Matinée : Le jour où j’ai basculé

Écrivains, poètes et cinéastes face à la guerre

19 mai 2018.
 

Dénoncer les horreurs de la guerre ? Oui, bien sûr. Qui n’est pas pour la paix ? À ce jeu il n’est que des gagnants, belles âmes, romanciers et idéologues mêlés. C’est même le problème : la guerre, à ce jeu, c’est toujours l‘autre. Mais tenter de dire l’indicible, la vérité de la guerre ? Là commence la vraie, la grande littérature. Celle d’un Shakespeare, d’un Conrad, d’un Dostoïevski. Cela, tous les créateurs le savent – n’est-ce pas leur premier sujet ?

Une matinée «  Le jour où j’ai basculé   »

Au Théâtre Chateaubriand

Le Nigérian Elnathan John (Né un mardi, Anne-Marie Métailié) nous plonge dans le chaos de la société nigériane gangrenée par la violence et l’extrémisme religieux. Le Tunisien Yamen Manai signe avec L’Amas ardent (Elyzad Éditions) une «  fable aux accents voltairiens […], où il nous en apprend davantage sur les pulsions meurtrières des fous de Dieu que bien des discours   » (Paula Jacques). Le Syrien Omar Youssef Souleimane (Le petit terroriste, Flammarion) retrace son adolescence en Arabie Saoudite et l’endoctrinement des salafistes. Et le Danois Carsten Jensen signe La première pierre (Phébus), véritable réquisitoire contre la guerre.
Suivi à 11h30 du film Stronger than a bullet de Maryam Ebrahimi. Fervent partisan de la Révolution iranienne, Saied Sadeghi a photographié la guerre Iran-Irak (1980-1988) au plus près des théâtres d’opérations. Il rêvait d’être un martyr et un grand nombre de ses photos a été détourné à des fins de propagande, comme un appel au martyr. Aujourd’hui, il se sent responsable de la mort de milliers de jeunes gens.
Dimanche dès 10h, Théâtre Chateaubriand

Pour saluer la Revue Apulée

Lectures et rencontres en musique à l’occasion de la parution du nouveau numéro de la revue Apulée — «   Guerre et paix  » — avec les auteurs ayant contribué au numéro. La revue, lancée par Hubert Haddad, entend parler du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, avec pour premier espace d’enjeu l’Afrique et la Méditerranée. Avec Hubert Haddad, Jean-Marie Blas de Roblès, Yahia Belaskri, Omar Youssef Souleimane, Colette Fellous, Jean Rouaud et Éric Sarner
Sam. 14h30, Grande Passerelle 2

Fiction, non-fiction

Quelques récits, d’une grande intensité : Les guerres perdues de Youri Beliaev (Grasset), où Pierre Sautreuil, déjà récompensé du prix Bayeux-Calavados des correspondants de guerre, dresse le portrait d’un mercenaire de guerre ukrainien aux multiples vies et s’interroge sur cet «  individualiste absolu  » de la décennie post-URSS. Thierry Cruvellier avec Terre Promise (Gallimard) raconte 27 ans d’histoire de la Sierra Leone à travers ses rencontres et expériences personnelles, ou l’épopée tragique d’un peuple en résilience. L’Indien Anjan Sundaram (Bad News, Marchialy), prix Reuters en 2006, nous entraîne au Rwanda sous la dictature de Paul Kagame, et raconte les réseaux de la peur du pouvoir en place, notamment contre la presse libre.
Lun. 14h, Univers

Guerres des religions

Raphaël Jerusalmy publie La rose de Saragosse, un roman palpitant dans lequel il revient sur la persécution des Juifs d’Espagne par l’Inquisition au XVe  siècle. Un roman humaniste au rythme de polar, qui emprunte les chemins du passé pour «   ouvrir des pistes de réflexions parfaitement actuelles   » (L’Humanité) sur la puissance politique de l’art face à l’intolérance. Après Seul le grenadier qui explore le thème de la vie et de la mort, indissociables dans ce pays où les bombes menacent chaque instant, Sinan Antoon poursuit son exploration de la violence qui s’est emparée de son pays avec Ave Maria (Actes Sud), consacré au sort des chrétiens d’Irak. Le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr s’attaque à nouveau à l’intégrisme religieux avec De purs hommes et Wilfried N’Sondé dont le très beau Un océan, deux mers, trois continents vient de remporter le prix Kourouma 2018.
Dim. 18h, Univers

