FEREY Caryl

France

14 février 2018.

Fan des Clash, auteur d’une quinzaine de romans et figure de la Série Noire, Caryl Ferey affirme avoir trouvé sa famille politico-artistique dans le joyeux milieu du polar français, où il s’est imposé magistralement avec ses deux livres “neo-zélandais” Haka et Utu. Après son très beau roman argentin Mapuche, une enquête chilienne au rythme effréné dans Condor, il s’accorde une petite pause dans une ville minière… En Sibérie ! Un voyage détonnant qu’il raconte avec passion dans Norilsk. Caryl Ferey revient cette année chez Série Noire avec un polar engagé, Plus jamais seul, une nouvelle aventure du truculent McCash dans un roman noir à l’humour grinçant.

 

L’idole du romancier Caryl Ferey n’est pas un homme de lettres : c’est Joe Strummer, le mythique leader des Clash, dont le punk contestataire a bercé son adolescence. Un "modèle d’éthique" dont il envie l’intransigeance et la droiture morale et avec lequel il partage une véritable rage, palpable dans chacun de ses polars.

Dopé au rock, Caryl Ferey se lance à 17 ans dans l’écriture d’une saga "romantico-destroy" : un pavé impubliable, sorte de road-movie à la Mad Max, magnifiant les aventures et les excès de son adolescence bretonne. L’excès est l’un des leitmotiv de sa vie : il en fera l’éloge en 2006 dans un court recueil de textes publié par Gallimard. Méprisant le "confort bourgeois", avide de mouvement, de rencontres, Caryl Ferey s’embarque sitôt majeur dans un tour du monde qui le conduira en Océanie, sur les traces du grand Brel, autre figure importante de son panthéon personnel.

Il tombe alors amoureux de la Nouvelle-Zélande : le "pays du long nuage blanc" sera dix ans plus tard le décor des deux thrillers au lyrisme brutal et aux dialogues ciselés, Haka (1998, "ressuscité" chez Folio Policier en 2003) et Utu (2004), qui l’imposent dans le milieu du polar français. Loin des clichés édéniques, ces deux romans mettent en scène les durs à cuire Jack Fitzgerald et Paul Osbourne, flics des antipodes, en butte aux relents du passé colonial du pays du "kiwi" et aux violences du libéralisme à tout crin des années 1980. Après le Prix SNCF du polar français reçu en 2005 pour Utu, Zulu, dont l’action se situe cette fois dans l’Afrique du Sud post-apartheid, lui vaut en 2008 une ribambelle de distinctions : Prix des Lecteurs des Quais du Polar de Lyon, Grand Prix du Roman Noir Français au festival du film policier de Beaune, prix Nouvel Obs du roman noir, prix des lectrice du magazine Elle... Une adaptation pour le cinéma est présentée a Cannes en 2013, gros succès.

Caryl Ferey sévit aussi régulièrement sur les ondes : il écrit de nombreuses pièces radiophoniques pour France Culture. En novembre 2008, la station a notamment diffusé en direct sa fiction « Crevasses », une création post-apocalyptique mêlant théâtre, musique, rap et slam, à laquelle ont collaboré la rappeuse Casey et l’écrivain Jean-Bernard Pouy. Friand d’expérimentations, Caryl Ferey s’est également frotté à Internet, en écrivant le texte de la web-fiction Muti proposé sur le site du Monde lors de la Coupe du Monde de football de 2010 : un véritable roman-feuilleton interactif entrainant l’internaute dans les bas-fonds de Cape Town...

Après ses polars sud-américains, Mapuche en 2013, opus noir et déjanté sur la communauté indigène Mapuche, Condor, roman engagé qui nous transporte dans une folle enquête à travers les grands espaces chiliens, Caryl Ferey est parti se perdre en Sibérie pour nous livrer l’étonnant Norilsk : récit de ses « vacances » par -30° dans une ville minière en autarcie, réputée la plus poluée du monde.
Mais le prolifique écrivain globe-trotter est déjà de retour avec un polar, publié chez Série Noire, Plus jamais seul. L’occasion de rapatrier son héros préféré en Bretagne : le truculent McCash. Cet ex-flic borgne, inspiré par un camarade d’école ayant perdu un oeil dans un accident de moto, est un héros récurrent de Caryl Ferey. McCash, aussi attachant que cynique, décide d’enquêter sur la mort de son meilleur ami. Une enquête qui va le conduire jusqu’en Méditerranée, où il aura fort à faire face aux trafiquants d’être humains et exploiteurs de toute espèce. Un roman noir et engagé où on retrouve les préoccupations politiques de Caryl Ferey, mais où on rit aussi beaucoup !


En savoir plus :


Bibliographie :

Romans pour la jeunesse

 

DERNIER OUVRAGE

 

Plus jamais seul

Gallimard - 2018

Premières vacances pour Mc Cash et sa fille, Alice. L’ex-flic borgne à l’humour grinçant – personnage à la fois désenchanté et désinvolte mais consciencieusement autodestructeur – en profite pour faire l’apprentissage tardif de la paternité.
Malgré sa bonne volonté, force est de constater qu’il a une approche très personnelle de cette responsabilité.
Pour ne rien arranger, l’ancien limier apprend le décès de son vieux pote Marc, avocat déglingué et navigateur émérite, heurté par un cargo en pleine mer.
Pour Mc Cash, l’erreur de navigation est inconcevable. Mais comment concilier activités familiales et enquête à risque sur la mort brutale de son ami ?

Emigration clandestine, trafic d’êtres humains et son lot d’exploiteurs et profiteurs inhumains, situation économique grecque calamiteuse, les préoccupations politiques de Férey se retrouvent là encore, servies par un personnage cynique au verbe haut.
La voix de Mc Cash est tonitruante, son humour est grinçant et son comportement celui d’un homme à la fois désespéré et désinvolte.
Plus jamais seul est un texte noir, engagé et/mais drôle. Très émouvant aussi quand tout à coup ce père hors norme parle de sa fille.


Revue de presse :