GALLET Alain

France

17 avril 2013.
 

Biographie

Réalisateur depuis 25 ans, Alain Gallet témoigne dans ses documentaires de son amour immodéré pour la Bretagne. Souvent primés, ses films donnent à voir la beauté des paysages et des âmes (Gilles Servat, Yvon Le Men, Yvon Le Corre) de sa région fétiche.

En 2013 il réalise La lettre à Gabrielle, une histoire sur fond d’Histoire ; celle d’une jeune fille qui prend la route de l’Andalousie sur les traces du passé politique de son père. En Bretagne, elle retrouve d’abord le peintre Mariano Otéro et l’écrivain Ricardo Montserrat, héritiers comme elle de la tragédie espagnole...


Filmographie :


Présentation de La lettre à Gabrielle :

"Je n’ai pas voulu faire un film d’Histoire, un énième film historique sur la Guerre d’Espagne, même si j’en rappelle les grandes lignes pour la compréhension de l’histoire que je raconte. Et même si bien sûr je me suis attaché en cela à évoquer et analyser les circonstances souvent méconnues de l’arrivée des réfugiés républicains en Bretagne (dont il reste peu de traces, si ce n’est dans la presse régionale). J’ai voulu faire plutôt un film d’amour, l’amour d’une petite fille pour son père, laquelle petite fille – devenue femme –, s’est attachée à reconstituer son parcours d’exilé et à le réhabiliter, lui, et à travers lui tous ses camarades réfugiés républicains espagnols.

J’ai voulu raconter une histoire, sur fond d’Histoire. C’est, je crois, une histoire individuelle symbolique de dizaines d’autres histoires semblables – avec chacune, cela va de soi, des éléments qui lui sont propres – mais une histoire suffisamment riche et forte émotionnellement pour être susceptible d’évoquer toutes les autres. Et donc de nous toucher. Et de nous faire peut-être aussi nous interroger. Car derrière le nom à consonance étrangère inscrit sur la boîte à lettres de notre voisin, il y a bien souvent une histoire singulière, elle est parfois douloureuse. Et nous n’en savons peut-être rien...

C’est une histoire racontée du côté de Gabrielle, qui cherche aussi à se retrouver, elle, à travers tout ce travail de mémoire. C’est un film qui se situe résolument du côté des fils de et des filles de, qui ont leur part d’un fardeau à porter en héritage, mais un héritage qui a sa part de fierté, de grande fierté.

Je suis très sensible aux « personnages » et j’ai réalisé beaucoup de mes documentaires passés autour de « personnages », c’est-à-dire en fait des gens de la vie de tous les jours mais qui ont une personnalité étonnante par quelque aspect que ce soit, et qui m’embarquent par leur pouvoir quasi fictionnel et leur dimension d’universalité. Çà passe souvent par des blessures, des doutes, des moments de fractures ou des rêves. Çà passe en tout cas toujours par l’intime, mais l’intime n’est pas forcément l’indiscret, c’est même souvent à mes yeux du collectif partagé, enfoui. Gabrielle Garcia est de ces personnages-là. A la fois sa fragilité et sa force, sa combativité m’ont séduites. J’ai besoin d’être en empathie avec les personnages que je filme. Je suis un documentariste de « personnages ». Je ne suis pas un documentariste d’enquête ou de sujets sociétaux.

Et, en fait, ce qui m’a décidé très concrètement à réaliser ce film c’est bien sûr cette rencontre finale entre Gabrielle et un de ses anciens professeurs : son professeur d’espagnol. Un professeur d’origine espagnole, issu d’une riche famille franquiste, qui lui a écrit une lettre, quarante ans plus tard ... Si cette rencontre filmée que j’ai provoquée - assez improbable sur le papier (trop belle pour être vraie, dans sa dimension allégorique !) -, n’avait pas pu avoir lieu ou si elle avait échouée, je n’aurais pas fait le film. C’est d’ailleurs pour cela que c’est la première séquence que nous avons tournée, cinq mois avant de démarrer le tournage à proprement parler.
Et puis il y avait ce joli texte de Gabrielle, déterminant aussi, à paraître bientôt (« Pour entrer dans Grenade »). L’ayant lu, j’ai tout de suite imaginé qu’il pouvait être le fil rouge du film, comme autant de moments émouvants partagés.

Filmiquement, j’ai constamment cherché - avec la complicité du cameraman (Didier Gohel) -, à faire un film plutôt « lumineux » et à isoler Gabrielle dans le cadre, même dans l’immensité de la plage de St Malo. Nous sommes dans sa tête, dans son cœur, dans sa solitude. « La forme c’est le fond qui remonte à la surface » disait ce cher Victor Hugo !... C’est tout un programme de « réalisation » !"

Alain Gallet

Fiche du Film