Au cœur des ténèbres

Le Danois Carsten Jensen (La première pierre, Phébus) nous plonge dans l’univers violent des forces militaires danoises en Afghanistan. Blaise Ndala (Sans capote ni kalachnikov, Mémoire d’Encrier), raconte la guerre qui gangrène la région des Grands Lacs de sa jeunesse, doublé d’une charge acerbe sur notre monde obsédé par la marchandisation de la misère des pays africains. Alfredo Pita avec Ayacucho (Anne-Marie Métailié) publie “Le” roman de la violence péruvienne des années 80 et 90. Tout à la fois thriller, western, récit ethnographique, le roman politique Timika (Anacharsis) de Nicolas Rouillé explore cette Papouasie occidentale écrasée sous la botte militaire indonésienne, en proie à un saccage écologique et humanitaire sans précédent, si peu connu des médias. Juste et percutant. Tandis qu’Eka Kurniawan, dans Les Belles de Halimunda (Wespieser), retrace l’histoire d’une lignée de femmes maudites et révoltées, dans l’Indonésie aux prises avec la colonisation hollandaise, l’occupation japonaise puis la dictature.

Pierre-Yves Vandeweerd/Antoine Agoudjian : regards sur un monde en guerre

À 16h, projection de Résilience, photographies d’Antoine Agoudjian. Suivie à 16h15, d’une rencontre «   Mémoire et histoire   ». Hanté par la disparition, par la nécessité de donner un visage et une voix aux oubliés du monde, le cinéaste belge Pierre-Yves Vandeweerd construit de film en film une œuvre puissamment originale. Les Éternels est un récit d’errance aux confins du Haut-Karabagh, une enclave arménienne en Azerbaïdjan. Habités par les fantômes du génocide et par la guerre qui y sévit depuis plus de vingt ans, on appelle «   Éternels   » ceux qui souffrent de la mélancolie d’éternité. Convaincus que la mort ne peut avoir raison d’eux, ils se croient condamnés à errer dans l’attente du jour où ils seront libérés de leur existence. Tout le travail d’Antoine Agoudijian est aussi habité par la question de la mémoire. Parti sur les traces du peuple arménien, en Anatolie, au Haut-Karabagh, il a sillonné tout le Moyen-Orient. Le chaos de la guerre et la souffrance des populations sont pour lui comme un écho aux souffrances de son peuple.
À 17h15 projection du film de Pierre-Yves Vandeweerd, Les Éternels.
Mémoire et histoire : Sam. 16h, Grande Passerelle 2
Écrire la guerre en mots et en images : Lun. 15 h15, Maupertuis

Olivier Guez, la guerre après la guerre

Après l’Impossible retour et son film sur Bauer, procureur allemand qui traqua Eichman, il continue d’interroger l’après Seconde Guerre mondiale, la guerre après la guerre. Il s’empare cette fois-ci de l’histoire du tristement célèbre médecin d’Auschwitz dont il décrit avec minutie et froideur la traque et la chute dans La disparition de Joseph Mengele (Grasset). On plonge avec lui aux côtés du monstre, interrogeant le mal et sa banalité. Trois ans d’écriture minutieuse et documentée pour une histoire inouïe et dérangeante (prix Renaudot 2017).
Café littéraire, dim. 16h

 

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Essais

L’avenir des simples

Grasset - 2020

On a bien compris que l’objectif des « multi-monstres » (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l’exercice d’une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d’avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l’art savant de l’aiguille et du tricot et la pratique d’un instrument de musique au lieu qu’on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l’emprise des « multi-monstres », utiliser toutes les armes d’une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : « votre appareil ne nous intéresse pas », graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l’agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d’agro- écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l’immense solitude des campagnes et l’encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l’arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d’habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c’est refroidir l’atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, « c’est un éternel Treblinka ».

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Revue de presse :

 

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Romans

Ayacucho

Anne-Marie Métailié - 2018

Dans l’air pur des montagnes d’Ayacucho règne une odeur de mort. Pourtant, quand Vicente Blanco, reporter espagnol, débarque dans la ville andine pour enquêter sur le Sentier lumineux, il ne voit rien. Les militaires paradent, l’archevêque Crispin joue au basket, les habitants se taisent, les “subversifs” se cachent. Pas de scènes tragiques, pas de barricades, pas de combats. Tout juste, parfois, quelques bruits de balles. Avec deux journalistes locaux qui deviennent vite des amis, Vicente découvre lentement l’horreur de cette guerre sourde et silencieuse, qui dans les campagnes alentour prend les populations en otage. À force de courage et d’investigations, ils ont la preuve que l’armée a trouvé une méthode pour faire disparaître les corps.
Mais la vérité peut s’avérer dangereuse, et les journalistes sont des cibles à abattre. Dans une prose visuelle et lyrique, avec un sens de la narration extraordinaire, Alfredo Pita raconte magistralement cette guerre sale, et rend un hommage vibrant à ses victimes, anonymes ou non. “Le” roman de la violence péruvienne des années 80 et 90

