Sujets et lauréats du concours de nouvelles 2004

1er septembre 2004.
 

En 2004, nous célébrons le deux centième anniversaire de l’indépendance d’Haïti. Le 1er janvier 1804, en effet, le général Dessalines proclamait l’indépendance de Saint-Domingue, désormais appelée Haïti du nom donné à l’île par ses premiers occupants indiens, après que les troupes françaises envoyées dans l’île par Napoléon pour y rétablir l’esclavage eurent été écrasées à la bataille de Vertières.
La première république d’esclaves noirs insurgés dans l’histoire de l’humanité ! Et la fin d’un cauchemar de près de trois siècles : la déportation de centaines de milliers d’esclaves depuis les côtes d’Afrique.

C’est pour « Etonnants Voyageurs » l’occasion de célébrer à Saint-Malo, à la Pentecôte prochaine, l’extraordinaire richesse des littératures caraïbes (en prenant le mot « Caraïbe » dans son sens large : l’ensemble des îles de cet immense espace qui va de Cuba aux Antilles françaises). Riches, tout comme les musiques des îles, du fait de l’extraordinaire brassage culturel dont elles furent le théâtre - où se télescopent l’Ancien et le Nouveau Monde, les cultures et les langues d’Europe (espagnoles, françaises, anglaises, hollandaises) et les cultures indiennes puis africaines. Lire les auteurs antillais, cubains, haïtiens, c’est entrer dans un univers magique, une langue foisonnante, colorée, inventive - tout le contraire d’une littérature de salon !

DEUX SUJETS, AU CHOIX :

1 - QUAND GRONDE LA RÉVOLTE...

2004 : l’occasion de se souvenir de ce que fut l’esclavage dans la « douceur des îles ». Et de se souvenir aussi de leur révolte.

Août 1791, à Saint-Domingue, qui bientôt retrouvera son nom de « Haïti » : des bruits courent dans toute l’île, les esclaves s’agitent dans les plantations, les maîtres s’inquiètent de ces tambours qui grondent la nuit dans les quartiers d’esclaves. Le 14 août un esclave « marron » (un esclave évadé) qu’on dit « hougan » (prêtre vaudou) rassemble ses fidèles dans un lieu isolé, une clairière, dite du Bois Caïman. Et après des débats animés, tous les présents jurent de mourir, plutôt que d’accepter plus longtemps leur sort. C’est un peu l’équivalent du « Serment du Jeu de Paume » dans l’histoire de la Révolution française ! Et le 22 août éclatait l’insurrection générale, menée par Toussaint Louverture... Le 29 août, un envoyé de la Convention arrivait de France, et proclamait la liberté générale des esclaves...

Quelques suggestions :
Pourquoi ne pas imaginer que vous arrivez de France, jeune fille ou jeune garçon envoyé(e) par ses parents retrouver un membre de la famille (un oncle par exemple) propriétaire dans l’île d’une plantation ? Vous découvrez la réalité de l’esclavage, et vous entendez bruisser autour de vous les rumeurs de révolte, ou même vous vivez cette révolte. Et vous en faites le récit, soit sous forme d’une lettre à vos parents en France, soit sous forme d’une fiction.
Ou bien encore, pourquoi ne pas tenter de vous mettre dans la peau d’un de ces esclaves évadés - par exemple un jeune gamin, ou une jeune fille, qui court de plantation en plantation, porter secrètement les mots d’ordre de l’insurrection ? Ou encore, qui assiste à la cérémonie de Bois Caïman ?

Une lecture :
Il existe un excellent petit livre chez Gallimard-Découvertes, de Laennec Hurbon sur Haïti, intitulé Les mystères du vaudou qui évoque très bien la vie dans les plantations à cette époque.

En annexe :
Un résumé des dates importantes de l’histoire d’Haïti, qui vous permettra de mieux vous situer.

2 - FLIBUSTIER OU BOUCANIER !

Une autre époque, très haute en couleur des Caraïbes, au XVIè et XVIIè siècles : celle des flibustiers et des boucaniers. Flibustiers, ils sont surtout français et anglais. Les Français vivent soit dans les Antilles françaises, soit dans la partie ouest de Saint-Domingue (qu’on appellera plus tard Haïti). En fait, au départ, à l’époque dite des « Frères de la Côte », ils se mélangent sans considération de nationalité, ils ont leurs propres règles, n’obéissent à personne. Au XVIIè siècle quand la France et l’Angleterre s’implantent dans les îles, les flibustiers commencent à se partager selon leur nationalité, plus ou moins soumis aux autorités qui se mettent en place. Et la grande place forte de la flibuste est à Saint-Domingue : l’île de la Tortue.
Les flibustiers attaquent les vaisseaux espagnols, ou pillent les villes espagnoles installées sur les côtes d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Les boucaniers, installés dans les bois, chassent le buffle pour sa peau et le cochon sauvage pour sa chair qu’ils font boucaner, et les vendent aux navires flibustiers - sur lesquels ils embarquent aussi à l’occasion.
Vous êtes mousse, à bord d’un navire flibustier. Ou les hasards de la navigation font que vous êtes recueillis par des flibustiers, ou des boucaniers. Vous voilà amenés à vivre leur vie, leurs aventures. Racontez.

Une lecture suggérée :
Là encore le Gallimard-Découvertes Pirates et flibustiers vous donnera toutes les indications utiles. Et surtout n’hésitez pas à laisser votre imagination vagabonder, comme Stevenson lorsqu’il écrivit L’île au trésor - qui après tout serait votre meilleure lecture. Laissez-vous porter par votre imagination, hissez les voiles, et cap sur le large !

Une remarque :
On l’ignore généralement, mais un tiers des flibustiers étaient... noirs ! Il s’agissait donc d’esclaves échappés des plantations qui trouvaient refuge dans cette société d’esprit très égalitaire.

Michel Le Bris
Directeur du festival


LES LAURÉATS 2004