DEPARDON Raymond

France

11 mai 2014.
 

La photographie est pour Raymond Depardon un « métier de la solitude » ; c’est ce sentiment singulier et universel qu’il capture dans ses clichés où prédominent les espaces déserts, urbains ou ruraux, des quatre coins du monde. S’en dégage une impression d’errance, magnifiée par le photographe. Photographe et cinéaste à la renommée mondiale il multiplie les projets les plus variés (expositions, ouvrages, films, publicités…).

Raymond Depardon est né en 1942 à Villefranche-sur-Saône. Fils d’agriculteur, il débarque à Paris dans les années 50. Apprenti, assistant, pigiste, il rentre comme photographe à l’agence Dalmas (1960-67). Il fonde ensuite avec Gilles Caron l’agence Gamma (1967-78) et se voit confier des reportages dans les endroits du monde où la guerre fait rage, l’Afrique, le Liban, le Vietnam et le Cambodge.

Photographe à Magnum depuis 1978, Raymond Depardon réalise par ailleurs des films documentaires. Il doit son premier grand succès à un long-métrage La Captive du désert (1989), qui retrace l’histoire de Françoise Claustre, prise en otage dans le Tibesti dans les années 1970 avec Sandrine Bonnaire dans le rôle titre, prisonnière d’un univers de silence et de lumière, celui qui passionne R. Depardon. Le film Un homme sans l’Occident (2002) évoque l’histoire de la lutte d’un nomade saharien contre la présence française, au début du vingtième siècle.

Raymond Depardon poursuit sa carrière de réalisateur et se penche sur le système judiciaire français (Délits flagrants, 10e chambre) (courronné par un César en 1995) et débute un triptyque sur le monde rural (Profil Paysans), un travail de longue haleine, qui aboutira à La Vie moderne, présenté au Festival de Cannes en 2008. Un film bouleversant qui parle, avec une grande sérénité, une intimité et une délicatesse rare, de nos racines et du devenir des gens de la terre.

Durant tout ce temps, il ne délaisse pas la photographie pour autant, reçoit en 1991 le Grand Prix National de la Photographie, et publie régulièrement des livres de photographies depuis plus de 30 ans : Correspondance new-yorkaise, San Clemente, La Colline des Anges, J.O… et dernièrement Villes/Cities/Städte.
Avec des projets de films à l’initiative de la Fondation Cartier pour l’Art contemporain, il reprend le chemin du monde et nous livre deux ouvrages : (Donner la parole, 2008) sur les parlers des cultures amenées à disparaître de part le monde, et Tour du monde en 14 jours, cent vingt photographies sublimes qui disent l’étrange banalité de cet ailleurs, le souvenir et l’avenir qui se mêlent, et l’incroyable talent de ce "passeur" pas comme les autres.
En 2012, R. Depardon repart sur les routes de France, pour nous livrer un documentaire précieux, voyage dans le temps et l’espace, Journal de France.

Fin 2013, le Grand Palais consacre une exposition à la photographie en couleur dans l’œuvre de Raymond Depardon, depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui et réalisée en étroite collaboration avec l’artiste. Pour cette exposition, l’artiste a voyagé en Afrique, aux USA, et en Amérique du Sud : photographiant des sujets qui lui sont chers : les grands espaces et la solitude des villes. L’exposition qui réunit plus de 150 photographies dont la plus grande partie est inédite, est la plus importante jamais consacrée à la couleur chez Depardon.

En 2014, vingt ans après le génocide rwandais, ses photographies illustrent les écrits poignants de Jean Hatzfeld sur les atrocités qui ont eu lieu au pays des mille collines. Cette même année, il revient avec un nouvel ouvrage, Le désert, allers et retours, qui nous livre, entre images et récits, le parcours du photographe et du cinéaste parmi les dunes du Sahara.

Il expose à Saint-Malo, les photographies de son livre La solitude heureuse du voyageur (Points, 2006). Rétrospective de trente ans de voyages, de New-York à Shanghai, en passant par le désert du Ténéré, on retrouve les grands thèmes chers à Raymond Depardon : désert, pudeur, audace, instinct, solitude et humanité.


En savoir plus :


Bibliographie :

Filmographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Beaux livres

Le desert, allers et retours

La Fabrique - 2014

Un petit livre pour cinquante ans de désert – ou comment le jeune photoreporter pigiste parti un jour de 1962 « couvrir » un fait divers de la guerre d’Algérie est devenu le photographe célèbre exposé au Grand Palais.
Les étapes de la carrière de Raymond Depardon sont comme rythmées par le grand désert saharien. En 1972, dans le Tibesti, son désert de prédilection, il suit pendant des mois l’affaire Claustre, cette ethnologue prise en otage par les combattants du Frolinat (Front de libération du Tchad). Ces combattants, il va les accompagner dans l’attaque de Faya Largeau et il va les suivre, appareil à la main, dans leur lutte.
C’est encore dans le désert, sur une dune de Mauritanie que Depardon a l’intuition de ce qu’il faut faire pour sortir du photojournalisme : faire des films, et tout seul. Et il raconte comment il a tourné dans le sable aussi bien des documentaires (Tibesti Too) que des fictions (La Prisonnière du désert, avec Sandrine Bonnaire).
Dans ce livre, Depardon parle aussi de technique, de la difficulté de photographier et de filmer le désert.
Quelque 60 photos, pour une bonne part inédites, illustrent ces propos de Raymond Depardon, modestes et drôles, qui sautent de sa fermenatale aux sables et aux palmeraies où vivent des éleveurs « qui ont beaucoup de traits communs avec mon père ».