PEJU Pierre

France

14 avril 2017.
 
© C. Hélie

Fasciné par l’enfance, cet écrivain et professeur n’a cessé d’interroger, dans ses essais comme dans ses romans, la part d’innocence qui réside en chacun de nous. Récompensé pour ses écrits, notamment La petite Chartreuse, prix du Livre Inter 2003, porté à l’écran en 2005, Le rire de l’ogre, prix du roman Fnac 2005, ou encore Enfance obscure, prix des écrivains du Sud 2012, Pierre Péju revient en 2017 Reconnaissance, un récit où s’entremèlent fiction et réalité.

Issu d’une famille de libraires d’origine lyonnaise, il grandit pratiquement dans la librairie que son père Raymond Péju ouvre l’année de sa naissance en 1946. Le jeune Pierre voit y défiler les gloires du Nouveau Roman, de Nathalie Sarraute à Claude Simon, qui accompagnent le fondateur des éditions de Minuit, Jérôme Lindon, grand ami de la famille. Pierre Péju fait ses études de philosophie à l’Université de la Sorbonne. Etudiant passionné par les manifestations de Mai 68, il collabore dès 1971 à divers journaux et revues. Professeur au lycée Champollion, puis au lycée international Stendhal, à Grenoble, et directeur de programme au Collège International de Philosophie, il est aussi l’auteur de plusieurs essais, romans, contes et nouvelles. Spécialiste du romantisme allemand, il dirige la Collection romantique (domaine allemand) aux éditions José Corti.
En 1968, il fonde la revue Chute libre. « C’était poésie et révolution, à l’extrême de la gauche », se rappelle-t-il. Pour Jean-Pierre Sicre, fondateur des éditions Phébus où sa biographie d’Hoffmann a paru en 1992, « Péju est un écrivain de l’imaginaire, un courant longtemps souterrain et je trouve bien qu’il ressurgisse aujourd’hui en pleine lumière ».
Il passe une Thèse de Doctorat en Littérature Comparée intitulée Du conte traditionnel au récit littéraire, le rôle du Romantisme allemand (1992). Il a en effet publié, entre 1982 et 1992, de nombreux articles et plusieurs livres sur les contes ou sur le romantisme allemand, comme La petite fille dans la forêt des contes, ou L’Ombre de soi-même, une biographie de E.T. A. Hoffmann, mais aussi des nouvelles, Premiers Personnages du singulier, et un roman La Part du Sphinx, écrit à la suite d’un « voyage en orient » sur les traces de Nerval, Flaubert, Chateaubriand.
Pendant des années, il mène de front la création littéraire et l’enseignement de la philosophie, d’abord dans des lycées parisiens, puis au lycée Stendhal de Grenoble, et à nouveau à Paris au Collège International de Philosophie où, en tant que directeur de programme, il a tenu un séminaire intitulé « Penser l’enfant » (de 1998 à 2004). Après les publications de Naissances, de La vie courante, mais surtout de La petite Chartreuse, il se consacre exclusivement à l’écriture. Le roman La petite Chartreuse a par ailleurs été adapté à l’écran en 2004 par Jean-Pierre Denis avec Marie-Josée Croze, Olivier Gourmet et Bertille Noël-Bruneau.
En 2007, il publie Cœur de pierre, récit ironique sur le destin et la création romanesque, ainsi qu’une monographie sur le peintre Miquel Barceló, Portrait de Miquel Barceló en artiste pariétal, et un livre de philosophie pour la jeunesse, Le monstrueux. En 2009, paraît le roman La Diagonale du vide qui raconte des aventures et poursuites entre France et Afghanistan. De 2010 à 2012, il tient la chronique « Questions d’enfance » dans la revue Philosophie Magazine. Ses réponses aux enfants ont été réunies dans l’ouvrage : Pourquoi moi je suis moi ?.
En 2011, paraît son essai sur l’enfance, Enfance obscure, où il établit, entre autres, la distinction conceptuelle entre « enfantin » et « infantile ». En 2013, dans son roman L’état du ciel, il revient sur la question de l’art, de la perte et de la folie.

Dans son dernier récit, Reconnaissance (2017), l’auteur prête sa propre mémoire à un romancier narrateur, mêle fiction romanesque et écriture de la « vie réelle ».


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Reconnaissance

Gallimard - 2017

« Un soir, dans un refuge de haute montagne, un mystérieux randonneur m’a fait don d’un bloc transparent qu’il prétendait être le "Cristal du Temps".
Plus tard, au lieu de me remettre à la rédaction de mon roman, j’y ai plongé les yeux. Des moments de ma vie ont surgi en désordre : scènes banales ou incongrues, êtres perdus de vue, anecdotes auxquelles je n’aurais jamais repensé, comme la mise à mort d’un lapin, la folie d’une jeune plasticienne russe, un amnésique oublié, la femme qui voulait devenir un ange, les singes dans les ruines d’un temple khmer, les gosses cruels des rues du Caire…
Fasciné, j’étais contraint de reconnaître – comme un homme admet être le père d’un enfant – que ces aventures invraisemblables, ces rencontres sans lendemain, étaient bien miennes. Le cristal m’en restituait chaque détail. Impitoyable, il m’infligeait aussi le souvenir de mes propres rêves et quelques images de mon avenir.
Cette "vie réelle", j’ai voulu l’écrire. Ce vaste désordre s’est transmué en récits, histoires étranges et fragments romanesques. Explorateur en territoire dangereux, je racontais. Immense était ma reconnaissance envers le monde, sa variété, sa douleur et son énigme. »


Revue de presse