SEPÚLVEDA Luis

Chili

14 mars 2017.
 
©Daniel Mordzinski

Jonglant avec les genres, de la nouvelle au récit de voyage en passant par le roman, cet écrivain et journaliste chilien est l’auteur d’une œuvre considérable destinée aux adultes mais aussi à la jeunesse, l’une des plus lues et des plus traduites en Europe. Affilié au courant littéraire latino-américain du post-réalisme magique, Luis Sepúlveda mélange fiction et réalité politique dans un style à la fois simple et poétique, accessible au plus grand nombre. Remarquable conteur et défenseur des droits de l’homme et de la nature, il est à sa manière un écrivain engagé. La dénonciation virulente des dictatures, des coups d’État fascistes et du non-respect de la nature constitue un thème récurrent dans ses livres.

Né à Ovalle dans le Nord du Chili en 1949, Luis Sepúlveda milite dès l’adolescence dans les jeunesses communistes et entreprend des études de Lettres. Arrêté et emprisonné comme opposant politique au régime de Pinochet, il est condamné à vingt-huit ans de prison ferme. Après deux ans et demi de captivité, il est libéré grâce à l’intervention d’Amnesty International et sa peine de vingt-huit ans, commuée en huit années d’exil en Suède. Cependant, Luis Sepúlveda ne traverse pas l’Atlantique, il sillonne au contraire l’Amérique latine. Au Nicaragua, il s’engage au côté des sandinistes dans la lutte armée qui les opposent au régime de Somoza. En 1978, il partage pendant un an la vie des Indiens Shuars. De cette expérience naîtra l’un de ses romans les plus célèbres : Le vieux qui lisait des romans d’amour, traduit aujourd’hui en plus d’une trentaine de langues. Formidable célébration des coutumes indigènes, de la nature dévastée par la cupidité. Ce récit réaliste et magique, en partie autobiographique a obtenu un succès mondial. Luis Sepúlveda publie également dans le genre policier Journal d’un tueur sentimental, parodie de roman noir ; Yakaré, et Hot line, nouvelles policières qui dénoncent les méfaits de la société chilienne.

Il vit actuellement en Europe, signant régulièrement des chroniques dans le quotidien espagnol El País et dans divers journaux italiens. Luis Sepúlveda reste un écrivain engagé et milite au sein de la Fédération internationale des droits de l’homme. Avec La lampe d’Aladino et autres histoires pour vaincre l’oubli, il signe un recueil de nouvelles au travers duquel il revient entre autre sur son passé et les années Pinochet. Il remporte en 2009 le Prix Primavera, l’un des plus prestigieux prix espagnols, pour son roman (L’ombre de ce que nous avons été) qui conjugue avec humour et émotion les destins de trois anciens militants de gauche.

Après sa célèbre fable Histoire d’une mouette et d’un chat qui lui appris à voler qui lui valu de nombreuses récompenses dont le Prix Sorcière en 1997, et le Prix de la Cité des Livres Cherbourg-Octeville 2004, il publie Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur qui relate les aventures d’un escargot qui aimerait connaître les raisons de sa lenteur et avoir un nom. Cette fable illustrée en noir et blanc par Joëlle Jolivet n’est pas destinée qu’aux enfants, mais aussi à tous ceux qui ont une sensibilité pour les fables bien contées et qui courent inlassablement après le temps en rêvant d’une accalmie. Il aborde divers thèmes tels que la vitesse dans la société actuelle qui empêche la rencontre authentique et sincère avec l’autre ainsi que l’importance de la mémoire. Il en va de même avec Histoire d’un chat et d’une souris qui devinrent amis, toujours avec Joëlle Jolivet, qui aborde cette fois la question de la différence.

Lorsqu’il présente son roman Ingrédients pour une vie de passions formidables, Luis Sepúlveda cite l’écrivain brésilien Guimarães Rosa « Raconter c’est résister » pour expliquer ce qui l’a animé et qui l’anime encore dans son écriture. Ce récit se présente comme une conversation avec le lecteur et lui permet de mieux connaître cet écrivain à travers son intimité et ses confidences. Ainsi, une fois le livre refermé, il saisit mieux l’univers de cet auteur qui se sert des mots pour combattre et résister devant les événements du monde. Dans son roman L’Ouzbek muet et autres histoires clandestines Luis Sepúlveda poursuit cette idée d’entraîner le lecteur dans le Chili de son enfance en racontant des anecdotes irrésistiblement drôles et tendres en hommage à un temps où on pouvait rêver “d’être jeune sans en demander la permission”, dans une Amérique du Sud où la jeunesse s’intéressait à la politique.

Il se joint à nous cette année pour nous présenter son dernier roman La fin de l’histoire, qui fait suite au polar Un nom de torero sorti en 1996 et réédité pour l’occasion. Vingt ans après son repli en Patagonie, Juan Belmonte l’ex-combattant aux multiples engagements du roman orignel, se voit dans l’obligation de reprendre du service. Savoureux mélange d’Histoire et d’histoires, ce récit est une véritable réussite, et son personnage principal, même après vingt ans d’absence, semble ne pas avoir pris une ride.


Bibliographie :

Jeunesse

Romans

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Un nom de torero

Anne-Marie Métailié - 2017

Les 63 pièces d’or de la collection du Croissant de Lune Errant ont été volées par les nazis. Après quarante ans de sommeil, à la chute du mur de Berlin, elles réapparaissent en Patagonie et la course-poursuite commence entre la Lloyd Hanséatique et les anciens agents de la Stasi.
La Lloyd a un atout majeur : Juan Belmonte. Il porte un nom de torero et un lourd passé de guérillero de toutes les révolutions perdues de l’Amérique latine. La Lloyd ne lui a pas laissé le choix : partir à la recherche des pièces d’or ou perdre Véronica, son unique raison de vivre, brisée par la torture.
Dans cette course au trésor vers la Patagonie, Belmonte retrouve un Chili où le poids du silence n’a pas enterré la profonde humanité des habitants du bout du monde. Luis Sepûlveda montre une fois encore qu’il est un extraordinaire raconteur d’histoires.

Traduit de l’espagnol (Chili) par François Maspero


Revue de presse :