 

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Romans

Femme du ciel et des tempêtes

Actes Sud - 2021

Un chaman de Sibérie trouve sous le permafrost la sépulture d’une reine datant de plus de dix mille ans. Stupéfaction : le corps momifié par les glaces a la peau noire. Décidé à utiliser sa découverte pour protéger un territoire menacé par l’exploitation gazière, le chaman contacte un ami scientifique français dans l’espoir qu’il mobilisera les écologistes du monde entier. Celui-ci monte une discrète expédition avec une docteure germano-japonaise et un ethnologue congolais. Deux mafieux qui tiennent à leurs projets industriels les attendent de pied ferme...

On retrouve l’enthousiasme de Wilfried N’Sondé dans un roman d’aventures haletant qui parle d’écologie, d’harmonie avec le vivant, de partage entre les peuples et de communication entre mondes visible et invisible.

 

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Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

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Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

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Romans

La première pierre

« Ils ont quitté un continent pour atterrir à mi-chemin d’un autre. Des montagnes, des déserts, des fleuves et des mers. Des points dans le désert signalent un village. Le Danemark pourrait tenir tout entier ici, enclos entre deux chaînes de montagnes. Ils n’ont pas remarqué qu’ils quittaient l’espace aérien iranien pour franchir la frontière afghane — mais qu’est-ce qu’une frontière à dix kilomètres d’altitude ? »
 
L’Afghanistan, au début du XXIe siècle. Au cœur du désert, une trentaine de jeunes militaires danois sont impatients d’en découdre, alors que la coalition internationale peine à maintenir la paix dans la province de Helmand, à la frontière avec le Pakistan.
 
Entraînés dans une fuite enragée par leur charismatique chef de section au passé mystérieux, ils connaîtront la trahison, l’errance, et le désespoir d’une guerre sans fin. Dans ce pays qui leur échappe, ils ne se battent bientôt plus que pour garder leur humanité. Sous le soleil afghan, les masques tombent, les hommes dansent, les soldats continuent de mourir.
 
Dans ce grand roman de violence et de pitié, qui doit autant à Conrad qu’à Malraux, le romancier le plus populaire du Danemark, Carsten Jensen, interroge les naïvetés et les aveuglements de nos sociétés occidentales face à la guerre et à la colère du monde.

Lauréat du Prix Transfuge du meilleur roman scandinave 2017, ce roman a été traduit du danois par Nils Ahl.


Revue de presse

 

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Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

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Poésie

99 codas : (sans récits)

La rumeur libre - 2023

La coda (en italien la queue) définit en musique une période musicale, vive et brillante, qui termine un morceau, en chorégraphie elle désigne la Troisième et dernière partie d’un pas de deux et par analogie, la coda désigne la partie terminale d’un écrit.


Les 99 codas d’Eric Sarner sont donc 99 parties terminales de 99 textes qui restent à écrire, ou alors les 99 variantes terminales d’une même histoire ?

En haut des marches
Elle entrouvrit la porte du grenier
Du plafond
Pendait un mannequin en bois articulé
Retenu par un câble d’acier

 

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Romans

Bel abîme

Elyzad éditions - 2021

Je revenais du collège quand j’ai rencontré Bella. Une après-midi de novembre, morose. Un garçon triste, chétif, une tête à claques, la tête baissée, la peur qui habite ses tripes, et parfois, l’envie d’en finir. On n’imagine pas ce que ressent un enfant quand il faut qu’il se fasse encore plus petit qu’il n’est, quand il n’a pas droit à l’erreur, quand chaque faux pas prend un air de fin du monde. Mais en l’entendant, ce jour-là, j’ai redressé le menton.

Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices. Heureusement, il a Bella. Entre eux, un amour inconditionnel et l’expérience du mépris dans cette société qui honnit les faibles jusqu’aux chiens qu’on abat « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ».

 

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Récit

Le petit foulard de Marguerite D.

