L’édito de Moussa Konaté et de Michel Le Bris

Le rendez-vous incontournable des écrivains de l’Afrique francophone

13 novembre 2019.
 

En trois éditions, Etonnants Voyageurs Bamako, né en 2001, s’est imposé comme le premier grand festival littéraire africain, rendez-vous déjà incontournable des écrivains de l’Afrique francophone. Et cela, malgré les difficultés innombrables - notamment financière ! - mais grâce à la mobilisation et au dévouement de tous. Avec la volonté d’accompagner, de mettre en valeur, d’encourager l’effervescence créatrice que nous pouvons constater de toutes parts : la littérature africaine est plus vivante que jamais, inventive, ouverte sur le monde, en prise sur la modernité. Reste à le faire largement savoir, à favoriser échanges et débats - ce à quoi nous nous attachons depuis le début. Un festival enraciné dans la réalité malienne, jouant au mieux sont rôle d’incitation à la lecture, se prolongeant en des actions de développement - n’oublions pas que le pays qui l’héberge est un des plus pauvres de la planète, dont le taux de scolarisation n’atteint pas encore les 50% ! Développer l’usage du livre, l’imposer dans les cultures africaines est bien un acte de développement. Et nos partenaires institutionnels ne s’y sont pas trompés, eux dont l’appui constant à permis à la manifestation d’exister et de se développer : le ministère français des Affaires Etrangères, le ministère français de la Culture et de la Communication, le service de Coopération français au Mali, l’AFLAM, le ministère de la Culture du Mali.

C’est dans cet esprit, avec cette volonté constante que nous avons développé un peu plus chaque année nos actions dans les villes du Mali : cette année débutera par des manifestations à Mopti, Ségou, Tombouctou, Kayes, Koulikouro, Kidal, Kita, Sikasso, Gao, avant que la totalité des écrivains se retrouvent à Bamako où, parallèlement aux rencontres toujours passionnantes dans les jardins du Palais de la Culture et au Centre Culturel Français les attend un important programme d’animations et de rencontres dans les lycées de la ville ainsi qu’à l’Ecole Normale - sans parler des traditionnels stages de formation au conte et à l’illustration. Une nouveauté, également : nous ouvrirons cette année la porte à deux langues partenaires du français qui sont, en Afrique, des langues d’intercommunication : le peul et le bambara.

Un festival enraciné, et un festival d’ouverture des esprits sur le monde d’aujourd’hui. Tous les auteurs présents insistent sur cette nécessité d’un festival international. Le besoin est vif, pour tous les écrivains de l’Afrique francophone de se rencontrer, d’échanger idées et expériences. Mais ils expriment pareillement le besoin de rencontrer des écrivains de l’Afrique anglophone et lusophone, d’échanger avec eux idées et expériences. Et, par-dessus tout, de rencontrer sur le terrain, en Afrique, des écrivains de France et du reste du monde. Rien ne serait pire que de s’enfermer dans une "africanité" qui ignorerait le dialogue nécessaire avec le reste du monde.

Nous essayons dans la mesure de nos moyens de répondre à toutes ces attentes. Et cette aventure du festival de Bamako est pour tous ceux qui y participent d’autant plus remarquable, et excitante, qu’elle résulte de la conjugaison de la volonté de femmes et d’hommes de cultures et d’origines différentes.

Moussa Konaté et Michel Le Bris
Co-directeurs du festival