ALLAN Nina

30 mars 2015.
 
©Priest

Marquée dans son enfance par La Machine à explorer le temps, de H. G. Wells, Nina Allan, romancière anglaise fait déjà partie de la liste des experts habiles à rompre le continuum spatio-temporel à des fins politiques ou philosophiques. Elle manie avec soin le détail historique et manifeste une prédilection pour un univers troublant entre science-fiction et fantastique. Elle imprègne d’une forte puissance poétique ses textes.

Étudiante brillante à Exeter puis à Oxford, Nina Allan se spécialise dans la littérature russe. En 1993 sa thèse sur Nabokov, qu’elle considère comme "son héros", est publiée. Elle admire ce dernier pour les thèmes abordés : conception et chronophobie qu’on retrouve dans ses œuvres. Curieuse, elle dévore des romanciers français tels qu’Emmanuel Carrère et Laurent Binet, "des auteurs qui réinventent la réalité en croisant faits et fictions".

Son admiration se porte aussi sur l’oeuvre d’un grand écrivain de SF britannique, maître de la fiction spéculative, Chistopher Priest. En 2004, cette jeune fan l’aborde lors d’un atelier d’écriture qu’il anime. Sept ans plus tard, elle démissionne de son poste de libraire à Charing Cross, s’installe avec lui à Hasting, en bord de mer et se consacre à l’écriture à temps plein. Christopher Priest devient à la fois son mentor et son compagnon.
Son premier roman paru en 2007, A Thread of Truth l’inscrit rapidement dans la vague SF en Angleterre.
Complications, lauréat du Prix imaginaire 2014 décerné au festival Etonnants Voyageurs et son premier roman traduit en français est imprégné de l’obsession, partagée avec Nabokov, du temps chronophage. Ce recueil pratique cette forme hybride qu’elle affectionne tant : les différentes histoires se trouvent reliées entre elles, parfois imperceptiblement. situé entre la SF et le fantastique, son œuvre entretient un rapport particulier avec le temps. Par une succession de mise en abyme, elle emporte le lecteur dans un dédale spacio temporel vertigineux autour du motif de la montre et de l’horloge qui a le pouvoir de faire revivre les morts.

Adepte de cette forme hybride, Nina Allan aime l’entre-deux et façonne un nouveau roman entre recueil de nouvelles et anthologie dans Stardust, juxtaposant des fictions à l’aspect autonome pour offrir un formidable labyrinthe ayant pour "point de repère" une actrice de film d’épouvante, Ruby Castle.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Nouvelles

Stardust

Tristram - 2015

Michael Gomez a treize ans, il est un prodige du jeu d’échecs. Lorsqu’il connaît pour la première fois l’épreuve traumatisante de la défaite, il se réfugie dans la fascination qu’exerce sur lui Ruby Castle, une beauté célèbre pour ses rôles dans des films d’épouvante... et pour le meurtre de son mari lors d’un accès de jalousie. Mais le jeune joueur d’échecs n’est pas seul à nourrir des pensées secrètes à propos de Ruby Castle. C’est aussi le cas d’un marchand de livres anciens passionné de magie, de la maîtresse d’un poète qui fut lié jadis à Ruby, et aussi d’une jeune fille russe qui rêve aux stars du cinéma. Rien ne semble relier ces différents personnages, hormis l’emprise qu’exerce sur eux l’image de Ruby Castle – dont on ignore d’abord si elle est quelqu’un de réel ou bien un fantasme collectif.

Traduit de l’anglais par Bernard Sigaud.


Revue de presse

Et Nina Allan préfère aborder les idées de cette manière. « Plus j’avançais dans sa rédaction, plus Stardust se mettait à ressembler précisément à cette sorte de conversation - une conversation entre personnages disparates, dans laquelle l’élément commun était Ruby Castle, une actrice qui avait été la vedette de films d’épouvante et dont la propre vie avait été gâchée par une tragédie personnelle », explique-t-elle. Par l’irruption récurrente d’une référence commune, l’auteur crée une sorte de fantasmagorie collective.
https://www.liberation.fr/livres/2015/02/11/droit-de-passage_1200400