CAUJOLLE Christian

France

15 mars 2018.

Formidable passeur et découvreur, auteur, critique et commissaire, ce personnage mythique de la photographie a joué un rôle capital pour lui donner toute sa place dans le monde de l’art et dans la presse. Formé aux côtés de Michel Foucault, Roland Barthes et Pierre Bourdieu, il débute en 1981 comme directeur de la photographie à Libération, fonde l’agence VU (1986) (puis la galerie eponyme), le magazine Polka (2008) et signe plusieurs catalogues et monographies, dont celles de Lartigue, Klein, Salgado, Raymond Depardon… Commissaire de nombreuses expositions, il porte depuis 25 ans un des regards les plus pertinents et respectés sur la photographie contemporaine.

 

Né en 1953 dans l’Ariège, c’est en découvrant l’œuvre de Jean Dieuzaide lors de ses études à Toulouse que née sa passion pour la photographie. À partir de 1975, par l’entremise d’Agathe Gaillard et sa galerie à Paris, il rencontre parmi les plus grands photographes de son temps tels Bill Brandt, Cartier-Bresson, Boubat, Izis, Charbonnier, Kertész ou encore Brassaï.
Après des études à l’École Normale Supérieure, où il est l’élève et le collaborateur de Michel Foucault, Roland Barthes et Pierre Bourdieu, il est engagé comme reporter à Libération. Il devient directeur de la photographie quelques années plus tard, contribuant largement à donner son identité visuelle au journal.

En 1986, il fonde la célèbre agence photographique VU (il deviendra directeur de la galerie du même nom en 1998). Incontournable dans la photographie, il ne cesse plus par la suite de promouvoir cet art à travers le monde : enseignant à Normale Sup, conseiller, organisateur d’expositions, il est nommé directeur artistique des Rencontre d’Arles en 1997, collabore avec PhotoEspaña à Madrid… Dans les années 2000, il est régulièrement commissaire invité de nombreuses expositions. En 2008, il créer le festival photographique de Phnom Penh, le plus grand rendez-vous annuel de la photographie en Asie du Sud-est et participe la même année à la création du magazine Polka.

Il est l’auteur de plusieurs catalogues et monographies, dont celles de Jacques Henri Lartigue, William Klein, Sebastiao Salgado, Peter Beard, Gisèle Freund, Raymond Depardon, Jenny de Vasson. Il est également l’auteur de nombreuses préfaces.

Sa collection personnelle de tirages est gigantesque, et il a rencontré, parfois révélé, des centaines de photographes. Depuis plus de vingt-cinq ans, il accompagne la photographie et ses auteurs de son œil grand ouvert : Chritian Caujolles porte aujourd’hui un des regards les plus pertinents et respectés sur la photographie contemporaine.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 

Mai 68 - État des lieux

André Frère éditions - 2018

Mai 68, ce sont bien sûr les événements qui vont enflammer la France, mais c’est aussi la naissance d’un photographe important dont, à l’époque, les images ont été à peine vues et publiées.
Le 3 mai au soir, Claude Dityvon entend sur les ondes l’annonce des premières émeutes du quartier Latin, et dès le lendemain, il quitte l’appartement dans lequel il refait les peintures afin de gagner sa vie, pour aller photographier son Mai 68. Il photographie pour lui, il se fait son album personnel, il suit le mouvement, il improvise, il accompagne, ne cherche pas à être sur les moments chauds et médiatiques, « il accumule les images des entre-deux, les temps significatifs mais peu spectaculaires. Il veut donner à voir ce qui est entre les choses », dit Christian Caujolle. Il ne travaille pour aucun support, et, loin d’un Caron qui produira des images précises et iconiques, Claude Dityvon, lui, proposera une « antiphotographie de presse ». Comme il le disait : « Je me permettais toutes les audaces, flou, bougé, gros plan. Je photographiais en toute liberté, sans aucune contrainte. » Il affirme un ton, une manière de voir et crée « une écriture visuelle ». C’est ainsi qu’une nuit, il nous offrira cette image extraordinaire d’un jeune homme assis sur une chaise, à 2 heures du matin, enveloppé de gaz lacrymogène sur le boulevard Saint-Michel, semblant « narguer l’ultime assaut d’un escadron de CRS ».