Récompensé par plusieurs prix de bande dessinée au Brésil, André Diniz s’est illustré une fois de plus avec sa BD biographique du célèbre photographe Mauricio Hora, qui a grandi dans la favela de Providencia, la première de Rio, et a ainsi été le seul à pouvoir prendre des clichés des lieux et de ses habitants, à montrer à l’extérieur la vie qu’on y trouve, ses réalités violentes autant que sa richesse humaine. À 34 ans, André Diniz a donc ainsi été autorisé à s’aventurer sur les pentes de Rio, au cœur de cette zone de non-droit, qui lui apparaît comme un monde nouveau et merveilleux, où « tout le monde s’y sent comme dans une grande famille. Bon, le genre de famille où l’un peut tuer l’autre… ».
Un formidable documentaire, sobre et sensible, en noir et blanc, inspiré des techniques de gravure de la littérature de Cordel : on y découvre l’architecture de la favela, ses paysages… et aussi ses personnages : une déambulation animée de rencontres et d’échanges avec la famille, les voisins, les copains du quartier, une vraie vie de village. Le portrait de la mère, femme généreuse qui s’évertue à aider les autres… jusqu’à en perdre la tête, l’histoire du père, trafiquant de drogue à une époque où cela lui conférait un véritable statut social dans la cité, celui de médiateur pour résoudre les conflits. Portrait encore des copains, qui virent voyous, tout comme la police… Des histoire vraies d’amitié et d’amour. L’histoire d’une passion naissante aussi, celle de Mauricio Hora pour la photographie.
Un trait de maître qui renouvelle le regard habituellement porté sur les favelas ! Comme le dit JR, photographe français, cité en quatrième de couverture : "À la fois photographe et historien de la plus ancienne favela de Rio de Janeiro, Maurício a le don unique de résoudre tous les conflits au sein de sa communauté. Son histoire témoigne de la complexité de la réalité brésilienne contemporaine."

En 2012 Morro da favela a obtenu le Prix du meilleur album aux très prestigieux Troféu HQ Mix, le plus grand prix de bande dessinée au Brésil, et André Diniz le Prix du meilleur scénariste.

Bibliographie :

• Photo de la Favela (Des ronds dans l’O, 2012)