AGIER Michel

France

4 avril 2023.

Cet ethnologue et anthropologue français, spécialiste de la question des migrants et des réfugiés, invite à travers ses ouvrages à décentrer notre regard sur le monde. Directeur de recherche à l’IRD et directeur d’études à l’EHESS, il est membre de l’Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain. Avec Vivre avec des épouvantails, le monde, les corps, la peur, l’auteur livre une analyse fine de la situation sanitaire actuelle. Une réflexion qu’il mène maintenant depuis le premier confinement, observant les nombreux effets pervers que suscite en permanence le climat de peur et d’incertitude lié à la pandémie. Après avoir publié plusieurs ouvrages sur la « mondialisation humaine », il avait replacé dans L’étranger qui vient la notion d’hospitalité au cœur de sa réflexion. Essentielle afin de comprendre la nature des rapports humains, elle permet de s’interroger sur le choix d’inclure ou d’exclure autrui dans nos sociétés. En 2022, il approfondit cette question avec La peur des autres, un essai autour de la notion d’indésirabilité – de l’autre, à l’opposé du familier, bien plus engageant –, qui réfléchit sur notre capacité à créer des communs et analyse de quelle manière l’inconnu devient peu à peu fantasmé en ennemi.

 

Michel Agier a vécu plusieurs années au Brésil et en Colombie dans les années 1980 et 1990. Pendant ce long séjour en Amérique latine, il mène des enquêtes sur certains quartiers défavorisés, et s’intéresse plus particulièrement aux pratiques rituelles des populations.

Depuis les années 2000, ses recherches portent essentiellement sur les relations entre la mobilité, les migrations et la formation des contextes urbains.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur les mobilités humaines ainsi que sur la condition et le statut des migrants tels que Gérer les indésirables (2008) ou encore Le couloir des exilés (2011).

La Condition cosmopolite. L’anthropologie à l’épreuve du piège identitaire (La Découverte, 2013) questionne le sens et l’usage de frontières et met en garde nos États - mais aussi notre attitude - face au piège de l’enfermement, de l’espace et de l’identité.

Après Les migrants et nous. Comprendre Babel (CNRS éditions, 2016), il publie Définir les réfugiés, un essai co-signé avec Anne-Virginie Madeira (docteur en droit, spécialiste du statut et des conditions d’accueil des étrangers en France). Ensemble, ils choisissent de se recentrer sur la figure du réfugié et sur le principe qui la fonde, l’asile.

Dans son essai L’Étranger qui vient. Repenser l’hospitalité, Michel Agier place la notion d’hospitalité au cœur de sa réflexion. En s’appuyant sur des travaux historiques, philosophiques et sur des faits avérés, il retrace l’histoire des différentes significations du mot "hospitalité" selon les époques et les contextes. D’après lui, ce terme est révélateur des relations qui s’instaurent entre les individus. S’interroger sur la place qui lui est faite dans notre société contemporaine, c’est aussi s’interroger sur la place donnée aux migrants. L’anthropologue mène ici une réflexion de fond sur cet enjeu éthique et sur la relativité du terme "étranger". Dans un contexte où les mouvements migratoires semblent se multiplier, il devient primordial de repenser notre rapport à l’autre, quel qu’il soit, et de travailler à la création d’un nouvel espace cosmopolite.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La peur des autres : Essai sur l’indésirabilité

Rivages - 2022

La peur des autres – proches ou lointains – se transforme en repli sur soi, souvent en mépris, rejet. Plus encore, elle fonde des politiques. C’est ainsi que naît l’indésirable, image spectrale et effrayante de celle ou celui qui peut être chassé à la frontière, nationale ou urbaine, voire abandonné à la mort.
Il n’y a pas de compromis possible avec ces politiques de la peur et de la haine des autres. Une autre description du monde, un autre horizon des possibles et d’autres imaginaires sont nécessaires pour redonner à chacun et chacune le sens et le courage de la vie commune.