Si le fleuve coule c’est qu’il ne sait pas encore nager. Le cheval noir fume mais ce n’est pas la pipe. Sur le parvis, un homme est couché en chien de fusil le long de sa chienne de vie. Qui a bu aboiera… On l’aura compris, Pef aime jouer avec les mots, mettre à jour leurs incongruités, dévoiler leurs sens cachés, les détourner de l’usage journalier qui finit toujours par ternir leurs couleurs. Tout simplement, les mettre en bouche comme des gourmandises… Toujours un mot dans ma poche : avec ce livre tendre, subtil et jubilatoire, le poète ne se comporte pas seulement en prince des mots tordus, il tord le nez aux idées reçues, cherche à quoi rime le monde dans lequel nous vivons, s’arrime aux nuages qui filent dans le ciel et se demande « comment viennent les idées de poème ». Un bonheur que je suis tout simplement heureux de sortir… de ma poche !
Cette histoire est celle d’un garçon qui rêve sans cesse. Mais à quoi sert de rêver seul ce qui arrivera aux autres ? Mieux vaut se faire des amis, bien sûr pas n’importe qui ! Le premier s’appelle Tchinguli, et n’aime pas porter le fusil… Bientôt ils seront cinq, comme les doigts de la main. Unis sur terre et sur mer, tous les cinq à l’aventure, ils iront. Mais où finit le rêve ? Où commence la vie ? Entre l’album et la bande dessinée, ce conte nous entraîne dans le sillon de ces jeunes héros qui découvrent le monde. Scènes d’action et tableaux fourmillant de détails s’enchaînent, créant un rythme singulier.
Dans la droite lignée de Kodhja, l’album de Régis Lejonc et Thomas Scotto, Le Rêveur bouscule les genres pour nous offrir un récit d’apprentissage hors du commun.
Avec Muriel Bloch
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