Guerre des mémoires, temps de l’Histoire
8 mai 2018.
Quand l’histoire ne « passe pas », comme on dit d’une arête qui vous reste en travers du gosier, se déclenche à coup sûr la guerre des mémoires, dont on ne sortira qu’en affrontant de part et d’autre son passé, pour que vienne le temps d’une histoire partagée. Un immense chantier.
Une rencontre avec Rachid Benzine, Pascal Blanchard, André Versaille, Pascal Ory.
Dim. 14, Grande Passerelle 1
Nour : Pourquoi je n’ai rien vu venir ?
Lecture du beau texte Nour, pourquoi je n’ai rien vu venir (Le Seuil) de et par de Rachid Benzine, islamologue, chercheur, qui prône une lecture éclairée du Coran à l’aune des sciences humaines. Suivra à 15h30 une rencontre « Banlieues, un autre monde ? ». Des « territoires perdus », des mondes devenus étrangers, obéissants à d’autres lois ?
Avec Rachid Benzine, André Versaille (Les musulmans ne sont pas des bébés phoques) et Bernard Ravet (Principal de collège ou imam de la République). Puis les films de Ladj Ly (ci-dessous).
Sam. 14h15, Grande Passerelle 1
Chroniques de Clichy-Montfermeil
De Ladj Ly et JR, 2017
14 ans après leur projet Portrait d’une génération, une série de portraits des habitants des Bosquets qu’ils collaient en grand format sur les murs du quartier, les artistes et cinéastes JR et Ladj Ly filment la conception et l’installation d’une fresque monumentale qui dresse un portrait singulier des habitants de Clichy-Montfermeil où se déclenchèrent les révoltes populaires qui secouèrent la France en 2005. Précédé à 16 h 15 du court-métrage Les Misérables.
Sam. 17h, Grande Passerelle 1
Redif : Lun. 17h, Grande Passerelle 2
En finir avec le déni
Vous pouvez crier « la paix ! la paix ! » nier l’évidence, céder sur tout, il n’en reste pas moins ce que chacun perçoit. En finir avec le déni, les contournements sémantiques, les « mots tabous » brandis : une exigence qui nous oblige à nous interroger sur nous-mêmes et prendre à bras-le-corps une réalité complexe.
Avec Pascal Blanchard, Rachid Benzine, André Versaille, Bernard Ravet
Lun. 14h, Rotonde Surcouf
L’art du pamphlet, guerre des mots
Tout le contraire des injures échangées aujourd’hui sur les plateaux de télévisions. Car le pamphlet exige une pensée affûtée, et pour la servir, par-dessus tout, du style – à l’opposé des débondages actuels. Face aux maîtres du genre, autrefois, nous vient le sentiment que nous jouons aujourd’hui trop souvent « petit bras ». Le pamphlet, une hygiène de la pensée ? L’art du pamphlet toujours vivant. Avec Patrick Rambaud, Gérald Bronner, André Versaille et Pierre Jourde.
Lun. 10h, salle Maupertuis
DERNIER OUVRAGE
Récit
Winter is coming
« Après coup, on ne peut pas s’empêcher de revenir sur les jours d’avant, comme pour prendre la mesure de son aveuglement d’alors. On se regarde ne pas savoir, on se regarde vivre alors que cela n’est pas encore arrivé, on s’étonne de ce fragile bonheur. Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, les naissances, les après-midi dans le jardin, les journées sur la plage, les histoires racontées le soir aux enfants, les photographies et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où l’on a su. Ta photographie d’enfant joyeux est celle, à jamais, d’un enfant qui va bientôt mourir. »
Un des trois fils de Pierre Jourde, Gabriel, est mort à vingt ans. Le récit évoque la dernière année de ce jeune homme plein de charme et de joie de vivre, doué pour les arts plastiques et la musique. La figure radieuse de « Gazou » hante le récit de la maladie : les anecdotes du bonheur enfui ponctuent l’élégie. Un texte poignant sur le deuil et l’amour paternel.
Revue de presse
- "La dure clarté d’esprit avec laquelle il s’observe et dépeint ces mois fait partie de ce qui rend le magnifique Winter is coming aussi difficile à lire que nécessaire." (Raphaëlle Leyris, Le Monde)
- "Dans ce récit, dont les dernières pages sont littéralement insoutenables, l’auteur de « Pays perdu » fait le portrait, à la sanguine, du fils perdu." (Jérôme Garcin, BibliObs)
DERNIER OUVRAGE
Récit
Emmanuel Le Magnifique
Grasset - 2019
Un soleil nouveau s’est levé sur la France. Est-ce Austerlitz ? Ou bien le sacre ? Au printemps de l’an de grâce 2017, Emmanuel le Magnifique est entré dans l’histoire, costume de banquier et sceptre à la main : jeune prince à la voix grêle, aux régiments start-up, annonçant un monde rénové. Fini, les rois fainéants ! Adieu, les rois chevelus ! Aux oubliettes, François le Petit, gaffeur, trempé, roi de la parlotte à l’embonpoint d’employé modèle. Aux barbaresques, Nicolas le Flambard, et son cortège d’embrouilles à talonnettes !