Gallimard - 2022

« C’est très simple, je voudrais retrouver le moment où soudain Marguerite s’est arrêté de me parler et que tout s’est suspendu. Je resterai d’abord là, sur ces secondes, puis je partirai, sans destination précise, juste partir. Sur un morceau de soie. J’aime toujours faire ça, revenir sur des moments modestes car à les déployer lentement on y voit se réveiller tant de formes et de couleurs, de la joie, des rires, des cris d’oiseaux sur la lande, un grand ciel, du sable, des feux et bien sûr un cœur qui bat le tambour. Les forêts, l’inquiétude et la peur ne sont jamais très loin. Nous étions donc assises l’une en face de l’autre, Marguerite Duras et moi, un après-midi d’automne, chez elle, rue Saint-Benoît numéro 5, je portais un gilet en grosse laine rouge et blanc et un petit foulard de soie léopard tacheté noir et blanc. Par la fenêtre, une lumière plutôt plate et de légères taches de bruits. À un moment, et c’est celui-là précisément que je voudrais retrouver, elle m’a fixée, légèrement absente, la beauté de son visage, ses yeux bleus et purs, son air unique et souverain de Marguerite D. “Tu vois, j’étais exactement comme toi. Le même foulard, les mêmes couleurs, pareille.” Entre nous, sur la table, des feuilles de papier, un magnéto, des stylos, et le livre ouvert : Emily L. J’étais venue pour qu’elle me parle d’elle. »

 

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Romans

La Rose de Saragosse

Actes Sud - 2018

La rose de Saragosse s’ouvre sur un crime et se clôt sur une envolée. C’est un roman d’élans rapides et de gestes vifs, une histoire en mouvements qui raconte la rébellion au cœur de l’Inquisition espagnole - et au cœur de cette rébellion, une rivalité artistique qui ne dit pas son nom. L’élaboration d’un langage. Une danse de séduction codée. Le timide frôlement de deux solitudes sauvages. Et comme toujours avec Jérusalmy, la conquête de la liberté.
Saragosse, 1485. Tandis que Torquemada tente d’asseoir sa terreur, un homme aux manières frustes pénètre le milieu des conversos qui bruisse l’urgence de fuir. Plus encore que l’argent qui lui brûle les doigts, cette brute aux ongles sales et aux appétits de brigand aime les images et les visages.
Il s’appelle Angel de la Cruz, il marche vite et ses trajectoires sont faites d’embardées brutales. Où qu’il aille, un effrayant chien errant le suit. Il est un familier : un indic à la solde du plus offrant, une sorte d’espion, de balance professionnelle. Mais un artiste, aussi.
La toute jeune Léa est la fille du nobre Ménassé de Montessa, riche seigneur converti. Orpheline de mère, élevée dans l’amour du beau, des livres et de l’art, elle est le raffinement et l’espièglerie. L’esprit d’indépendance.
Dans la nuit que l’Inquisition fait tomber sur l’Espagne, Raphaël Jerusalmy déploie le ténébreux ballet qui s’improvise et se joue entre ces deux-là, dans un décor à double-fond, au cœur d’une humanité en émoi où chacun joue sa peau, où chacun porte un secret.

Alliant le souffle de La confrérie des chasseurs de livres et l’acuité de Sauver Mozart, le nouveau roman de Raphaël Jerusalmy exalte la puissance d’évocation et l’économie de moyens d’un langage unique, un art de l’esquisse : la gravure. La rose de Saragosse est un roman vif et dense, où le mystère, la séduction et l’aventure exaltent la conquête de la liberté.


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 

La disparition de Joseph Mengele

Grasset - 2017

1949 : ancien médecin SS à Auschwitz, coupable d’expérimentations atroces sur les déportés, Josef Mengele s’enfuit en Argentine. 1979 : après trente ans de traque, il meurt mystérieusement au Brésil.
Caché derrière divers pseudonymes, protégé par ses réseaux et par l’argent de sa famille, soutenu à Buenos Aires par une communauté qui rêve du Quatrième Reich, Mengele croit d’abord pouvoir s’inventer une nouvelle vie... En Allemagne, l’heure est à la reconstruction, l’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier. Mais la traque reprend, menée par le Mossad puis par le chasseur de nazis Simon Wiesenthal. Avec l’aide de sympathisants, Mengele trouve un temps refuge au Brésil, auprès d’un couple de Hongrois, dans une ferme reculée. Son errance ne connaîtra plus de répit. De planque en planque, entouré d’une meute de chiens, perché sur le mirador qu’il a fait construire pour guetter les dangers qui le menacent, isolé, déguisé, dévoré d’angoisse, Mengele finira noyé sur une plage brésilienne.
Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet international trente ans durant ? De quelles complicités en Allemagne de l’Ouest et en Amérique du Sud a-t-il bénéficié ? L’histoire est inouïe, elle est dérangeante. La barbarie nazie y croise la modernité des années 1960 et 1970, et nos ambiguïtés occidentales : que faire des hommes qui ont commis le mal ?
La Disparition de Josef Mengele est une plongée au cœur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d’opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l’argent et l’ambition. Voici l’odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre.

