MORDILLAT Gérard

France

20 février 2018.

Touche à tout, Gérard Mordillat est connu pour ses documentaires dont sa série sur Arte traitant du christianisme, mais aussi pour ses romans et ses interventions sur France Culture. Il signe en 2017 La Tour abolie, une fable apocalyptique qui donne corps au capitalisme pour dénoncer les inégalités sociales. Un roman de la révolte, inspiré par ses visites dans les sous-sols de la Défense, qui dénonce sans simplifier ni déshumaniser ses personnages.

 

On connait Gérard Mordillat pour les documentaires qu’il a réalisés mais aussi pour ses romans et ses interventions sur France culture pour l’émission « Des Papous dans la tête ». Après avoir abordé des thèmes aussi divers que le christianisme, les luttes sociales ou encore le mythe du « proto-Hamlet » de Shakespeare et Thomas Kyd, il se tourne vers un sujet critique dans les sociétés européennes : le fascisme et la montée des extrêmismes.

Très tôt, Gérard Mordillat s’intéresse à la littérature et au cinéma. Il publie des poèmes, travaille avec Roberto Rossellini, réalise un documentaire sur les patrons et devient responsable des pages littéraires du journal Libération, qu’il quitte après la publication de son premier roman, Vive la sociale !, en 1981. Deux ans plus tard, il réalise une adaptation de son livre au cinéma, puis enchaîne romans, essais, fictions et documentaires pour petit et grand écrans.

Avec son complice Jérôme Prieur, il a signé de remarquables séries documentaires télévisées diffusées sur Arte traitant du christianisme : Corpus Christi, L’origine du christianisme et L’Apocalypse. Tous deux ont publié, au Seuil, Jésus contre Jésus en 1999. Leur premier essai, qui demeure un grand succès, a été suivi de Jésus après Jésus sur les origines du christianisme puis de Jésus sans Jésus sur la christianisation de l’Empire romain. Leur dernière publication, Jésus selon Mahomet (Seuil, 2015), accompagne et prolonge Jésus et l’islam, la nouvelle série qu’ils ont réalisée pour Arte où interviennent vingt-six des plus grands chercheurs internationaux sur l’islam.

En solitaire, Gérard Mordillat se consacre principalement au roman. Avec La Brigade du rire (Albin Michel, 2015), il reste fidèle à l’univers qu’il s’est créé à travers Vive la sociale ou encore Les Vivants et les Morts. Dans une grande fresque tragi-comique, il parle du monde d’aujourd’hui, de ses injustices, de ses luttes, de ceux qui refusent de se soumettre et se vengent d’un grand éclat de rire.

Dans un tout autre genre, il publie en 2016 Hamlet le vrai, où il présente la formidable découverte qu’il doit à un universitaire anglais excentrique : une version d’Hamlet inédite, précédant de toute évidence la plus ancienne connue, le fameux « proto-Hamlet », écrit à quatre mains par Thomas Kyd et William Shakespeare ! À partir de ce document désormais disparu, Gérard Mordillat a reconstitué la pièce d’origine et il nous en propose la lecture, précédée du récit de sa découverte.

Année prolifique s’il en est, Gérard Mordillat publie la même année Le fascisme de Mussolini (Demopolis, 2016), un essai qui reprend le discours fondateur de Mussolini pour mieux comprendre les piliers de l’idéologie fasciste, qui ne se réclame d’aucun bord politique, ni ne se fonde originellement sur l’antisémitisme — contrairement au nazisme. L’analyse interroge également ses nouvelles manifestations politiques en France, incarnées par le Front National.

En 2016 toujours, sort Moi, Présidente (Autrement), un roman d’anticipation qui dépeint les résulats de la présidentielle 2017 : l’arrivée au pouvoir d’une femme présidente dont le crédo se résume ainsi : "Purger la France de toute la racaille." Des mesures drastiques sont prises : rétablissement de l’esclavage pour supprimer le chômage, polygamie obligatoire pour combattre la crise du logement, levée d’une croisade pour exiler les SDF, les pauvres et les désoeuvrés. On ne manquera pas de saisir l’allusion, à la veille du premier tour des élections.

Il retrouve cette année son collaborateur Jérôme Prieur pour écrire le scénario du tome 1 du Suaire, illustrées par Éric Liberge, une BD sur ce linge qui aurait enveloppé le corps du Christ. Les textes et les images se répondent avec justesse dans cet album, le premier d’une série qui explorera l’histoire de la relique controversée à travers le monde et les époques.

Il signe également La Tour abolie, une fable apocalyptique qui donne corps au capitalisme pour dénoncer les inégalités sociales. Dans la tour Magister, les étages sont comme une métaphore des hiérarchies sociales : tout en bas, les SDF, les réfugiés, les travailleurs pauvres ; en haut, les cadres et dirigeants qui achètent, vendent, réduisent les emplois ; au milieu, un self service dont les restes permettent à ceux du bas de survivre. Une décision du haut remet en cause l’équilibre fragile de ce microcosme, et la réaction ne se fait pas attendre. Un roman de la révolte, inspiré par les visites de Gérard Mordillat dans les sous-sols de la Défense, qui dénonce sans simplifier ni déshumaniser ses personnages.


Bibliographie

Romans

Poèmes

Essais

En collaboration avec Jérôme Prieur

Autres collaborations

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La Tour abolie

Albin Michel - 2017

« Quand les pauvres n’auront plus rien à manger, ils mangeront les riches. »

La tour Magister : trente-huit étages au cœur du quartier de la Défense. Au sommet, l’état-major, gouverné par la logique du profit. Dans les sous-sols et les parkings, une population de misérables rendus fous par l’exclusion. Deux mondes qui s’ignorent, jusqu’au jour où les damnés décident de transgresser l’ordre social en gravissant les marches du paradis.
 
Avec la verve batailleuse qui a fait le succès de La Brigade du rire, Gérard Mordillat, l’auteur de Vive la sociale ! et de Les Vivants et les morts, livre une fable prodigieuse sur la société capitaliste et la révolte de ceux qu’elle exclut.


Revue de presse