(Ré)écoutez l’après-midi "Le Souci des gens"

22 mai 2017.
 

Le soucis des gens

Avec Alice Diop, Raphaël Krafft, Gérard Mordillat, Anne Nivat
Ceci n’est pas la qualité la plus frappante de notre littérature – dans un pays pourtant si prompt à se draper dans le drapeau de sa Révolution. Mais imagine-t-on chez nous des gardiens de vache agrandis aux dimensions de héros mythologiques, comme ailleurs dans le western ? Les gens ! Tout juste paraissent-ils bons chez nous pour des enquêtes sociologiques. Aussi, quel bonheur quand nous rencontrons des œuvres où nous pouvons nous reconnaître en notre commune humanité ! Avec la réalisatrice Alice Diop, dont l’œuvre est marquée par ce souci du monde. Tout comme Gérard Mordillat Vive la sociale ! Seuil). Anne Nivat, reporter de guerre, nous propose une enquête saisissante au plus près des gens (Dans quelle France on vit, Fayard). Et Raphaël Krafft, journaliste engagé qui dans un récit d’une grande fraîcheur relate son propre basculement, de la posture de journaliste observateur à celle d’acteur de la désobéissance civile. Une rencontre qui suivra Retour à Forbach de Régis Sauder (voir ci-dessous).


Suivi du film : Régis Sauder : Retour à Forbach
Il s’était fait connaître en 2011 par un Nous, princesses de Clèves, tourné dans les quartiers nord de Marseille, en réponse à la saillie fameuse de Nicolas Sarkosy. Né à Forbach, il y a fait retour après l’élection de Florian Philippot (FN) au conseil municipal, a tourné pendant 3 ans dans « ce pays de malheur », abandonné, en voie de désertification, filme au plus près les gens, « tresse ensemble les fils de la pauvreté, de la honte et de la misère ». Un film digne, sensible, où malgré poids du malheur passe un vent d’espérance.


Le cinéma d’Alice Diop

Rencontre avec la réalisatrice du film "Vers la tendresse".

Son nouveau film, Vers la tendresse, a reçu le César 2017 du meilleur Court-Métrage. À travers l’errance d’une bande de jeunes hommes, l’exploration intime du territoire masculin d’une cité de banlieue, où les corps féminins ne sont plus guère que des silhouettes fantomatiques et virtuelles, tandis qu’en voix-off des récits intimes dévoilent sans fard la part insoupçonnée de leurs histoires et de leurs personnalités. Un miracle de sensibilité et de justesse.
La Permanence a bouleversé le public du Cinéma du réel : dans une pièce vétuste de l’hôpital Avicenne, Alice Diop a filmé pendant un an les consultations d’un médecin qui reçoit les migrants malades, brisés par l’exil, l’expression des visages, l’entrecroisement des histoires et des voix.
Deux grands films…

Vers la tendresse - Alice Diop
 

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Romans

La Tour abolie

Albin Michel - 2017

« Quand les pauvres n’auront plus rien à manger, ils mangeront les riches. »

La tour Magister : trente-huit étages au cœur du quartier de la Défense. Au sommet, l’état-major, gouverné par la logique du profit. Dans les sous-sols et les parkings, une population de misérables rendus fous par l’exclusion. Deux mondes qui s’ignorent, jusqu’au jour où les damnés décident de transgresser l’ordre social en gravissant les marches du paradis.
 
Avec la verve batailleuse qui a fait le succès de La Brigade du rire, Gérard Mordillat, l’auteur de Vive la sociale ! et de Les Vivants et les morts, livre une fable prodigieuse sur la société capitaliste et la révolte de ceux qu’elle exclut.


Revue de presse

 

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Essais

Un continent derrière Poutine ?

Seuil - 2018

En mars 2018, au moment de la publication du livre, le peuple russe se prononcera sur la réélection de Vladimir Poutine à la tête du pays. Selon toute probabilité, alors que sa personnalité suscite débat et controverse à l’extérieur de ses frontières, mais aussi dans certains cercles en Russie, cette réélection sera une formalité. Par le choix subjectif de quelques rencontres sans tabou, ces portraits de plusieurs familles ou couples montreront le peuple dans sa complexité, donneront à voir en quoi Vladimir Poutine l’a fait évoluer, à travers une palette de points de vues réalistes. Et pas seulement dans les zones urbaines ni exclusivement dans la Russie occidentale. A travers ces portraits, Anne Nivat raconte en quoi ce pays n’est pas tout à fait celui qu’on nous décrit en Occident. En quoi voter Poutine n’est pas, dans la tête des Russes, forcément voter pour un “dictateur”. Montrer l’étendue des possibilités et des situations dans cet immense pays, en commençant par l’extrême-est pour remonter, comme, en son temps, le Nobel de littérature Vladimir Soljenitsyne, jusqu’à sa partie européenne. Conter la vie des Russes ordinaires baignés dans le système “poutinien”, évoquer l’attitude “compréhensive” vis-à-vis de la corruption, la fin de l’humiliation versus la stabilité du pouvoir, pourquoi même les opposants ne remettent pas en cause l’annexion de la Crimée, le post-capitalisme…

