TAIBO II Paco Ignacio

Mexique

19 mars 2012.
 

Biographie

© Daniel Mordzinski
Paco Ignacio Taibo II

"Je ne sais pas vous, mais moi j’en ai marre de ces polars où tous les personnages sont super intelligents et cultivés, et où le seul imbécile c’est le lecteur", déclare Paco Igancio Taibo II, fondateur du néo-polar mexicain au franc-parler assumé. Auteur très populaire au Mexique, mais déconseillé par les autorités, il décrit avec humour, au journaliste et bloggeur Mikaël Demets, la pression des lecteurs qu’il subit au quotidien : "Au Mexique, la pression des lecteurs sur les écrivains est immense. Dans la rue, j’entends tous les jours Hey, Paco, écris un roman sur ça ! Paco, pourquoi tu n’écris pas quelque chose sur ça ? ". Paco Ignacio, en plus d’être un écrivain reconnu est aussi une figure de l’engagement. Amoureux de la ville de Mexico, il milite pour des institutions plus démocratiques, en particulier chez les forces de l’ordre : "car si la moindre ville de bouseux du Texas peut élire son shérif, pourquoi ne pourrait-on pas le faire dans une ville aussi merveilleuse que la nôtre ?"

Cependant, c’est bien dans la noirceur, les crimes et l’actualité sordide de Mexico, cette "ville monstre," que Paco Ignacio Taibo II trouve son inspiration. Dans un style très mexicain, avec l’humour noir de ceux qui ont apprivoisé la mort, il décrit dans ses romans la violence quotidienne des villes sud-américaines, mais aussi un autre type de violence, plus glorieuse : celle des révolutions. C’est ainsi au XIXe siècle, au début des luttes coloniales entre princes autochtones et aventuriers européens, que Paco Ignacio Taibo II choisit de placer son dernier roman : Le Retour des Tigres de Malaisie. Sans se départir de son humour grinçant, l’écrivain mexicain quitte l’univers du polar pour s’aventurer, sur les traces de l’Italien Emilio Salgari, dans le fameux coupe gorge du détroit de Malaca, où il ancre une histoire de piraterie libertaire,
truffée de références intellectuelles et littéraires, d’Engels à Jules Vernes.

De grands noms des lettres hantent souvent l’oeuvre de Paco Ignacio Taibo II, à commencer par celui de son propre père. En plus de lui léguer son nom, Paco Ignacio Taibo I a montré la voie à son fils : cet ancien socialiste de la haute bourgeoisie espagnole, exilé au Mexique sous Franco, était connu au Mexique pour ses prises de position en faveur des libertés, et sa capacité à claquer la porte dès que le censure sévissait. De ce personnage imposant, Paco Ignacio Taibo II a aussi hérité sa passion pour la figure d’Ernesto Guevara. Sa biographie du Che en deux volumes, Ernesto Guevara dit le Che, fait aujourd’hui figure de référence historique et littéraire.

Avec l’âge, il l’admet lui même, la question des origines le préoccupe de plus en plus. Le mot ombre devient ainsi de plus en plus présent au fil des romans de Paco Ignacio Taibo II, à mesure qu’il découvre, avec l’âge, que le futur d’un homme est aussi décidé par son passé : "Quels sont nos référents ? Si tu ne peux pas choisir ton grand-père, il va t’être imposé par la lignée familiale, et il risque d’être un vieux con. Alors que si tu choisis tes référents dans le passé, tu hérites de choses merveilleuses. Moi, mon grand-père, c’est le Comte de Monte-Cristo !"


Bibliographie :


Présentation du Retour des Tigres de Malaisie

Après avoir été à l’origine du néopolar latino-américain, Paco Taibo II réinvente ici, avec la complicité involontaire d’Emilio Salgari, le roman d’aventures du XIXe siècle, en l’assaisonnant de politique, de sexe et surtout de malice littéraire.
Sandokan le prince malais et son ami le Portugais Yañez de Gomara, les pirates libertaires, héros de Salgari – qui ont hanté l’imagination d’une grande partie des adolescents du XXe siècle, au même titre que les Trois Mousquetaires –, reviennent sous la plume de Taibo. Ils ont maintenant 60 ans.
Leurs amis et leurs biens font l’objet d’une menace suffisante pour qu’ils réarment leurs bateaux et remobilisent leurs anciens compagnons d’armes. Ils se lancent dans une lutte infernale contre l’impérialisme sous toutes ses formes.
Dans ces pages vous allez croiser : Friedrich Engels, le professeur Moriarty, des sous-marins sortis de Jules Verne, des sociétés secrètes chinoises, Rudyard Kipling, un homme au masque d’argent, des trafiquants d’esclaves, une survivante de la Commune de Paris, des aventuriers de la finance internationale, des fondamentalistes musulmans, des philosophes stoïciens, Old Shatterhand, le héros de Karl May, des banquiers philippins amis de José Marti, des espions anti-impérialistes, tous impliqués dans une aventure extraordinaire sur les traces de plants d’hévéa.


Présentation de Mexico noir :

Enlèvements, pollution extrême, circulation infernale, narcotrafic, corruption généralisée : Mexico est un véritable monstre urbain, une mégalopole où règne la violence ordinaire. Les douze nouvelles inédites rassemblées dans cette anthologie explorent la géographie de cette forêt de béton et les angoisses de ses habitants. Au coeur du noir mexicain, un voyage sombre et désespéré... car il n’y a que dans les telenovelas que les histoires finissent bien. Avec des nouvelles de Paco Ignacio Taibo II, Eugenio Aguirre, Eduardo Antonia Parra, Bernardo Fernández Bef, Óscar de la Borbolla, Rolo Díez, Victor Luiz González, F.G. Haghenbeck, Juan Hernández Luna, Myriam Laurini, Eduardo Monteverde et Julia Rodríguez.