BIANU Zéno

France

27 mars 2017.
 
  • © Hélie

Poète, dramaturge, essayiste et traducteur, lauréat du Prix Ganzo 2017, Zéno Bianu est auteur de poèmes célèstes, éminemment musicaux, sublimateurs de language. Son œuvre multiforme et innovante fait de lui l’un des grands poètes contemporains d’expression française.

En trente ans d’écriture, Zeno Bianu s’est révélé un poète important avec une œuvre distillée, qui comprend les récents recueils de poèmes L’Atelier des mondes (Arfuyen), Le Ciel intérieur (Fata morgana) des essais, dont une approche très personnelle de Krishnamurti (Seuil), des traductions (El Dorado, poèmes et chants des indiens précolombiens, avec Luis Mizon), et un travail théâtral original : L’Idiot, dernière nuit (Actes sud papiers) qui met face à face Mychkine et de Rogojine, les deux personnages du roman de Dostoïevski, face à face et surtout à proximité du corps invisible de Nastassia, révélateur de leur espérance et de leurs blessures, corps tué par l’un d’eux et curieusement plus vivant que jamais.

Né à Paris en 1950 d’un père roumain réfugié politique et d’une mère française, Zéno Bianu s’engage très tôt dans des causes littéraires. En 1971, il est signataire du Manifeste électrique, qui revendique une poésie expérimentale et une écriture radicalisée héritée des surréalistes.

En 1973, il séjourne pour la première fois en Inde. L’Orient laissera une empreinte durable en lui, que l’on retrouve dans ses ouvrages, notamment Mantra (1984), La Danse de l’effacement (1990) et au Traité des possibles (1997). Après un voyage décisif au Tibet en 1986, il s’attache à restituer le chant des poétiques extra-européennes : poètes indiens contemporains dans La Parole et la Saveur (1986), poètes classiques chinois dans La Montagne vide (1987), poèmes d’amour du VIe dalaï-lama dans L’Abeille turquoise (1996), paroles des Indiens précolombiens dans El Dorado. En 1992, il fonde la revue Les Cahiers de Zanzibar, avec Alain Borer, Serge Sautreau et André Velter. La même année, il traduit, pour une mise en scène de Lluís Pasqual, Le Chevalier d’Olmedo de Lope de Vega, qui sera créé en Avignon. De cette collaboration naîtront également Le Livre de Spencer d’après Christopher Marlowe (1994) et Le Phénix de Marina Tsvétaiéva (1996). Passionné par le lien entre poésie et théâtre et les « écritures orales », il a participé à des mises en scène et même donné un « oratorio dansé » : La Chambre des vertiges. Par ailleurs, il dirige la collection « Poésie » aux éditions Jean-Michel Place.

Les poèmes recueillis dans Infiniment proche composent une sorte de mandala vivant. Lignes de vie, lignes de cœur, lignes de faille – ils transmettent un horizon. "Dans l’affection et le bruit neufs", définitivement. » écrit Zéno Bianu à la publication du recueil.
Dix ans plus tard, avec Le désespoir n’existe pas, toujours intensément en prise avec le balancier de la vie, il amplifie le pari farouche qui l’engage à transformer le pire en force d’ascension, à tenir parole sans cesser de reprendre souffle. Dans une époque vouée à la déréliction et à un renoncement hypnotique, la poésie de Zéno Bianu s’impose comme une ardente rupture, une submersion féérique. Les deux recueils sont joints dans un ouvrage sorti chez Gallimard en 2016.

D’un univers funambule (Gallimard, 2017) en marque la continuité : dans cette œuvre poétique polyphonique se mèlent harmonieusement l’héritage des poètes du « Grand Jeu » , et des thèmes chers au poète comme la musique et l’Orient.

Zéno Bianu est le seul qui ose donner à entendre un Credo où se conjuguent le jazz, la beat generation, le Grand Jeu et l’Orient. Le seul à explorer un espace aimanté par-delà le chaos des temps, puisqu’il est, selon Charles Dobzynski : « le saxophoniste couleur blues d’une poésie toujours ouverte sur le large ».


Bibliographie

Poésie

Essais

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

D’un univers funambule

Gallimard - 2017

Avec ce nouveau recueil, D’un univers funambule, Zéno Bianu présente sans doute son livre le plus accompli, en ce sens qu’il orchestre avec une stupéfiante maîtrise et une véritable harmonie l’ensemble de toutes ses « voix ». Il est actuellement le seul qui puisse passer ainsi par tant de portes à la fois sans qu’il y ait dispersion ni dissonance. Rare prodige, en effet, que celui d’un poète qui, dans un même livre, convoque l’héritage du Grand Jeu, le jazz, le rock, l’Orient, voire les dernières découvertes de l’astrophysique ! Car cet univers funambule, accueillant à la lumière, au vertige et à l’amour, ne tient pas qu’à un fil. Il explore un espace aimanté par-delà le chaos des temps. Il se veut le grand continuum des éclats d’éternité qui échappent aux tisseuses de néant. Il entend faire vibrer encore et toujours la haute note insubmersible de la vie.