Après le dernier règne socialiste, voici la nouvelle saison du Royaume made in France : inattendue, pleine d’espoirs, impérieuse. Make France great again ! Dans le temps nouveau, Arcole est sur le câble, et les ennemis se nomment Plenel et Bourdin, non Mélenchon et Olivier Faure…
Entre House of cards et Game of thrones, voici la chronique facétieuse, attendue, hilarante, d’un règne si neuf qu’il ressemble au précédent. Petit guépard deviendra peluche ?
Chaque président espère sa chronique par notre grognard de la littérature : Voici le président Macron servi !
DERNIER OUVRAGE
Essais
Olympisme, une histoire du monde. Des Jeux Olympiques d’Athènes 1896 aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
La Martinière - 2024
Cet ouvrage de référence sur les 30 Jeux Olympiques d’été, de 1896 à 2024, rend hommage aux athlètes à travers plus de mille images exceptionnelles. Une soixantaine de spécialistes, français et internationaux, offrent en parallèle un panorama complet de chacune des olympiades et proposent une « histoire-monde » résolument transnationale de l’olympisme moderne. Au cours de ces 130 années de Jeux Olympiques se dessinent les grandes mutations de nos sociétés et leurs enjeux politiques, économiques et culturels.
Ce catalogue de l’exposition présentée au Palais de la Porte Dorée d’avril à septembre 2024 retrace la construction des États-nations, l’émergence de la culture de masse, l’entre-deux-guerres marqué par l’opposition entre totalitarisme et démocratie, la Guerre froide, les vagues de décolonisation ou encore les revendications des minorités et des pays émergents. Il évoque aussi la mondialisation économique et le gigantisme des Jeux Olympiques d’aujourd’hui, la reconnaissance du paralympisme, sans oublier d’aborder les questions éthiques et sociétales qui traversent le mouvement olympique en ce XXIème siècle.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Ce cher et vieux pays…
Gallimard - 2023
« L’histoire politique de ce pays est, depuis soixante-cinq ans, à contre-courant de la tendance générale de son époque. Il n’est pas sûr que la plupart des Français aient pris conscience de cette originalité. » Pascal Ory
Ces Français sont bien étranges. Comparons le « cher et vieux pays » du général de Gaulle à tous les pays voisins ; que voyons-nous ? L’infinie variété de la démocratie libérale, avec ses régimes foncièrement parlementaires, gagés sur un pouvoir exécutif limité. En face de ce peuple de roseaux, un seul chêne : la France de la Ve République. Parlons démocratie représentative, démocratie participative : nous sommes en Suisse. Parlons démocratie autoritaire : nous sommes chez nous.
De ce constat peuvent découler deux hypothèses opposées, selon que l’on considère ce particularisme comme un atout précieux ou comme un mauvais présage.
Affaire d’institutions, assurément, mais qui ne voit que ce centralisme, cette verticalité, ce présidentialisme viennent de loin ? Qui peut prédire que cela changera bientôt, voire jamais ? Et qui peut affirmer que, quelque part, nous n’y trouvions pas notre compte ?
- « L’historien et académicien Pascal Ory déplore le centralisme autoritaire de la politique française, qui culmine dans nos institutions. Cela explique, selon lui, nos blocages. » Le Figaro
- « Dans son dernier tract, « Ce cher et vieux pays… » (Gallimard), Pascal Ory, professeur émérite d’histoire à la Sorbonne et membre de l’Académie française, analyse le rapport singulier que les Français entretiennent avec la démocratie. » Marianne
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Entretiens
Des mille et unes façons d’être juif ou musulman - Dialogue
Seuil - 2017
Pourquoi ce livre ?
Intervenant l’une et l’autre sur la scène intellectuelle et médiatique française et sur des thèmes assez semblables, il était inévitable que nous ayons envie de nous rencontrer et que nous y parvenions un jour.
L’une est rabbin, l’autre est islamologue. L’une est femme et l’autre homme, et ce n’est pas une mince différence ! Juive ou musulman, nous le sommes chacun de manière singulière… Il y a mille et une façons d’être juif ou musulman !
Mais au-delà de nos différences, nous avons tous deux compris que la Bible et le Coran n’étaient pas étrangers l’un à l’autre. Et tous deux nous revendiquons la liberté de la recherche et de la parole religieuses : une liberté responsable, qui prend en charge les questions et affronte les conflits. Or, de nos jours, partout des fondamentalismes et des mouvements identitaires se prévalent de traditions anciennes qu’ils croient pouvoir faire remonter aux origines de leur foi.
Nous en sommes convaincus : être « héritier » ne consiste pas à mettre ce qui a été reçu dans un coffre fermé à clé, mais à le faire fructifier. Cela ne consiste pas à reproduire à l’identique ce qui a été reçu, mais à le renouveler.
Nous espérons que notre parole libre et résolument fraternelle fera surgir beaucoup d’autres paroles libres et fraternelles !