Revue de Presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Beaux livres

Le Cri du silence

Flammarion - 2015

Il y a 27 ans, Antoine Agoudjian, petit-fils de rescapés du génocide de 1915, s’est lancé à la recherche des lieux imprégnés de l’histoire de son peuple. Après l’Arménie et le Caucase, il poursuit son travail sur la mémoire à Jérusalem, au Liban, en Syrie, en Turquie, en Irak, en Iran...
Par la puissance esthétique de ses photographies comme par l’intégrité de sa démarche, Antoine Agoudjian se pose en témoin, questionne et transmet un message d’espoir, celui de la puissance indomptable de l’esprit humain.

La photographie, devenue vecteur de ses émotions, a su donner tout son sens à sa quête identitaire.
A l’occasion du centenaire du génocide arménien, il publie l’œuvre d’une vie, dont l’histoire de son peuple constitue le fil directeur, tout en devenant le reflet des luttes contemporaines face à l’intolérance.
Comme l’affirme l’auteur, « il faut immortaliser la mémoire afin qu’elle n’appartienne pas qu’au passé. »

©Electre 2015

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La plus secrète mémoire des hommes

Philippe Rey / Jimsaan - 2021

En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l’inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?

Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l’accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s’observent, discutent, boivent, font beaucoup l’amour, et s’interrogent sur la nécessité de la création à partir de l’exil. Il va surtout s’attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda…

D’une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 

Ave Maria

Youssef, un vieil Irakien chrétien, refuse obstinément de quitter Bagdad, sa ville natale. À la suite d’un attentat, il accueille chez lui une proche parente et son mari. Maha, elle, ne rêve que de partir, et le plus rapidement possible. L’un après l’autre, ils racontent leur histoire, opposant deux générations d’Irakiens, celle des nostalgiques irréductibles et celle qui cherche par-dessus tout à fuir l’horreur du présent.
Sinan Antoon poursuit son exploration de la violence qui s’est emparée de son pays, dressant ses composantes confessionnelles l’une contre l’autre. Il aborde ici un sujet particulièrement douloureux : le sort de la communauté chrétienne d’Irak, enracinée dans le pays depuis deux millénaires.

 

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Romans

Les Belles de Halimunda

Sabine Wespieser Editeur - 2017

Fondée par une princesse à la beauté fatale, Halimunda est une ville imaginaire de la côte sud de Java. Eka Kurniawan y déploie l’histoire d’une lignée de femmes marquée par une malédiction dont l’origine remonte à la fin de l’occupation néerlandaise.
Le livre s’ouvre au moment où Dewi Ayu, la prostituée la plus célèbre de la ville, sort de sa tombe vingt et un ans après sa mort. Couverte de son linceul, sa très longue chevelure flottant au vent, elle traverse Halimunda pour rentrer chez elle. Dans la véranda est assise une jeune fille d’une insoutenable laideur. Dewi Ayu comprend que son vœu a été exaucé : épouvantée par la succession de catastrophes qui s’étaient abattues sur ses trois filles aînées, aussi séduisantes que leur mère, sur leurs familles et sur la région entière, elle avait tout mis en œuvre pour que la quatrième fût laide. La repoussante jeune femme reçoit pourtant la nuit les visites d’un mystérieux prince charmant.
L’identité du visiteur nocturne, et la raison pour laquelle Dewi Ayu est revenue parmi les vivants, seront élucidées à la faveur d’une époustouflante plongée dans le passé. La difficile conquête de l’indépendance, les massacres des communistes en 1965 et la dictature de Soeharto constituent la toile de fond de cette tragédie de la vengeance où destinées individuelles et collectives sont intimement liées.
Alternant réalisme historique et figures légendaires, convoquant à loisir spectres et esprits, passant de l’émotion la plus pure à un humour ravageur, de l’idylle romantique à la violence la plus crue, Eka Kurniawan impressionne par la diversité de ses registres. Et la maîtrise narrative avec laquelle il mène au pas de charge son lecteur éberlué vers le dénouement l’inscrit d’emblée parmi les grandes voix de la littérature mondiale.

