Kerouac- Gwernig, une histoire d’amitié

Avec Annaïg Baillard, René Tanguy

20 juin 2017.
 

Avec Annaïg Baillard, René Tanguy
Animé par Josiane Guéguen

 

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Sad Paradise

Locus Solus - 2017

« Tu me manques vraiment. Je crois que tu es le seul homme que je connaisse aujourd’hui dont la conversation et la présence sont un cadeau ». Écrite par Jack Kerouac - initiateur de la Beat Génération, pour qui, on le sait, la fraternité était une forme d’oxygène - cette phrase adressée à Youenn Gwernig résume l’intensité et la sincérité de l’amitié fulgurante qui réunit l’un des plus grands écrivains américains du 20e siècle et un poète,musicien et sculpteur breton, alors inconnu. Noué en 1966, ce fil fut rompu en 1969, avec la mort de Jack.

Pendant ces trois années, une relation épistolaire entre les deux artistes s’accompagne de rencontres mémorables, de virées nocturnes, de cuites gigantesques… Ils discourent de littérature et d’art, mais le vrai sujet de leur débat est la Bretagne, son histoire, sa culture.

Jack Kerouac, dont l’origine de la famille est bretonne est obsédé depuis toujours par le mystère de sa généalogie. Il n’aura pas le temps de percer ce mystère. Les difficultés financières et sa dépendance à l’alcool ne feront que reporter à l’infini ce retour aux sources. Il meurt en octobre 1969, avec le billet d’avion dans la poche. Il ne rejoindra pas Youenn dans ce Centre-Bretagne dont ils étaient originaires.

Les lettres reproduites en fac-similé dans ce livre en font l’histoire. Les photographies de René Tanguy en fixent la géographie . Orpailleur fétichiste, traquant les miettes de destinée de Youenn et Jack, ses deux “grands frères” éclaireurs, sur la rivière Merrimack au Canada, à New York ou au fond des Monts d’Arrée, il s’est découvert archéologue de son identité, écrivant sa propre fiction.

Ce livre de photographie à la fragilité revendiquée associe l’énergie géniale de Jack, la fidélité de Youenn et l’hommage, hanté et reconnaissant, que leur rend René, dans un chant visuel où le passé décomposé et l’oubli omniprésent, improvisent des instantanés d’amitié. On peut aussi y voir un état de la grâce primitive d’un monde volontairement indéfini, cueilli juste avant son effacement imminent.