ADIGA Aravind

Inde

14 janvier 2009.
 
Aravind Adiga
© Akash Shah

Guidé par Balzac, Flaubert et Dickens dont les œuvres critiques firent de « la France et de l’Angleterre des sociétés meilleures » ; inspiré par Richard Wright, James Baldwin et Ralph Ellison, trois géants de la littérature afro-américaine du XXe siècle, en qui il se reconnaît une démarche commune, Aravind Adiga livre avec son premier roman, Le tigre blanc (Buchet-Chastel, 2008), Booker Prize 2008, un livre choc sur l’autre visage de la réussite indienne. Celui que les autorités indiennes, offices du tourisme en tête, aimeraient oublier : la pauvreté, la corruption, la violence, l’illétrisme, le féodalisme qui dirige encore la plupart du temps les rapports sociaux en Inde.

Fils de médecin, né à Chennai (anciennement Madras) en 1974, Aravind Adiga grandit à Mangalore. En 1991, sa famille émigre à Sidney, il possède toujours la double nationalité. Il suit des études d’agriculture en Nouvelle-Galles du Sud avant de se rediriger vers des études de littérature anglaise à New-York puis à Oxford, au Magdalen College que fréquenta Oscar Wilde.
Pourtant c’est comme journaliste financier qu’Aravind Adiga commence sa carrière. Collaborateur du Financial Times, The Independant, The Wall Street Journal entre autres… Embauché ensuite comme correspondant en Asie du Sud par TIME, il y reste trois ans avant de devenir journaliste indépendant et de profiter de cette liberté pour se lancer dans l’écriture de son premier roman, Le tigre blanc donc.

En Inde, le roman fait scandale. Aravind Adiga dérange, et on le lui fait savoir. A la question de ses origines aisées, supposées lui interdire d’écrire sur ce qu’il ne connaît pas, les classes pauvres du pays, il répond avec beaucoup de sens : « Je ne crois pas qu’un romancier ait à écrire seulement sur ses expériences personnelles. Oui, je suis le fils d’un médecin, oui, j’ai reçu une éducation rigoureuse et formelle, mais selon moi le défi du romancier c’est d’écrire sur les gens qui sont totalement différents de lui (…) [Cette situation] est le quotidien d’une grande partie du peuple indien et il est important qu’elle soit (d)écrite, qu’on n’entende pas uniquement parler des 5% de la population de mon pays qui se porte bien. (...) C’est un pays où les pauvres craignent toujours la tuberculose, qui tue 1000 indiens par jour, mais les gens comme moi – les gens des classes moyennes qui ont accès à des services de santé qui sont peut-être même meilleurs qu’en Angleterre – ne s’en soucient pas. C’est une maladie qui n’est pas glamour, comme la plupart des difficultés que les pauvres en Inde doivent endurer.
« (...) L’Inde traverse une période de grands changements et, comme la Chine, héritera probablement de l’Occident, il est essentiel que des auteurs comme moi essaient de mettre en lumière les injustices brutales de la société.(…) Ce n’est pas une attaque contre mon pays, il s’agit d’un processus supérieur d’auto-examination. »
(in The Guardian, 16 octobre 2008)

Aravind Adiga est le cinquième auteur indien à remporter le prix après Salman Rushdie, Arundhati Roy, Kiran Desai et V.S. Naipaul. Son deuxième roman, Between the assassinations, a paru en Inde en novembre 2008.

in English


Liens :

Le site internet d’Aravind Adiga

Entretien avec Aravind Adiga pour le Man Booker Prize

Interview d’Aravind Adiga sur la BBC au sortir de la remise du Booker Prize


Revue de presse Le Tigre blanc :

Nouvel Observateur
L’Express
Libération
Rue des Livres


Bibliographie :


Présentation de Le tigre blanc :

Le tigre blanc, c’est Balram Halwai, ainsi remarqué par l’un de ses professeurs impressionné par son intelligence aussi rare que ce félin exceptionnel. Dans son Bihar natal miséreux, corrompu et violent, Balram est pourtant obligé d’interrompre ses études afin de travailler, comme son frère, dans le tea-shop du village. Mais il rêve surtout de quitter à jamais les rives noirâtres d’un Gange qui charrie les désespoirs de centaines de générations. La chance lui sourit enfin à Delhi où il est embauché comme chauffeur.
Et tout en conduisant en driver zélé, au volant de sa Honda City, M. Ashok et Pinky Madam, Balram Halwai est ébloui par les feux brillants de l’Inde récente des nouveaux entrepreneurs. L’autre Inde, celle des trente-six millions et quatre dieux, celle des castes, des cafards, des taudis, des embouteillages monstres, des affamés, des éclopés et des laissés-pour-compte de la Shining India du XXIe siècle, finit par avoir raison de son honnêteté. Car, de serviteur fidèle, Balram bascule dans le vol, le meurtre et pour finir... dans l’Entreprise... Roman obsédant écrit au scalpel et à même la chair du sous-continent, Le Tigre blanc, conte moderne, irrévérencieux, amoral mais profondément attachant de deux Indes, est l’œuvre du plus doué des jeunes auteurs indiens.