 

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Filles du feu

Persécutés par des ennemis implacables – l’État islamique, l’armée turque et les troupes du régime de Bachar Al-Assad –, les Kurdes de Syrie se sont soulevés, les femmes ayant pris les armes comme les hommes. Pendant sept mois, le film les suit dans leur vie de tous les jours.

 

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Documentaire

Vers la tendresse

Les films du Worso - 2016

Ce film est une exploration intime du territoire masculin d’une cité de banlieue. En suivant l’errance d’une bande de jeunes hommes, nous arpentons un univers où les corps féminins ne sont plus que des silhouettes fantomatiques et virtuelles. Les déambulations des personnages nous mènent à l’intérieur de lieux quotidiens (salle de sport, hall d’immeuble, parking d’un centre commercial, appartement squatté) où nous traquerons la mise en scène de leur virilité ; tandis qu’en off des récits intimes dévoilent sans fard la part insoupçonnée de leurs histoires et de leurs personnalités.


Revue de presse :

« De la violence misogyne à la possibilité d’aimer : tel est le mouvement ascendant de Vers la tendresse, film d’une grande beauté et porteur d’espoir. »
François Ekchajzer, Télérama

« La jeune cinéaste Alice Diop aime poser son regard sur les zones en lisière. Son court métrage "Vers la tendresse", (…) explore l’intimité amoureuse de quatre jeunes hommes de la banlieue parisienne. Une réussite cinématographique. »
Sylvie Braibant, TV5 Monde

 

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Biographie

Les jours barbares

Les Éditions du sous-sol - 2017

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Frank Reichert.

Jours Barbares est le récit d’une obsession, d’un enchantement complexe. Le surf ressemble à Un sport, un passe-temps, dirait James Salter. Pour ses initiés, c’est bien plus : une addiction merveilleuse, une initiation exigeante, une passion dangereuse, un art de vivre. Né en Californie, élevé à Hawaï, William Finnegan a commencé le surf enfant. Il a traqué les vagues aux quatre coins du monde, errant des décennies durant à travers le Pacifique Sud, l’Australie, l’Asie, l’Afrique. D’un gamin aventureux, passionné de littérature, William Finnegan devint un écrivain et un correspondant de guerre renommé pour le New Yorker. À travers ces mémoires, il ressuscite son enfance, celle d’un gamin blanc dans une école publique d’Honolulu, et dépeint un monde en perpétuel mouvement, bouleversé par les luttes et les changements de ces cinquante dernières années. Il décrit avec un brio inégalé les myriades de vagues et son propre apprentissage de leurs singularités. Jours Barbares tient tout autant du roman d’initiation, du récit de voyage que de l’essai d’anthropologie. Il nous bringuebale des récifs des îles de Polynésie aux Fidji, à la recherche de la plus grande vague du monde, en Indonésie entre marché noir et épidémies de paludisme, sur les plages de Long Island et les coins cachés de Madagascar. Une vie à contre-courant,
à la recherche d’une autre voie, au-delà de l’université, des années hippies, de l’argent, du carriérisme. Au fil de ces pages, se dessine, avec une infinie pudeur, le portrait d’un homme discret et simple, qui aura trouvé dans son rapport à l’océan une échappatoire au monde et une source constante d’émerveillement. Une vie à la poursuite de la vague parfaite, l’océan vécu comme un terrain de jeu, à la fois objet de désir et de culte et pour autant adversaire, ennemi intime et mortel. Ode à l’enfance, à l’amitié et à la famille, Jours Barbares formule une éthique de vie, entre le paradis et l’enfer des vagues, où l’océan apparaît toujours comme un purgatoire.

L’écriture magnifique et baroque de William Finnegan conjuguée à l’exploration des vagues et du monde durant une moitié de siècle font de Jours Barbares un apport essentiel à la littérature du réel, à classer entre Into The Wild de Jon Krakauer, Hell’s Angels de Hunter S. Thompson et Le Grand Partout de William T. Vollmann. Jours Barbares est un de ces livres dont on ne ressort jamais tout à fait indemne, au terme d’un voyage qui, sous prétexte d’une soif insatiable des courants et des rivages, conduit à la découverte de soi-même. Un livre inoubliable à la croisée du roman d’aventures, de l’autobiographie intellectuelle, de l’histoire sociale, du récit de voyage et de la réflexion esthétique sur cet art exigeant et ésotérique qu’est le surf, une variation sur le thème de Finnegan Waves...


