Et si l’on se parlait ?
8 mai 2015.
Dimanche 10h, Théâtre Chateaubriand
C’est devenu une affaire internationale : 6 écrivains de langue anglaise (dont Taiye Selasi) bientôt soutenus par 120 autres (dont Russell Banks) ont refusé de participer au Pen World Voice Festival (4-10 mai) qui décernait son prix de la liberté d’expression à Charlie Hebdo. Deux conceptions du monde qui s’opposent, l’une anglo-saxonne, l’autre française ? Ou bien une crispation traduisant que ces deux modèles sont en crise et appellent une pensée nouvelle ? L’occasion d’en débattre sereinement. Et pour cela, un des grands moments du festival...
Une rencontre entre Russell Banks, Taiye Selasi, Pascal Blanchard, Alaa El Aswany, Philippe Val, Daniel Leconte, précédée par la projection à 10h du film C’est dur d’être aimé par des cons de Daniel Leconte : le procès fait à Philippe Val, alors directeur de Charlie, pour avoir reproduit les gravures de Mahomet. Un document exceptionnel, indispensable.
► Dimanche 10h, Théâtre Chateaubriand
DERNIER OUVRAGE
Romans
J’ai couru vers le Nil
Actes Sud - 2018
Le Caire, 2011. Alors que la mobilisation populaire est à son comble sur la place Tahrir, Asma et Mazen, qui se sont connus dans une réunion politique, vivent leurs premiers instants en amoureux au sein d’une foule immense. Il y a là Khaled et Dania, étudiants en médecine, occupés à soigner les blessés de la manifestation. Lui est le fi ls d’un simple chauffeur, elle est la fille du général Alouani, chef de la Sécurité d’État, qui a des yeux partout, notamment sur eux. Il y a là Achraf, grand bourgeois copte, acteur cantonné aux seconds rôles, dont l’amertume n’est dissipée que par ses moments de passion avec Akram, sa domestique. Achraf dont les fenêtres donnent sur la place Tahrir et qui, à la suite d’une rencontre inattendue avec Asma, a été gagné par la ferveur révolutionnaire. Un peu plus loin, il y a Issam, ancien communiste désabusé, victime de l’ambition de sa femme, Nourhane, présentatrice télé, prête à tout pour gravir les échelons et s’ériger en icône musulmane, qu’il s’agisse de mode ou de mœurs sexuelles.
Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle de leur pays. Espoir, désir, hypocrisie, répression, El Aswany assemble ici les pièces de l’histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d’une révolution qui est aussi la sienne. À ce jour, ce roman est interdit de publication en Égypte.
- « Ce roman, interdit de publication en Égypte, ose dire les travers et les complexités de la société post-Hosni Moubarak. » Moyen-Orient
- « Roman d’une ambition folle. Conteur extraordinaire, Alaa El Aswany réussit ici le grand roman de la révolution égyptienne. » Télérama
- « L’un des plus grands écrivains contemporains, mieux, le pharaon des lettres en personne. Un roman formidable. A la fois portrait en mosaïque d’une révolution, hommage à la jeunesse, aussi, qui y a cru, ce roman est aussi un brûlot contre ceux qui, des militaires aux religieux ont cassé les espoirs de cette jeunesse. Mais c’est de surcroît un roman haletant et plein d’une ironie salutaire. J’ai couru vers le Nil est aussi un roman à la drôlerie féroce, contestataire, puisque l’écrivain y pourfend les hypocrisies du pouvoir, politique, religieux, dans tous ses aspects, même dans son rapport à la sexualité. » France Culture, Le temps des écrivains
- « Alaa El Aswany, le chroniqueur de L’immeuble Yacoubian, est devenu l’un des porte-paroles de la Révolution de Tahrir. » France Inter, La marche de l’Histoire
- « Un livre courageux et efficace. Le roman vibre de la sombre urgence des illusions meurtries, mais pas tout à fait perdues. » Transfuge
DERNIER OUVRAGE
Récit
Voyager
Actes Sud - 2017
Dans ce captivant recueil de récits qui est aussi un livre de vie, Russell Banks, explorateur impénitent, invite son lecteur à l’accompagner dans ses plus mémorables voyages – des Caraïbes à l’Himalaya en passant par l’Écosse. Entretien avec Fidel Castro à Cuba, folles virées en voiture à l’époque hippie, expériences diversement radicales, relations entretenues avec ses quatre épouses successives, autant d’étapes formatrices aux allures de quête de soi qui ouvrent chez le lecteur un chemin vers le cœur et l’âme d’un romancier aussi fameux que respecté.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Le ravissement des innocents
Gallimard - 2014
C’est l’histoire d’une famille, des ruptures et déchirements qui se produisent en son sein, et des efforts déployés par chacun pour œuvrer à la réconciliation.
