BOYDEN Joseph

Canada

23 mars 2016.
 
© Benjamin CHELLY

Joseph Boyden est né en 1966 à Willowdale (Canada). À l’âge de six ans, il partage déjà son temps entre la chasse aux chèvres et la lecture de l’Encyclopaedia Britannica.
Adolescent il est inscrit chez les jésuites, à la Saint Brebeuf High School de Toronto et se coiffe à l’iroquoise, plus par revendication de ses racines indiennes (mêlées d’origines irlandaises et écossaises) que par adhésion au punk d’ailleurs. Mais le saint patron de l’école, Saint Brébeuf, est mort torturé par les Indiens, les jésuites n’apprécient pas, et le mettent à la porte.
On le retrouve ensuite au Northern College de Moosonee où il termine ses études littéraires puis part pour le sud des Etats-Unis. Il y sera tour à tour musicien dans un orchestre ambulant, fossoyeur ou encore barman.

Aujourd’hui, lorsqu’il ne traque pas l’orignal dans les bois de la réserve de Wasauksing (« L’endroit où les arbres scintillent ») au bord de la James Bay dans l’Ontario, Joseph Boyden enseigne le creative writing à l’université de la Nouvelle-Orléans.
Fortement concerné par ses origines, Joseph Boyden entretient un lien fort avec la nature et a embrassé la foi des Indiens Anishnabe : « Toute ma vie, ma vision du monde a été celle des Anishnabe dit-il. En Occident, nous avons une manière de considérer l’homme comme étant au sommet de la chaîne alimentaire – contrôlant le monde. La vision Ojibwe est totalement à l’inverse de cela : même les pierres sont à un niveau supérieur au nôtre, parce que nous avons besoin des pierres pour allumer un feu. Nous avons besoin des pierres pour construire une maison. Nous avons besoin des daims pour manger. Nous avons besoin des élans pour manger. Nous nous reposons sur beaucoup de choses. Alors qu’aucune de ces choses n’a besoin de se reposer sur nous. Nous devrions plutôt considérer que nous avons une dette vis-à-vis du monde naturel. »

Son premier roman, Chemin des âmes (Albin Michel 2006), suivait deux indiens Crees, engagés dans l’armée canadienne, et comme un écho au Voyage au bout de l’Enfer de Michael Cimino, évoquait ces blessures, morales autant que physiques, dont on ne cicatrise jamais tout à fait à l’heure du retour. Une histoire inspirée de la vie d’Ojibwa Francis Pagahmagabow, héros indien de la Première Guerre mondiale, dont il se dit qu’il aurait tué à lui seul plus de 300 soldats allemands. Attaché à ses racines, encore et toujours : ce roman était aussi l’occasion pour Joseph Boyden de replonger dans sa propre histoire familiale, son grand-père et son père ayant combattu durant la Première et la Seconde Guerre mondiale.
Acclamé par la critique et le public, salué par Jim Harrison, Chemin des âmes a été traduit en 15 langues et est devenu le premier ouvrage officiellement disponible en langue Cree, dont la nation compte encore 200 000 membres.

Dès lors, il ne sera pas surprenant que sa première publication, un recueil de nouvelles intitulé Born with a tooth et paru en 2001 au Canada, se déroule essentiellement au sein de la communauté indienne. Articulé en quatre sections représentant les quatre points cardinaux, l’ouvrage paraît en 2008 en France sous le titre Là-haut vers le Nord (Albin Michel).
La même année son second roman était publié au Canada et recevait le Giller Prize, soit le plus prestigieux prix littéraire du pays. Ce roman est paru en 2009 en France, sous le titre Les saisons de la solitude (Albin Michel).

Dans la même lignée, paraît en 2014 Dans le grand cercle du monde (Albin Michel) qui marque la poursuite de cette fresque ambitieuse narrant l’Histoire des Indiens d’Amérique. Sur un ton lyrique, Joseph Boyden nous dévoile la beauté et la violence des espaces sauvages du Canada du XVIIe siècle. Par ces destins qui s’entrecroisent, le lecteur distingue aussi l’absurdité et la folie de tout conflit. Il obtient le prix littérature-monde étranger à Saint-Malo cette même année.


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Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Dans le grand cercle du monde

Albin Michel - 2014

Ce roman a fait événement au Canada où il a été salué par la presse comme un chef-d’œuvre et considéré comme l’un des meilleurs livres de 2013.
C’est un roman époustouflant, palpitant, dont on tourne les pages sans même s’en rendre compte, et qui entraîne le lecteur dans le Canada du XVIIe siècle pour un voyage inoubliable.

Un jeune jésuite français est venu avec d’autres en Nouvelle-France évangéliser les Indiens. Il n’est là que depuis un an quand ses guides l’abandonnent et le laissent à la merci des Iroquois lancés à leurs trousses. Ainsi commence pour le jeune homme une odyssée incroyable où très vite les Hurons le font prisonnier à leur tour ainsi qu’une jeune captive iroquoise à la personnalité mystérieuse. Leur ravisseur, un grand guerrier qui a perdu toute sa famille, sait qu’un grand et nouveau danger menace son peuple.
Ce roman épique, qui restitue l’atmosphère des premiers contacts entre Indiens et Blancs en Amérique du Nord, est enraciné tout à la fois dans la beauté naturelle et la brutalité de la colonisation de ce continent.
Les trois personnages principaux dont les voix tissent l’écheveau de cette fresque saisissante nous entraînent dans un monde où se côtoient la guerre et l’espoir, la méfiance et la concorde, la destruction et la vie, la haine et l’amour.
C’est à un vrai voyage dans le temps que nous invite Joseph Boyden dans ce livre fort, inoubliable, incroyablement dépaysant et émouvant, qui réussit le tour de force d’être d’une incroyable modernité.

Traduit anglais (Canada) par Michel Lederer