FOUNTAIN Ben

Etats-Unis

26 février 2013.
 

« Peut-être la vie américaine fait-elle d’elle-même sa propre satire : peut-être est-elle foncièrement tellement obscène, surréaliste et excessive qu’aucun artifice littéraire n’est nécessaire pour en souligner cet aspect. » Ben Fountain

Biographie

Ben Fountain

Le premier recueil de nouvelles de cet ancien juriste du Texas était un voyage par-delà les frontières. De la jungle birmane aux geôles des FARC en Colombie, d’Haïti à l’Autriche fin de siècle, Ben Fountain y effaçait les contours connus du monde et tout n’était plus que décalages, impressions de déjà-vus déplacés, faux-semblants. On retrouve aujourd’hui dans un roman, Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn, son style saisissant, précis et féroce. Tout est spectaculairement humain dans les histoires de Ben Fountain, les grandes métamorphoses du monde n’apparaissent qu’à travers les relations qu’entretiennent ses héros avec leur propre humanité confrontée au monde et à l’autre. Une humanité bien évidemment aussi changeante que le monde qu’elle a façonné, cruelle, coquasse, tendre ou désespérée.

Ayant tout abandonné en 1988 pour se consacrer à l’écriture, Ben Fountain se rend une trentaine de fois en Haïti durant les années 1990. Fin connaisseur de l’île, grand amateur de peinture haïtienne, il cite en exemple, entre autres, Roi David Annisey, André Pierre ou encore Frantz Zaphirin. Leur puissance évocatrice et l’utilisation de iconographie vaudou l’émerveillent : « quelqu’un qui serait privé du sens de la beauté et du plaisir me ferait penser au zombie des légendes haïtiennes ». Après des années de déboires, il trouve en 2005 un agent littéraire qui accepte de l’épauler et commence à publier des nouvelles dans Harper’s Magazine, The Paris Review ou Zoetrope : All Story, la revue fondée par Martin Scorsese.

Paru en 2007, Brêves Rencontres avec Che Guevara, couronné par le Prix Pen Hemingway (qui récompense une première œuvre), a reçu un succès critique étourdissant aux Etats-Unis. A l’instar de Tom Bissell, Ben Fountain fait parti de cette nouvelle génération d’auteurs américains décidés à s’intéresser au monde, à couper avec l’Amérique sécuritaire et paranoïaque, une nouvelle génération qui ne craint pas d’apporter une vision nouvelle et critique des rapports qu’entretient l’Amérique avec le reste de la planète. « Je ne réussirai jamais à me comprendre, à comprendre ma vie, dit-il, à moins de chercher d’abord à comprendre ces forces supérieures – politique, économie, idéologie – qui nous contrôlent ».

En janvier 2013 il publie son premier roman, Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn, un chef d’oeuvre de lucidité railleuse dans lequel il s’attaque une Amérique traumatisée par les attentats du 11 septembre 2001. Comment convaincre des millions d’Américains que la guerre en Irak était inévitable ? En présentant, à coup de spots télévisés et de shows spectaculaires, ses soldats en lutte contre l’axe du Mal comme des héros. De vedette d’un jour à chair à canon, les soldats-stars sont rattrapés par la réalité. Décapant le fragile verni de strass et de paillettes, Ben Fountain signe un réquisitoire implacable contre la guerre-spectacle.

In English


Bibliographie


Présentation de Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn

couverture

Un accrochage avec des insurgés irakiens, trois minutes quarante trois de pure violence filmées par Fox News, désormais en boucle sur YouTube, et les huit survivants de la compagnie Bravo deviennent du jour au lendemain les enfants chéris de l’Amérique. Les stars de la « Tournée de la Victoire », montée pour ranimer la flamme du soutien à la guerre, qui doit se clôturer par leur présence à la mi-temps du grand match de football de Thanksgiving à Dallas, aux côtés d’un célébrissime groupe pop.

Mais rien ne va se dérouler comme prévu. Perdu entre les richissimes propriétaires et les joueurs du club des Cowboys, les sponsors, un vieux producteur hollywoodien et une pulpeuse pom-pom girl évangéliste, Billy Lynn, dix-neuf ans, héros malgré lui, ne pense, comme ses frères d’armes, qu’à une seule chose : profiter au maximum de ses derniers jours de permission. Repartira-t-il pour l’Irak laissant derrière lui ses illusions et son innocence.

Un livre ravageur sur le monde d’aujourd’hui : le Catch 22 de la guerre d’Irak.

Revue de presse :

« Un livre vraiment exceptionnel. Chacune de ces nouvelles est aussi dense qu’un roman. » The New York Times Book Review.

« Un talent stupéfiant pour donner forme à “l’enfer que la vie s’amuse parfois à nous réserver”. Il y a plusieurs enfers dans ce livre enivrant, porté par une langue et une intelligence célestes. » Tom Bissell, auteur de Dieu vit à Saint-Pétersbourg.


Présentation de Brèves rencontres avec Che Guevara

De la part d’un jeune écrivain américain, ces nouvelles sont vraiment étonnantes. Non seulement prennent-elles le monde entier pour cadre, de la Colombie à la Birmanie, de la Sierra Leone à Haïti en passant par les Etats-Unis et la Vienne fin-de-siècle, mais elles l’appréhendent avec un regard décapant et politiquement incorrect. Pour Ben Fountain, le monde est devenu fou et les occidentaux sont aveugles. Un monde où les êtres sont menés par le profit, la corruption, et cultivent les paradoxes.
Ainsi Ben Fountain pourrait-il bien être l’un des premiers écrivains de la mondialisation dont il appréhende les effets néfastes avec une ironie grinçante.
Un jeune ornithologue, otage des Farc en Colombie, va réaliser à ses dépens que la Révolution aussi est un business…
Une femme est confrontée à la folie de son mari, membre des Forces spéciales américaines…
Pour un architecte, spécialiste des terrains de golf, la dictature militaire en Birmanie va se révéler encore plus surprenante que prévu.
Une jeune femme travaillant en Afrique pour une organisation humanitaire finit par passer un étrange “ pacte avec le diable ”.
En Haïti, un expatrié se trouve mêlé au trafic d’art dans une île au bord du chaos.
Un jeune Américain est uni par un lien curieux au destin de Che Guevara.
Une jeune pianiste virtuose, seule capable d’interpréter une pièce composée par un maître disparu car ils ont en commun d’avoir onze doigts au lieu de dix, est victime de l’antisémitisme dans l’Autriche fin-de-siècle.