BEYROUK Mbarek

Mauritanie

24 avril 2019.

Fils d’Atar, ville du nord mauritanien au delà de laquelle le désert règne en maître, l’écrivain et journaliste Mbarek Beyrouk s’est battu toute sa vie pour la liberté de presse et d’opinion. Son dernier roman a déjà reçu le Prix Ahmed Baba de la littérature africaine 2019 et est en lice pour le prix Les Afriques. Soliloque éminemment poétique d’un homme seul au cœur d’une cité saharienne assiégée par les terroristes, cette œuvre captivante nous plonge dans l’esprit d’un homme prisonnier de ses souvenirs, ses regrets, ses angoisses. Une écriture profonde et puissante qui s’insinue avec poésie dans les pensées d’un individu qui, comme chacun d’entre nous, "renferme l’humanité entière".

 

Né le 10 juillet 1957 d’un père instituteur à l’école coloniale, il grandit dans le paradoxe, entre les écrits de Voltaire et un environnement tribal traditionaliste. Il effectue ses études à Atar avant de se rendre à la capitale, Nouakchott, pour apprendre le droit. Durant ces années, il flirte avec une formation d’extrême-gauche ; cependant cet engagement politique ne survit pas à l’entrée dans la vie active, à savoir le journalisme auprès de la radio-télévision nationale à partir de 1985.

En parallèle de son travail, l’auteur écrit des nouvelles pour le quotidien Chaab (devenu aujourd’hui Horizons), textes qui eurent beaucoup de succès. Il crée en 1988 le premier journal indépendant du pays : Mauritanie-Demain. Malgré les tracasseries administratives, ce mensuel devint la grande référence pour les intellectuels et tous les partisans de la démocratie, avant de cesser de paraître en 1994.

L’année suivante, Mbarek Beyrouk se rend en France et collabore avec l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique, mais l’expérience de l’expatriation le laisse amer. Il revient au pays en 1996, relance Mauritanie Demain puis crée le journal L’indépendant. Il rejoint en 2001 l’Agence Mauritanienne d’Information.

Incapable de garder sa plume dans sa poche à ses postes successifs au sein de l’Agence, Mbarek Beyrouk continue d’écrire. Il publie alors le roman Et le ciel de pleuvoir en 2006, suivi du recueil Nouvelles du désert en 2010.
Le griot de l’émir, roman paru en 2013, raconte les pérégrinations d’un poète dans le Sahara des temps anciens, parti semer parmi les hommes du désert les germes de la révolution...

En 2015, Le tambour des larmes, honoré par le Prix Kourouma et le Prix du Roman Métis des Lycéens, relate la fuite de la belle Rayhana, sa rencontre avec une esclave affranchie, un homosexuel raffiné et un étudiant idéaliste. Une épopée du désert contemporaine où se télescopent modernité et traditions ancestrales.

Au cœur d’une ville saharienne assiégée par les terroristes, un homme s’enferme dans la maison de son amour passé, Nezha. Il observe, de ses yeux captifs, sa cité sombrer dans le chaos et la folie. Prisonnier des fanatiques et de lui-même, le narrateur est seul avec ses souvenirs, ses regrets, ses angoisses. Je suis seul est un roman étonnant et captivant, qui fascine par sa force poétique. Le lecteur est plongé dans le soliloque d’un homme qui, comme chacun d’entre nous, "renferme l’humanité entière".


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Je suis seul

Elyzad Éditions - 2018

Je suis seul, dit le narrateur caché de tous, alors que sa ville située aux portes du désert est tombée aux mains de djihadistes. Au fil de son soliloque haletant se déroule la mécanique inexorable des évènements qui l’ont mené à se retrancher dans cette chambre étroite. Il se trouve prisonnier, prisonnier de sa peur, des amours qu’il a piétinées, du malheur des siens, des corruptions et des sinistres combattants qui paradent dans la rue. L’histoire de sa vie, de la pauvreté nomade aux succès mondains, porte en son cœur le germe de la perte. Seule Nezha, son ancienne bien-aimée, aurait le pouvoir de le sauver. Mais le veut-elle ? 

Un roman choc au Sahara. Une voix qui porte jusqu’à nous.