SERRES Michel

France

1er mars 2017.
 
©John Foley

Biographie

On ne présente plus Michel Serres, pourtant sa pensée complexe est souvent méconnue. C’est l’un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde ouverte, fondée sur une connaissance des Humanités et des sciences.

Diplômé de l’Ecole navale et de Normale Sup, il a visité le monde avant de l’expliquer à des générations d’étudiants. Historien des sciences et agrégé de philosophie, ancien compagnon de Michel Foucault, avec qui il a créé le Centre universitaire expérimental de Vincennes en 1968, il a suivi René Girard aux États-Unis, où il a longtemps enseigné. Membre de l’Académie française, professeur à Stanford University, Michel Serres est l’auteur de nombreux essais philosophiques et d’histoire des sciences, dont la série des Hermès (Editions de Minuit), Les Cinq Sens (Grasset), Le Contrat naturel et Le Tiers-Instruit (François Bourin), Le Grand Récit (Hominescence, L’Incandescent, Rameaux et Récits d’humanisme), Petites Chroniques du dimanche soir 1, 2 et 3, L’Art des Ponts, Le Mal propre ou La Guerre mondiale (Le Pommier). Pacifiste convaincu, il est le penseur de la communication et de la réconciliation. Observateur des grandes mutations de notre époque, il est tout sauf nostalgique. En témoigne son ouvrage sur la culture digitale, Petite Poucette (Le Pommier, 2012). Son sujet de prédilection, la jeune génération, grandit dans un monde bouleversé par des transformations comparables à celles de la fin de l’Antiquité. Tout repose sur un « nouvel humain » mutant qui doit s’adapter à toute allure et qu’il baptise Petite poucette pour sa capacité à envoyer des sms avec ses pouces. L’espace, le travail, la culture changent, comme la façon d’appréhender l’existence. En ce temps de crises, c’est alors à Petite Poucette qu’il incombe de tout réinventer car « si nous vivons une crise, au sens plein du terme, aucun retour en arrière n’est possible. Il faut donc inventer du nouveau » (Temps des crises, 2012) démontre le philosophe. Pour ce faire, il s’agit de penser. « Penser, c’est inventer, pas copier ni imiter… »

Pour y parvenir, Michel Serres convoque les sciences, la philosophie et l’histoire. Pour lui, l’abstraction ne suffit plus, il faut y associer le monde dans sa totalité. Avec Le gaucher boiteux, publié en 2015, il fait le bilan du travail de toute une vie, retraçant son itinéraire intellectuel et la façon dont il a conçu ses livres. Il explore surtout la pensée et ses figures dans une philosophie qui parle du monde et d’aujourd’hui.

En 2016, signe un nouvel essai intitulé Darwin, Bonaparte et le samaritin, un essai philosophique qui apporte une nouvelle approche de l’histoire de l’Humanité. Dans cet ouvrage, les figures de Darwin, Bonaparte et du samaritin correspondent à trois âges du monde et de l’être humain. Michel Serres cherche ainsi à apporter réponse aux trois questions existentielles de la vie : D’où venons nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Darwin, Bonaparte et le Samaritain

Le Pommier - 2016

« Darwin raconta l’aventure de flore et de faune ; devenu empereur, Bonaparte, parmi les cadavres sur le champ de bataille, prononça, dit-on, ces mots : « Une nuit de Paris réparera cela ». Quant au Samaritain, il ne cesse, depuis deux mille ans, de se pencher sur la détresse du blessé. Voilà trois personnages qui scandent sous mes yeux trois âges de l’histoire.
Le premier, long, compte des milliards d’années. Réussissant à dater les événements dont elles s’occupent, les sciences contemporaines racontent le Grand Récit de l’univers, de la planète et des vivants, récit qui déploie nos conditions d’habitat et de nourriture, sans lesquels nous ne vivrions ni ne survivrions.
Pendant des milliers d’années, le deuxième, dur, répète cette guerre perpétuelle dont un chiffre bien documenté dit qu’elle occupa 90% de notre temps et de nos habiletés.
Quant au dernier, doux, il glorifie, depuis quelques décennies seulement, l’infirmière, le médecin, la biologiste dont les découvertes et les conduites redressèrent à la verticale la croissance de notre espérance de vie ; puis le négociateur, qui cherche la paix ; enfin l’informaticien qui fluidifie les relations humaines.
Histoire ou Utopie ? Il n’y a pas de philosophie de l’histoire sans un projet, réaliste et utopique. Réaliste : contre toute attente, les statistiques montrent que la majorité des humains pratiquent l’entraide plutôt que la concurrence. Utopique : puisque la paix devint notre souci, ainsi que la vie, tentons de les partager avec le plus grand nombre ; voilà un projet aussi réaliste et difficile qu’utopique, possible et enthousiasmant. » Michel Serres


Revue de presse