BAYARD Pierre

France

9 mars 2017.
 
© H. Bamberger

Écrivain, professeur et psychanalyste, Pierre Bayard est un auteur surprenant, tant par la diversité des sujets qu’il aborde que par la forme très libre des essais qu’il écrit. De façon cartésienne, il sonde la littérature jusqu’à mettre en avant les liens qu’elle entretient avec la réalité.

Ce normalien originaire d’Amiens, aujourd’hui professeur de littérature française à Paris VIII, s’adresse au plus grand nombre. Ses textes, qqui mêlent savament humour et sérieux, sont remplis de références érudites, mais le ton qu’il emploie ne restreint pas son lectorat, bien au contraire.

Inspiré par Jorge Louis Borges, l’OuLipo des années 60, Georges Perec et Raymond Queneau, cet auteur très créatif s’amuse avec les textes les plus classiques, et nous en fait profiter en offrant un nouvel essai chaque année. Les registres sont nombreux, les sujets variés et les thèses soutenues toujours truculentes : les digressions de Proust sont trop nombreuses, À la recherche du temps perdu mérite une relecture épurée ; il faut poursuivre les criminels de la littérature restés impunis, puisqu’Agatha Christie n’a pas su trouver le bon coupable, Pierre Bayard s’en charge dans Qui a tué Roger Akroyd en 1998.

Avec esprit et malice, il nous dévoile les secrets qui permettent de savoir Comment parler des livres que l’on n’a pas lu, Comment améliorer les œuvres ratées, ou encore Comment parler des endroits où l’on n’a pas été. Il nous plonge avec ce dernier dans les récits de voyage les plus célèbres, démystifiant leurs auteurs, qui n’ont parfois jamais mis les pieds dans les endroits qu’ils évoquent pourtant avec force. Finalement, est-ce vraiment nécessaire de les avoir vu pour en parler de façon pertinente ? N’est-ce-pas le propre même des auteurs de nous faire voyager dans des lieux qu’eux mêmes n’ont jamais visité ? Qu’il s’agisse de Marco Polo, Blaise Cendrars ou encore de Chateaubriand, personne ne semble être épargné, les théories sont étayées et Pierre Bayard déroule le fil de ses pensées avec brio.

Après Demain est écrit et Le plagiat par anticipation, Pierre Bayard clôture sa trilogie consacrée à l’anticipation littéraire avec Le Titanic fera naufrage qu’il vient nous présenter cette année. Un essai qui met en exergue la capacité annonciatrice de la littérature. Avec une logique implacable, il démontre combien les prédictions des auteurs ont pu se révéler exactes et récuse l’idée selon laquelle il s’agirait de simples coïncidences. Qu’il s’agisse d’un travail de réflexion, d’une sensibilité particulière des auteurs ou de ce qui ressemble à de véritables prémonition, si les auteurs sont en mesure de déchiffrer le monde dans lequel nous vivons et capables d’anticiper celui vers lequel nous allons, pourquoi ne pas accorder plus de crédit à leurs écrits ?


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Le Titanic fera naufrage

Éditions de Minuit - 2016

A l’image du romancier américain Morgan Robertson, qui raconta le naufrage du Titanic avec quatorze années d’avance, les créateurs semblent disposer d’un accès privilégié vers l’avenir, qui leur permet d’anticiper les guerres, les dictatures ou les catastrophes naturelles. Prendre la mesure de cette capacité prémonitoire ne devrait pas seulement inciter à leur confier des responsabilités politiques et à les associer aux recherches de la science, mais aussi à remettre en cause notre lecture des oeuvres ainsi que notre représentation de l’histoire littéraire et artistique.


Revue de presse :

"Ce provocateur élégant sait parler de choses graves avec légèreté - et inversement -, maniant l’humour pour dire des choses très profondes."
Philippe Chevilley, Les Échos

"Proposition assez folle et peu platonicienne mais qui se soutient chez le critique de preuves et d’arguments tous impressionnants."
Jacques Dubois, Diacritik

“Entrer dans un livre de Pierre Bayard, c’est toujours pénétrer dans un monde un peu vertigineux, où l’humour le dispute au sérieux, à moins que ce ne soit le contraire.”
Julie Clarini, Le Monde des Livres