie au partage d ‘expériences qui touchent au plus vif nos problèmes du présent. Sensible dès sa jeunesse bretonne à la rencontre des cultures, il s’engage dans la découverte des humanités africaines à l’écoute de son maître Léopold Senghor et s’implique dans la grande aventure de la décolonisation, cette conquête de la liberté, précieuse « Toison d’or » qui doit affronter vents et marées. Il nous montre à quel point la grande transformation africaine, où tout est à imaginer, à construire, à défendre, s’apparente en profondeur à la mutation à l’œuvre dans les peuples de la vielle Europe en quête de nouvelles gouvernances, de nouvelles démocraties. La participation, le métissage des cultures, la greffe entre le monde des racines et l’effervescence des développements créatifs, sont au cœur de ces étapes que l’auteur nous rapporte dans le langage littéraire d’un conteur soucieux de coller au réel. Et l’on voit se dresser ainsi la stature de quelques-uns de ces « passeurs de frontières », à travers des épreuves, des drames, et aussi d’éclatantes démonstrations d’humanité, dans ces terres à la fois proches et lointaines qui se nomment Algérie, Sénégal, Mali, Niger, Madagascar, Rwanda, Tchad, Guinée-Bissau et quelques autres, à l’épreuve des libertés nouvelles. Le maître-mot est alors l’éducation inscrite au cœur de la vie, ce que les conquérants modernes de la « Toison d’or » de la liberté nomment « l’Animation ».
Souleymane Bachir Diagne, le grand philosophe sénégalais, professeur à l’Université Columbia, dans une préface sensible, campe l’auteur comme un « traducteur » entre langues, cultures, sociétés : une fonction répondant à l’exigence des temps présents.