OZOUF Mona

France

11 mars 2019.

Historienne, philosophe, spécialiste de la Révolution française et de l’école publique, elle explore inlassablement dans son œuvre deux siècles d’Histoire de France à travers une pensée critique aussi nuancée qu’anticonformiste. Son Dictionnaire critique de la Révolution française, en collaboration avec François Furet, reste encore aujourd’hui une de ses œuvres majeures.
Son dernier ouvrage retranscrit les généreuses conversations auxquelles elle a participées lors de « Répliques », émission hebdomadaire d’Alain Finkielkraut. Cet essai dessine son parcours intellectuel, toujours engagé et original, depuis ses travaux fondateurs sur la Révolution française jusqu’à ce qu’elle appelle ses « échappées belles » en littérature.

 

Mona Ozouf, historienne et philosophe, retrace au fil de son œuvre près de deux siècles d’Histoire de France à travers une pensée critique aussi nuancée qu’anticonformiste. Ancienne directrice de recherche au CNRS, elle est l’une des plus grandes spécialistes de la Révolution française, dont les travaux ont été récompensés en 2004 par l’Académie française (Prix Gobert) puis en 2014 par la BnF. Elle a notamment fait de l’école publique et de la République les thèmes principaux de ses réflexions.

En 2014, avec son Jules Ferry : La liberté et la tradition, elle brosse un portrait sans concession de l’homme “le plus haï de notre vie politique” tout en engageant une réflexion sur sa postérité. Elle publie l’année suivante De Révolution en République, les chemins de la France, un ouvrage qui constitue une remarquable synthèse des travaux historiques entrepris par Mona Ozouf sur cinq décennies. L’histoire qu’elle nous raconte - située entre la Révolution de 1789 et la Guerre de 1914 - permet de comprendre quelques traits de l’identité française, tant questionnée aujourd’hui. La République n’est pas qu’une simple représentation exaltée, ni un bloc monolithique, elle ne s’est pérennisée en France qu’au prix de nombreux accommodements. De Révolution en République met en lumière les différences entre « les » France vécues et « la » France voulue par les penseurs de la Révolution et de la République…

La réédition en poche du Dictionnaire critique de la Révolution française écrit en collaboration avec François Furet, et auquel ont collaboré près de 24 auteurs, est l’occasion de (re)découvrir un de ses œuvres majeures. Publié à la veille du bicentenaire de la Révolution, cette somme de cinq tomes fit grand bruit à l’époque, permettant de refonder durablement l’historiographie sur la question : une lecture critique de la Révolution qui met à mal deux cent ans de visions idéologiques et de détournements symboliques. Une lecture éclairée de l’événement fondateur de la nation française, qui résonne toujours avec force aujourd’hui.

L’intégralité de l’œuvre de Mona Ozouf témoigne aussi de sa passion dévorante pour la littérature. A travers certains de ses ouvrages, comme La Muse démocratique, Henry James ou les pouvoirs du roman (1998) et Les Aveux du roman. Le XIXe siècle entre Ancien Régime et Révolution (2001), l’historienne s’interroge sur la littérature et ses pouvoirs à travers le temps.

C’est également avec brio qu’elle s’attache depuis longtemps à mettre en avant des figures féminines, comme en témoigne son livre Les Mots des femmes : essai sur la singularité française (1995). En passant par Manon Roland pour le XVIIIe siècle, Germaine de Staël au tournant du XIXe, George Sand et Colette qui ouvrent le XXe, ou encore Simone Weil et Simone de Beauvoir, Mona Ozouf étudie la condition féminine au fil des siècles, pour aboutir à une réflexion sur ce que représente la notion actuelle de "féminisme".

Cette démarche, elle la poursuit avec son nouveau livre, L’autre George. À la rencontre de George Eliot. En se penchant sur l’œuvre de la romancière anglaise, la philosophe nous invite à effectuer "une promenade dans la forêt de ses romans". George Eliot (1819-1880) a marqué de grands écrivains, tels que Léon Tolstoï, Marcel Proust et D. H. Lawrence. Certains, comme Henry James et Virginia Woolf, lui ont même consacré quelques écrits. C’est en effectuant un parallèle avec George Sand que Mona Ozouf nous plonge dans les romans aux héroïnes admirables de George Eliot. Elle nous éclaire sur le courage de l’écrivaine et sa velléité à se faire une place au sein d’une société victorienne aux mœurs étriquées.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Pour rendre la vie plus légère

Stock - 2020

"Pourquoi la littérature ? Parce que la littérature nous pourvoit de dons que nous n’avons pas. Elle nous pourvoit immédiatement de l’ubiquité. Grâce à la littérature, nous vivons dans des pays, des villes où nous n’avons jamais posé le pied. Grâce à la littérature, nous pouvons reculer vers des époques révolues. Il y a une sorte d’immense liberté que donne la pratique des livres, et que nous n’avons pas. La démultiplication de l’existence dans la littérature est une chance précieuse". Ce volume contient les principales émissions faites par Mona Ozouf à "Répliques" , sous la direction d’Alain Finkielkraut : sur les femmes et la singularité de leur écriture ; sur les livres comme "patrie" ; sur la galanterie française ; sur la civilité ; sur le Panthéon ; sur la Révolution française ; sur Henry James ; sur George Eliot. Les partenaires avec lesquels elle dialogue ici sont Diane de Margerie, Claude Habib, Pierre Manent, Geneviève Brisac, Philippe Belaval, Philippe Raynaud, Patrice Gueniffey. C’est tout un parcours intellectuel qui est ici dessiné, depuis ses travaux fondateurs sur la Révolution française jusqu’à ce qu’elle appelle ses "échappées belles" en littérature. Mona Ozouf est une "figure aussi discrète que rayonnante de la scène intellectuelle française", comme l’écrit Jean Birnbaum dans Le Monde. A bonne distance de tous les enrôlements et de toutes les assignations identitaires, elle maintient inébranlable le souci d’une ligne originale.

Entretiens avec Alain Finkielkraut, dans l’émission Répliques

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