Revue de presse :

"J’ose dire que nous avons tous besoin de William Finnegan... Comme modèle pour une vie pleine, passionnante et vraiment vécue.”
Peter Hellman, The Wall Street Journal

“Sans aucun doute, le meilleur livre de surf jamais écrit... Comme Into the wild de Jon Krakauer, c’est un livre qui offre à lire ce qui se passe lorsque les idéaux de liberté et de pureté s’emparent d’un esprit jeune et insouciant et le propulsent dans les régions les plus lointaines du globe.”
The New York Times Magazine

 

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Récit

La chambre à récits : la passion, la vengeance et la vie dans un village

Noir sur Blanc - 2017

Dans le hameau médiéval de Guzmán (en Castille, 80 habitants), l’on se réunit depuis des siècles dans la « Chambre à récits », une pièce étroite, creusée dans le calcaire, où se partagent les histoires et le vin du pays. Si Michael Paterniti débarque un jour dans ce village, avec sa petite famille, c’est parce qu’on y produit un fromage de légende : le Páramo de Guzmán, qui est paraît-il le meilleur et le plus cher au monde. Il va y rencontrer le maître-artisan en personne, un génie volubile et magnétique, un homme au cœur brisé qui se nomme Ambrosio. Ce que Paterniti découvre à Guzmán ne ressemble en rien à la fable idyllique, au petit conte pour amateurs de slow food qu’il s’était imaginé.

Ragots, jalousies, passions terrifiantes, le village révèle peu à peu tous ses secrets (hormis celui de son fromage) et l’auteur se retrouve embarqué dans les intrigues, impliqué même. Et puisqu’il est bientôt question de préparatifs d’un assassinat…

Le journalisme narratif à son meilleur : mille digressions, des récits gigognes et une implication de l’auteur irrépressible (voire périlleuse).

Traduit de l’anglais (États Unis) par Vincent Raynaud


Revue de presse :

 

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Récit

Passeur

Buchet Chastel - 2017

Automne 2015. Raphaël Krafft, journaliste indépendant, est à la frontière franco-italienne des Alpes-Maritimes, entre Menton et Vintimille. Il réalise un reportage sur les exilés bloqués là dans l’attente de passer en France pour demander l’asile ou de continuer vers un autre pays.
 
Il rencontre tour à tour des militants, des policiers, des fonctionnaires, une avocate spécialiste des Droits de l’homme pour constater le drame de la situation. Et décide, par un acte de désobéissance civile, d’aider deux Soudanais, « Satellite » et Adeel, à franchir la frontière.
 
À pied, Raphaël Krafft, son ami Thomas et les deux réfugiés entreprennent une ascension dans le parc du Mercantour, jusqu’au col de Fenestre, qui culmine à 2 474 mètres, pour atteindre la France.


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Romans

Le Commun des mortels

L’Olivier - 2017

À quoi pense-t-il ce vieux monsieur qui semble ne penser à rien ?
Comment vit-elle cette jeune fille qui regarde ailleurs ?
Le nouveau livre de Gérard Lefort s’intéresse à un drôle de genre, le genre humain, le commun des mortels. Au hasard d’existences imaginées, il raconte des hommes et des femmes « ordinaires », des anonymes entraperçus, des passants de tous les jours, des scènes fugaces. Un petit univers au milieu du grand, une collection de vies singulières qui compose le roman cubiste de notre époque. Une époque atomisée, éclatée, mais animée aussi d’une utopie encourageante : le bonheur de vivre ensemble, malgré tout.


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Autres

Lettres d’Ogura

L’Asiathèque - 2017

Il y a un art de bien vivre et de bien vieillir propre au Japon. C’est à Ogura, petit village niché au creux d’un vallon aux pieds de montagnes des environs de Kyōto, que l’auteur nous invite à le découvrir.
Des années durant, Hubert Delahaye s’est régulièrement plongé dans ce monde en miniature où, malgré le passage des saisons et un monde en pleine mutation, le temps paraît suspendu. Empruntant le regard et la voix d’une de ses habitantes, une vieille dame à la bienveillance et la sagesse confondantes, il en a rapporté ces lettres, chroniques impressionnistes d’un Japon intime. La contemplation d’une nature débordante de vie où hommes et bêtes vivent dans une délicate harmonie est subtilement égrainée de réflexions sur les rapports entre générations, le respect des traditions religieuses, l’entraide sociale, l’abandon des campagnes, mais aussi la mémoire d’un passé douloureux, le chamboulement climatique ou les fissures dans les liens familiaux, autant d’enjeux pour toute la société japonaise contemporaine.