VALLAEYS Anne

Belgique

15 mars 2017.
 

D’origine belge, Anne Vallaeys est née en 1951 à Yangambi, sur les rives du fleuve Congo, où elle vécut ses dix premières années entre savanes et forêts primaires.
Après un cycle d’Histoire à la Sorbonne, elle fait partie de l’équipe fondatrice du quotidien Libération, en 1973, envoyée spéciale permanente à Marseille. Elle quitte la presse en 1981 et signe un contrat avec l’éditeur Jean-Claude Lattès. Avec Alain Dugrand, son compagnon, elle est l’auteure d’une trilogie romanesque, Les Barcelonnettes, qui va la conduire au Mexique. D’autres romans suivront comme Coup de Bambou, Agua Verde, puis La mémoire du papillon. Ils constituent un ensemble où Anne Vallaeys traite des passions quand elles sont confrontées à la vigueur des éléments naturels, à l’étrangeté des décors, à la solitude, aux solidarités humaines.

Outre la littérature romanesque, elle publie deux essais proches de ses préoccupations : Sale temps pour les saisons est consacré à l’intolérance des sociétés urbaines à l’égard du temps qu’il fait. Fontainebleau, la forêt des passions retrace l’histoire du plus grand massif forestier d’Europe occidental, planté par la main de l’homme sous les premiers monarques.

En 2002, c’est la parution d’une chronique, Les Filles (éditions Fayard). Il s’agit là du récit d’une année scolaire d’un groupe de lycéennes d’un bourg de la grande banlieue parisienne. Ou comment le bac, étape initiatique, permet d’accéder à l’âge adulte en brisant, hélas, les solidarités enfantines.
À l’automne 2004, Anne Vallaeys publie Médecins sans frontières, la biographie (éditions Fayard). Dans ce gros récit de 764 pages, l’auteur retrace l’histoire de la plus célèbre des ONG françaises, couronnée par le Prix Nobel de la paix en 1999.

Anne Vallaeys publie en 2008 Dieulefit ou Le miracle du silence, enquête sur un village où la résistance est une vertu constituante de l’honneur, à laquelle on ne déroge pas. Durant la Seconde Guerre mondiale, les habitants de Dieulefit ont hébergé et protégé de nombreuses personnes. L’auteure est allé à la rencontre des enfants d’alors, des hommes et des femmes aussi résolus qu’hier, et a consulté les archives. Son talent d’écrivain a fait le reste. Elle a reconstitué cette aventure collective aussi extraordinaire que méconnue ; pas d’héroïsme, non, mais une manière d’être.

Avec Edward dans sa jungle, paru en 2011, elle part sur les traces du mystérieux Edward James, sujet d’un célèbre tableau de Magritte. Grand héritier, le jeune homme brûla sa vie et sa fortune au service de l’art et des artistes, avant de disparaître en 1947 dans la jungle mexicaine... Anne Valleys rêve alors de la suite de l’aventure, et offre à Edward un voyage dans une ville fantasmagorique qu’il a lui-même édifié.

Toujours à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, son roman Le loup est revenu, publié en 2013, est le fruit d’un important travail de recherche. L’auteure a parcouru les massifs alpins et rencontré des éleveurs et bergers, confrontés depuis une vingtaine d’années à un prédateur réintroduit dans leurs contrées : le loup. Dans son récit, Anne Vallaeys prend ouvertement le parti des hommes qui, démunis et indignés, comptent les victimes du canidé par milliers chaque année.

Elle se joint à nous cette année pour nous présenter son dernier ouvrage Hautes Solitudes, sur les traces des transhumants, publié aux Éditions de la Table Ronde, récit d’une longue marche au rythme des mythes et légendes.


Bibliographie :

Romans

Documentaire

Essai

Récit

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Hautes solitudes. Sur les traces des transhumants

(Gallimard, 2017) - 2017

« Des heures durant, tel l’explorateur de salon penché sur sa mappemonde, j’ai consulté les cartes d’état-major, m’efforçant de décrypter l’improbable tissage de courbes, de maillages, de treillis hachurés. Parcourant de l’index les anciens lits du Rhône, rive gauche, rive droite, je me suis égarée dans les canyons du Verdon, faufilée dans les méandres d’Asse et de Bléone, estimant la taille des sommets, les cols d’altitude...
L’inévitable s’imposa : il fallait confronter mes lectures et mes observations géographiques de bric et de broc aux modèles réels, au dessin des paysages. Ressentir la trace sous les pas, éprouver la terre à mes pieds, la caresser des yeux, pour de vrai. Donner forme, réalité, épaisseur et continuité à la Grande transhumance, cette épopée "fille des montagnes".
Lever l’ancre, hisser la voile. Simplement. Marcher aussi loin que possible, au rythme des heures puisqu’ici les kilomètres n’ont aucun sens. Emprunter un fil de crête, quand, d’un hasard l’autre, les éléments basculent, quand l’équilibre, le ciel l’imposent. Alpes, nourrices des Provences. Savourer cette orgie de lieux-dits, de mythes et de légendes.
Puis, le reste, tout le reste. Teintes, couleurs, l’eau, l’air, les arbres... »

Anne Vallaeys.