BEKRI Tahar

Tunisie

13 février 2014.
 
©Thierry Hengsen

"Les poètes ont toujours été là pour dénoncer les tyrans, pour défendre la liberté, pour chanter l’amour, pour abolir les frontières, pour protéger la nature, pour dévoiler les vérités humaines, pour " donner à voir " et à émouvoir."

C’est ainsi que Tahar Bekri, poète né en 1951 à Gabès en Tunisie, vivant à Paris depuis 1976 où il est Maître de conférences à l’Université de Paris X-Nanterre, parle de son genre de prédilection, la poésie, qu’il écrit en français autant qu’en arabe.

Féru de lecture dès son plus jeune âge, il lit tout ce qu’il peut comprendre, déjà dans les deux langues, puisqu’il va à l’école franco-arabe en 1956, date de l’indépendance de la Tunisie.
Il écrit ses premiers poèmes à treize ans, dans le chagrin et la peine après la mort de sa mère. Enfermé dans la solitude et le silence, la lecture lui permet de trouver des réponses aux questions graves qu’il se pose. La poésie lui donne le sentiment de la renaissance et le rend attentif à tout ce qui l’entoure, les êtres, les lieux, les éléments composant l’univers.

Il a publié aujourd’hui une vingtaine d’ouvrages : quelques essais, mais surtout de la poésie, saluée par la critique, objet de travaux universitaires et traduite dans différentes langues (russe, anglais, italien, espagnol, turc, etc.).
S’il préfère la poésie à la prose, la fiction ou la narration, c’est parce qu’il lui semble que la prose est trop explicative, qu’elle supprime tout mystère dans le langage, qu’elle veut donner un sens à tout.
Il aime créer des images qui évoquent et non expliquent, qui font allusion et non qui donnent des leçons, qui posent des questions et non qui répondent.
Son œuvre, marquée par l’exil et l’errance, évoque des traversées de temps et d’espaces continuellement réinventés. Parole intérieure, elle est enracinée dans la mémoire, en quête d’horizons nouveaux, à la croisée de la tradition et de la modernité. Elle se veut avant tout chant fraternel, terre sans frontières. Tahar Bekri est considéré aujourd’hui comme l’une des voix importantes du Maghreb.

" La poésie avant tout est habiter un monde sensible, où le rêve est possible, où l’utopie est un devoir, où la beauté est une exigence, où la défense de la vie est une résistance contre la volonté de mort, contre ceux qui veulent empêcher le soleil de briller. " C’est bien cela l’espérance de Salam Gaza, autant « Paix sur Gaza » que « Salut à Gaza » selon ce double sens du mot qui, dans les langues sémitiques, porte la paix dans le salut.
Tahar Bekri raconte les vingt-deux jours qui ont ensanglanté la bande de Gaza du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. La première partie évoque les flocons de neige qu’il voit tomber à Paris tandis que lui parvient l’écho assourdissant des hélicoptères et des bombes s’abattant sur Gaza. La deuxième partie du livre est le récit de son voyage en Terre sainte en 2009.
Et Tahar Bekri de conclure ainsi : « Je sais, les poètes ont la tête dans les nuages. Mais qui leur dénie le droit d’aimer… les merveilleux nuages ? Personne ne dénie ce droit aux poètes, aux enfants, aux rêveurs et aux fous et l’on se met à rêver que c’est pour eux et par eux que la paix, viendra, elle doit venir ."

En 2013 il publie un nouveau recueil de poèmes aux éditions Elyzad, Au souvenir de Yunus Emre, inspiré par un voyage en Turquie, où il est parti sur les traces du grand poète turc du 13e siècle Yunus Emre. Composé de courtes méditations sur la liberté en français et en arabe, il mêle souvenirs personnels et amour du pays natal. L’ouvrage est aussi l’occasion pour Tahar Bekri de se questionner sur la société tunisienne dont l’actualité est plus que jamais sous tension. Parallèlement il a rassemblé la même année des textes de poètes palestiniens dans une anthologie publiée aux éditions Al Manar. Dans Poésie de Palestine, il poursuit son dialogue avec la Palestine amorcé dans Salam Gaza. Bekri donne ici à lire dix poètes palestiniens contemporains rencontrés au cours de son voyage qui chantent la vie quotidienne de celles et ceux qui y vivent.


Bibliographie :

Poésie

Poésie (livres d’art)

Essais


Le site de l’auteur

Revue de presse :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Poésie de Palestine

Al Manar - 2013

Dix poètes de Palestine disent ici leur besoin de justice. Sans haine ni violence ; en pratiquant souvent l’ironie et la dérision. Ils revendiquent une vie simple, presque ordinaire, sans guerre, ni occupation. Avoir le droit de vivre libre, en paix, parmi les siens, sur sa propre terre. Ils ont choisi, malgré le poids de la tragédie et la violence du désespoir, la parole poétique pour dire leur être. Le poème est un acte de civilisation. Leur vérité est universelle, généreuse, fraternelle. Ils écrivent l’attention au monde, sa réalité insoutenable, rêvent d un monde possible, à construire comme une utopie commune, sans arrogance ni mensonge.