Traduit de l’indonésien par Etienne Naveau.


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Bad News

Marchialy - 2018

En 2009, un programme de l’Union européenne demande à Anjan Sundaram, grand reporter et spécialiste de la situation en Afrique, de venir enseigner le journalisme au Rwanda pour favoriser la liberté d’expression dans le pays. Les élèves sont triés sur le volet : journalistes indépendants, directeurs de rédaction, propriétaires de journaux, dont certains ont déjà connu la torture et la prison pour avoir été en désaccord avec le gouvernement. Son cours devient rapidement le dernier bastion qui permet à ces journalistes de se rassembler, échanger et résister. Ensemble, ils essayent de trouver des solutions pour contourner la censure et passer des informations à la population. Tout semble fonctionner jusqu’à ce que peu à peu certains de ses élèves se retrouvent menacés. Anjan prend alors conscience de la complexité du contexte politique et du danger qui pèse sur la vie de ses élèves.
Si le Rwanda a connu ces dernières années un fort essor économique, la liberté d’expression y est toujours menacée. Bad News, Derniers journalistes sous une dictature est un récit important qui dénonce les dérives d’un régime autoritaire, plus qu’un simple témoignage, c’est un véritable manifeste sur la liberté d’expression.

Traduit de l’anglais par Charles Bonnot


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Né un mardi

Anne-Marie Métailié - 2018

Un roman d’apprentissage moderne dans une partie chaotique de l’Afrique.
Dantala ne connaît pas son âge, mais il sait qu’il a fait dix ramadans, à peu près. Il vit dans la rue avec les voyous de Bayan Layi, fume la wee-wee sous le baobab, fait le coup de poing pour le Petit Parti. Évidemment, ça tourne mal, mais tout ce qui arrive est la volonté d’Allah. Un soir d’émeutes, pris en chasse par la police, il doit s’enfuir. Sans famille, il trouve refuge à Sokoto dans une mosquée salafiste. Il apprend l’anglais avec son ami Jibril, psalmodie l’appel à la prière, tombe amoureux, découvre le pouvoir de la langue et l’étendue de ses contradictions. Naïf mais curieux, le gamin paumé se fait une place et un nom dans un monde chaotique et violent. Alors que les tensions entre communautés ne cessent de croître, un imam irascible fait sécession et part à la campagne fonder une secte extrémiste.
Loin de l’exotisme et du tiers-mondisme bien-pensant, Elnathan John nous emmène dans une région dont on ignore presque tout : harmattan, poussière des routes, vendeurs de koko, c’est l’autre côté du miroir. Un formidable roman d’apprentissage, extraordinairement dense, sensible et poignant, dont on sort complètement retourné.

Traduit de l’anglais (Nigeria) par Céline Schwaller.


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 

Terre Promise

Gallimard - 2018

Sierra Leone. Ils ont tout enduré. Ils ont vu leur pays si riche devenir le plus pauvre du monde. Ils ont vu disparaître électricité, eau, routes, hôpitaux et écoles - eux qui avaient été le phare universitaire de l’Afrique de l’Ouest. Ils ont connu l’Etat policier et le parti unique. Ils ont subi la terreur des seigneurs de guerre et des cortèges d’enfants soldats drogués jusqu’aux
yeux. Ils ont nourri les prébendiers, hébergé les vendeurs d’Evangile et les pilleurs de diamant, traversé l’épouvante de la plus grande épidémie de fièvre Ebola. Pourtant, ils n’ont jamais perdu le sens de l’entraide, une tolérance religieuse hors du commun, un humour inébranlable, et le goût de la liberté.
Terre promise révèle l’épopée tragique et héroïque d’un peuple maître de l’endurance, capable de supporter l’intolérable et de le surmonter sans perdre son âme. De ce récit de toutes les épreuves de la vie, émerge toujours le chant souverain de l’ironie, une bienveillance apaisante et la force de l’espérance.

Dans la tradition des grands témoignages, Cruvellier révèle ici une merveilleuse qualité littéraire où la chronique mêle le réalisme de portraits croisés à la manière de Svetlana Alexievitch à la puissance méditative de la réflexion personnelle, avec un engagement personnel que n’aurait pas désavoué Ryszard Kapuscinski.

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DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Le petit terroriste

Flammarion - 2018

Récit autobiographique, Le Petit Terroriste évoque, à travers le regard d’un jeune adolescent syrien dont la famille s’installe en Arabie Saoudite, les réactions de la société saoudienne à l’époque d’événements majeurs dans le monde arabe : le 11 septembre, la mort d’Hafez el-Assad et la guerre en Irak. Pris entre ses propres contradictions, les persécutions dues à sa nationalité, la découverte de la religion, de la politique et du sexe, le jeune homme est confronté à l’Islam radical.