En l’espace d’une soirée, la vie sereine de la famille Sai s’écroule : Kweku, le père, un chirurgien ghanéen extrêmement respecté aux États-Unis, subit une injustice professionnelle criante. Ne pouvant assumer cette humiliation, il abandonne Folá, sa ravissante épouse nigériane, et leurs quatre enfants. Dorénavant, Olu, leur fils aîné, n’aura d’autre but que de vivre la vie que son père aurait dû avoir. Les jumeaux, la belle Taiwo et son frère Kehinde, l’artiste renommé, verront leur adolescence bouleversée par une tragédie qui les hantera longtemps après les faits. Sadie, la petite dernière, jalouse l’ensemble de sa fratrie. Mais l’irruption d’un nouveau drame les oblige tous à se remettre en question.
Les expériences et souvenirs de chaque personnage s’entremêlent dans ce roman d’une originalité irrésistible et d’une puissance éblouissante, couvrant plusieurs générations et cultures, en un aller-retour entre l’Afrique de l’Ouest et la banlieue de Boston, entre Londres et New York.
Traduit de l’anglais par Sylvie Schneiter.
Revue de presse
DERNIER OUVRAGE
Essais
Malaise dans l’inculture
Grasset - 2015
« Quand on ne trouve pas d’intellectuel pour organiser un débat, on invite un sociologue, qui nous explique qu’il faut être contre l’injustice, contre la misère, contre le racisme, contre la guerre, contre les patrons, contre l’Amérique, contre Israël, contre le sida et contre tous les méchants qui sont pour ce qui est mal. La culture servait à multiplier nos expériences du monde. A quoi bon, puisque le monde tient désormais en deux catégories : like et unlike ?
C’est ainsi qu’on subit jusqu’à la nausée les dénonciations d’Edwy Plenel, les sentences d’Edgar Morin, les transgressions marketing de Bedos père et fils, et si les tables tournantes fonctionnaient, on entendrait encore Stéphane Hessel nous réciter, les yeux mi-clos, un poème de Verlaine à la gloire des combattant du Hamas, car dans l’au-delà, tout est possible.
Voir un écrivain à la télévision se faire massacrer par un chroniqueur inculte, sous les applaudissements du public, voilà un spectacle désormais habituel.
Le prêt-à-s’indigner médiatique, c’est la trop mince couche de glace sur laquelle titubent nos démocraties modernes. Il alerte sur la disparition des ours blancs, mais reste indifférent à celle des librairies, des journaux et des cinémas. L’existence des choses précieuses et subtiles qui rendent possible une bonne vie pour tous dépendent autant, sinon plus, d’un niveau culturel que d’un niveau économique. C’est la culture ou son absence qui décident de l’économie, et non l’inverse, contrairement à ce que martèle le sociologisme en vogue.
Ce livre est une discussion sur l’origine et l’imposture de cette idéologie du ressentiment, avatar du rousseauisme, qui a réussi, au fil des siècles à faire croire que le bonheur du peuple passait par le sacrifice du droit à la richesse intellectuelle des individus. »
Revue de presse
Dans ce pamphlet bien écrit, ce qui ne fait pas de mal, l’ancien patron de Charlie Hebdo découpe la gauche en quartiers et enfonce sa plume dans les plaies de ses divisions. Il s’en prend aux radicaux de l’écologie, aux prophètes de la décroissance, aux pourfendeurs de l’Amérique et de l’Europe libérale, aux fans de Poutine, aux analystes bienveillants du communautarisme, à ceux qui font passer les laïques résolus pour racistes.
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