D. H. et R. B.
Revue de presse
- "Un dialogue fraternel qui cherche le sol commun sans le consensus obligé. " (Marie Denicuil Philosophie magazine)
DERNIER OUVRAGE
Le danger sociologique
PUF - 2017
Le monde contemporain a plus que jamais besoin des éclairages de la sociologie : post-truth society, instabilité politique dans les pays démocratiques, montée des populismes… Mais cette discipline à vocation scientifique est prise en otage par ceux qui veulent en faire un « sport de combat » politique. Ce livre s’adresse donc à tous ceux qui s’intéressent aux faits sociaux et sont inquiets ou étonnés des dérives intellectuelles de certaines figures reconnues des sciences humaines et sociales. Les sociologues ne sont pas immunisés contre les biais cognitifs qui peuvent nous égarer dans des récits idéologiques et outranciers : dans ce cas, toutes les conditions sont présentes pour que la sociologie « tourne » en une production plus militante que proprement scientifique. Il est donc temps pour eux de sortir de leur sommeil dogmatique et de s’astreindre aux règles qui régissent la cité des sciences. C’est ce que ce livre propose, en convoquant des données issues tout aussi bien de la sociologie que des sciences du cerveau dans le but de rendre accessibles aux non-spécialistes les enjeux fondamentaux que représente ce continent de la pensée.
Revue de presse
- Avec méthode, sans polémiquer outre mesure, Bronner et Géhin expliquent que le comportement des acteurs sociaux ne saurait être le simple reflet de leur milieu ou de leur formation, mais qu’il comprend une part importante de choix individuels, de décisions personnelles, d’arbitrages entre plusieurs lignes d’action possibles, qu’on ne peut ramener seulement, même en dernière instance, à l’« habitus » bourdieusien. Ils puisent aussi - Horresco referens - dans les remarquables avancées de la neurobiologie, c’est-à-dire aux sources d’une science extérieure à la sociologie, qui vient compléter l’analyse des comportements des acteurs par l’exploration - scientifique, pour le coup - des mécanismes du cerveau humain. (Laurent Joffrin, Libération)
- La sociologie considère majoritairement et à tort l’action humaine comme entièrement déterminée par des structures sociales cachées ; elle donne à ces structures des noms abstraits (l’Etat, la société…), leur attribue un pouvoir exagéré sur les individus et, pire, des « intentions », comme celle de reproduire l’ordre existant ou de dominer les plus faibles.
Pour les deux auteurs, cette sociologie flatte l’individu dans ses instincts les plus bas et conforte ses intuitions les plus erronées, comme l’idée que nous sommes victimes de projets malveillants. (…) Pour Bronner et Géhin, il serait urgent de rompre avec ces raisonnements et d’aller puiser dans les recherches menées par la psychologie expérimentale et les neurosciences. Leur présentation de ces recherches sur le fonctionnement du cerveau est la part la plus originale du livre. (Gilles Bastin, Le Monde des Livres)
- L’auteur souhaiterait « sortir la discipline de l’isolement dans lequel elle est en train de s’enfoncer » (Irène Inchauspé, L’Opinion)
- Dans un pamphlet assumé, “Le Danger sociologique”, Gérald Bronner et Etienne Géhin attaquent de front la tradition déterministe des sciences sociales : à savoir les fondements mêmes de la sociologie. Un essai controversé qui rallume une vieille guerre de tranchées entre des courants de plus en plus irréconciliables. (Jean-Marie Durand, Les Inrockuptibles )
- Régis Debray a soutenu que les places fortes des clercs laïques qui succédèrent aux religieux furent en France l’université, puis l’édition, et enfin les médias. Et, depuis quelques décennies, ce sont les sciences humaines à qui nos médias demandent les clés du bon, du beau, du vrai, du juste et du bien. Plus exactement, à la sociologie, et plus précisément encore à la sociologie déterministe (…) Gérald Bronner et Étienne Géhin dénoncent ici les dérives d’une frange de la sociologie qui préfère les a priori idéologiques à l’argumentation scientifique. (Philippe Meyer, Le Point)
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Récit
Principal de collège ou imam de la république ?
Kero - 2017
Quinze années durant, Bernard Ravet s’est tu. Parce que son statut de principal de collège le lui imposait – le devoir de réserve du fonctionnaire. Parce que, dans les collèges de ZEP classés « Violence » qu’il dirigeait, les journées étaient rythmées par une alternance du grave et de l’urgent qui ne laissaient pas une seconde à l’introspection. Mais aussi pour ne pas craquer.
Aujourd’hui à la retraite, il s’est décidé à parler. À raconter sa vie, qui est celle de tout le personnel envoyé dans ces établissements ghetto. La violence. La montée du religieux. Les familles au mieux absentes, au pire fracassées. L’hypocrisie et le clientélisme des politiques. L’immense solitude des personnels de direction et des enseignants qui ressentent un profond sentiment d’abandon par leur hiérarchie.
Une vie qui tient de celle du commissaire de police, du directeur d’ONG pédagogique et, de plus en plus, face à la montée du religieux, d’imam de la république. Avec, pourtant, chevillée au corps, la conviction qu’il est encore possible d’agir pour que des élèves otages de leur environnement échappent à cette fatalité.