LAFON Lola

France

22 avril 2021.

Danseuse dans une première vie, Lola Lafon alterne depuis un peu plus de dix ans l’écriture de chansons et de romans. Ses livres s’imprègnent de ses combats, féministes, anarchistes et anticapitalistes. D’origine franco-russo-polonaise, elle jongle entre les influences de l’ouest et de l’est de l’Europe, tant dans sa musique que dans ses livres. Dans son dernier roman, publié en 2017, elle s’attache aux femmes qui, brusquement, sortent du chemin tracé, à travers le destin de Patty Hearst, riche héritière américaine enlevée par un groupe révolutionnaire dont elle épousera la cause. Elle accompagne depuis 2015 le jury du Prix Ouest France Étonnants Voyageurs. Elle signe une nouvelle dans le recueil Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants publié pour le festival en 2017.

 

Danseuse dans une première vie, Lola Lafon alterne depuis un peu plus de dix ans l’écriture de chansons et de romans, où prédomine l’idée du mouvement comme « vocabulaire de vie », que ce soit celui du corps féminin ou celui de la révolte. Ses livres s’imprègnent de ses combats, féministes, anarchistes et anticapitalistes, présents depuis son premier roman Une fièvre impossible à négocier (Flammarion, 2003), l’histoire d’une jeune femme victime de viol qui trouve dans les mouvements d’extrême gauche un nouveau souffle de vie. D’origine franco-russo-polonaise, l’auteure jongle par ailleurs entre les influences de l’ouest et de l’est de l’Europe, tant dans sa musique que dans ses livres.

L’autrice-compositrice a grandi entre Paris, Sofia et Bucarest, alors sous le régime de Nicolae Ceaușescu. Entre récit de vie et guide de résistance, Une fièvre impossible à négocier rencontre un succès critique et public. Suivront De ça je me console (2007) et Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce (2011), deux romans marqués par une écriture engagée, la volonté de refuser les tendances, le paraître, la résignation : « je ne renoncerai pas à ma part de violence », dit-elle, citant l’écrivain et révolutionnaire Raoul Vaneigem.

En musique, elle hérite de Bob Dylan et Patti Smith par ses parents et découvre plus tard la chanson française avec Barbara. Ses compositions, mélanges de ces références occidentales et d’influences balkaniques, prennent l’allure d’une folk-pop européenne. Elle a sorti deux albums à ce jour, Grandir à l’envers de rien (2006) et Une vie de voleuse (2011), et organise des concerts-lectures dans lesquels elle réunit ses deux domaines de prédilection.

Après le succès de La petite communiste qui ne souriait jamais, dans lequel elle retraçait le destin de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, elle signe Mercy, Mary, Patty et s’autorise à « investir des espaces où on ne l’attend pas » (Bibliobs) et cultive son goût pour le doute, l’inconfort, et les personnages ambiguës qui tout à coup, sortent des rails et se métamorphosent. Patty, c’est Patricia Hearst, fille richissime d’un magnat de la presse américaine, enlevée par un groupe terroriste avant d’embrasser leur cause. Dans ce roman polyphonique et ambitieux, où se rencontrent les voix de femmes différentes à des époques diverses, Lola Lafon ne donne aucune réponse facile : « On ne trouvera dans ces pages ni victime, ni coupable, ni sainte, martyre ou héroïne révolutionaire » fait-elle écrire à l’un de ses personnages. Au contraire, elle nous invite à nous questionner sur ce que signifie transmettre, s’émanciper, être libre, dans une société qui n’aime pas que les femmes sortent du rôle qui leur est assigné.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Chavirer

Actes Sud - 2020

1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c’est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d’autres collégiennes.

2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la police lance un appel à témoins à celles qui ont été victimes de la Fondation.

Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu’un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu’il est temps d’affronter son double fardeau de victime et de coupable.

Chavirer suit les diverses étapes du destin de Cléo à travers le regard de ceux qui l’ont connue tandis que son personnage se diffracte et se recompose à l’envi, à l’image de nos identités mutantes et des mystères qui les gouvernent.

Revisitant les systèmes de prédation à l’aune de la fracture sociale et raciale, Lola Lafon propose ici une ardente méditation sur les impasses du pardon, tout en rendant hommage au monde de la variété populaire où le sourire est contractuel et les faux cils obligatoires, entre corps érotisé et corps souffrant, magie de la scène et coulisses des douleurs.