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Romans

Timika

Anacharsis - 2018

Sutrisno est l’un de ces humbles migrants qui espèrent faire fortune dans la province indonésienne de Papua, la Papousie occidentale. Riche de rêves et de maigres économies, il va tenter de s’établir comme restaurateur de coin de rue dans la ville portuaire de Timika.
Timika, qui a poussé comme un champignon ultramoderne sur la mangrove originelle, dans l’ombres des gigantesques mines à ciel ouvert d’or et de cuivre creusées dans les montagnes de l’arrière-pays sous l’égide de Freeport, multinationale spécialisée dans l’extraction de minerai à grande échelle.
Timika, débouché des grands pipelines écoulant à travers les jungles d’altitude les métaux précieux, où se côtoient une population hétéroclite venue de tout l’archipel indonésien ainsi que les employés des mines arrivés du monde entier, leurs cadres américains ou canadiens, les malfrats, la police, les prostituées, l’armée, et, toujours là malgré les dévastations, les Papous.
Déracinés depuis des décennies, ils sont venus grossir les bidonvilles de Timika, pour devenir orpailleurs dans les rejets toxiques déversés par la mine. Entassés dans les no man’s land entre les édifices de béton, ils perpétuent ce qu’ils peuvent d’une tradition à l’agonie, et luttent autant pour leur survie quotidienne que pour l’indépendace.
Alfons est de ceux-là. Jeune papou idéaliste élevé dans les maquis clandestins, il passe avec Bambang, trafiquant ambitieux et sans scrupule, un arrangement pour acheter des armes.
Pak Sutrisno, Alfons, Bambang et beaucoup d’autres avec eux, emportés dans les tourbillons implacables de cet hallucinant farwest mélanésien, vont tenter de tirer leur épingle du jeu…

Tout à la fois thriller et récit documentaire, Timika, second roman de Nicolas Rouillé, est fondé sur des événements authentiques. Outre son caractère dramatique, il ouvre à la connaissance de l’un des endroits les plus terribles de la planète, cette Papouasie occidentale dont la population autochtone est écrasée sous la botte militaire ; un monde en proie à un saccage écologique et humanitaire sans précédent, d’autant plus acharné qu’il demeure en dehors des projecteurs médiatiques.
En ce sens, Timika est aussi un roman politique sur une situation dont Nicolas Rouillé expose avec beaucoup de tact et beaucoup de fermeté l’immense complexité.


Revue de presse

"Entre anthropologie, polar et roman politique, on fait l’histoire de ce peuple papou à travers de l’exploitation de la plus grande mine d’or à ciel ouvert du pays, exploitée par une firme américaine. Une ville frontière, d’orpailleurs, pourrie par la corruption, une guerre contre les papoue… un livre documenté et politique. Des personnages de fiction plaqués à un contexte historique et politique bien réels, à savoir l’étouffemet du peuple papou par l’état inonésien. » France Info, À livre ouvert

 

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Les éternels

Les êtres humains qui ont expérimenté un choc tellement fort que même la mort ne leur fait plus peur tombent parfois (cela arrive souvent aux rescapés des génocides) dans ce que l’on appelle un sentiment ou une « mélancolie » d’éternité. Ils vivent dans une forme de « sortie » du temps, un mode d’existence extra-temporel, dans l’attente du jour où ils seront libérés de leurs souffrances.

Ce sont ces personnes, presque des fantômes ayant survécu au conflit du Haut-Karabagh entre Arméniens et Azéris qui dure depuis près de vingt ans, que le cinéaste montre et écoute dans son film. Derrière eux, derrière leurs corps errants, derrière leurs délires, ce qui reste de l’effondrement de l’Union Soviétique au Caucase : des ruines, des espaces inhabités, des tombes, des vestiges de guerre, des tranchées d’où des soldats guettent un ennemi invisible.

Avec une composition inspirée d’images et de sons, Pierre-Yves Vandeweerd transforme la matière de l’histoire en poésie, là où la condamnation de l’Homme sur terre est celle de vivre et non de mourir.

 

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Essais

Les guerres perdues de Youri Beliaev

Grasset - 2018

Youri Beliaev : élu député du Soviet de Leningrad en 1990 sur une liste nationaliste. Marié, deux fils, dont un mort brutalement. Surnoms : Papa Muller, le Chat, le Petit bonhomme en pain d’épice... Admirateur de Benito Mussolini et, « avec des réserves », d’Adolf Hitler. Supporter du Zénith Saint-Pétersbourg, il aime les films soviétiques, les animaux et la lutte gréco-romaine.

Le CV de Youri Beliaev n’avait rien d’attirant. Il intrigue pourtant Pierre Sautreuil, pigiste de 21 ans tout juste débarqué en Ukraine pour y couvrir la guerre du Donbass. Ancien flic devenu mafieux, millionnaire déchu, chef de parti d’extrême droite, vétéran du conflit yougoslave soupçonné d’avoir tué 64 Bosniaques et tenté d’assassiner Eltsine, fugitif recherché en Russie, Youri Beliaev a décidé, à 58 ans, de se mettre au vert sur le front de Lougansk. Drôle d’endroit pour se planquer...

Lorsque Pierre le rencontre, il ne voit qu’un vieil homme un peu fatigué, bras droit du commandant « Batman », un seigneur de guerre qui cherche à se tailler une part du gâteau ukrainien. Mais très vite, entre l’apprenti reporter et le mercenaire sur le retour, se noue un lien fait de confessions troubles, d’une affection tangible et d’une certaine fascination. Tandis que les obus dévastent la steppe glacée, Pierre découvre et partage l’histoire rocambolesque d’un homme prêt à tout, jusqu’à l’innommable, pour rendre à la Russie sa gloire d’antan et assouvir ses ambitions. Au fil des pages, Youri disparait, Youri se cache, Youri échappe à un attentat, fait de la prison, s’échappe... Et Pierre le poursuit, s’inquiète, tente de comprendre. Salopard, fasciste, criminel de guerre néonazi, ou rebelle dans une société russe dont toutes les portes sont fermées ? « T’as le droit de pas aimer ce qu’il a à vendre, mais au moins, lui, il se bat », dit à Pierre un des derniers copains de Youri.

A travers le portrait d’un homme, le récit romanesque d’une amitié improbable, et une traversée épique, burlesque et terrible, du Donbass à Moscou, de la Bosnie à la Tchétchénie, Les guerres perdues de Youri Beliaev nous fait découvrir une Russie qui ne s’est jamais remise de la chute du Bloc soviétique. Exaltant et totalement original.


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Romans

Sans capote ni kalachnikov

Mémoire d’Encrier - 2017

Point de vue de l’éditeur : Au-delà de la guerre, de ce qui l’a provoquée et des dérapages, racontés par deux ex-soldats rebelles, Blaise Ndala fait le récit d’un monde obsédé par la célébrité et par la marchandisation de la misère. Tout ceci avec comme trame de fond un capitalisme sauvage où la guerre sert à exploiter les richesses minières des pays africains.

Rwenzori, Afrique des Grands Lacs. Fourmi Rouge et Petit Che traquent les ombres fuyantes du conflit le plus meurtrier depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ils se sont rebellés contre le dictateur qui a coincé le pays entre une espérance de vie en chute libre et une constipation électorale bien carabinée. Ce qui hante pourtant leur esprit dépasse les aléas du jeu politique. Leur obsession a un nom : Véronique Quesnel, cinéaste attirée par cette république déclarée « centre de gravité de la misère nègre ». Connaîtront-ils le vrai visage de celle qui, de Montréal à Hollywood, draine les foules ? Parviendront-ils à découvrir la vérité et à s’inventer un avenir ?

Point de vue de l’auteur : Si la misère ne faisait pas le bonheur, pas une seule célébrité n’irait au soleil voir si elle y est moins pénible ; et si elle n’était pas cotée en bourse, aucun riche n’y investirait sa fortune. Ce roman est une auto-dénonciation : je viens avouer au lecteur que j’appartiens à ce e société du spectacle qui participe, d’une crise à l’autre, à la mise en abîme de « l’aide » aux pauvres. Je viens lui tendre ma joue pour qu’il y balance la gifle qui me rappellera mon statut de comparse. Du Kivu au Congo, aux Gonaïves en Haïti, la danse du ventre de « l’egocharité » n’aurait peut-être pas séduit autant si j’avais fait de moi-même un homme qui s’interroge. Si je n’avais pas feint d’ignorer que nous ne donnons plus pour vaincre la misère que nous montre CNN, mais bien pour nous assurer que nous sommes le nombril du monde. C’est donc pour sortir de ma torpeur que j’ai écrit cette fiction, car si elle est auto-dénonciation, elle est avant tout monologue.