Les tours et détours du monde

Avec : COJEAN Annick, FRAISSE Marie-Hélène, ROLIN Jean

9 juillet 2013.
 
 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Alaska, l’ultime frontière

Albin Michel - 2023

Un somptueux dédale d’îles, de fjords englacés et de chenaux abrités, bordant l’une des plus mauvaises mers du monde. On l’appelle Inside Passage, le « Passage intérieur ». Chaque été, les saumons y convergent par millions pour donner la vie avant de mourir. Nombre de groupes humains sont aussi passés par là, venus d’Asie au fil des millénaires et suivis plus récemment par les Russes chasseurs de loutres marines, les chercheurs d’or, les prospecteurs de pétrole, de gaz, de minéraux rares, ainsi que les amoureux de l’aventure.

Épouser les méandres capricieux du Passage intérieur pendant la brève saison estivale est le projet de libre errance en solitaire d’une femme endeuillée s’efforçant d’aborder avec humour sa « crise d’obsolescence ». Quête de retrouvailles avec des interlocuteurs trop brièvement croisés au cours d’une vie de grand reporter, exploration de chemins intérieurs inédits, ce parcours dans l’été boréal au hasard des rotations de ferry est ponctué de rencontres avec les habitants ancestraux du grand Nord- Ouest, Amérindiens et Inuits. Parents des orques, des ours, des aigles, du Grand Corbeau moqueur, ils appartiennent corps et âme à ces terres du bout du monde, où ils accueillent fraternellement cette étrangère qui les écoute avec ferveur.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais
Témoignage

Nous y étions : 18 vétérans racontent heure par heure le D-Day

Grasset - 2024

« Au printemps 1994, alors que se préparait la célébration du 50e anniversaire du Débarquement allié en Normandie, j’ai voulu essayer de rencontrer, au fil de mes reportages pour Le Monde, quelques vétérans du fameux 6 juin 1944. Je ne savais pas encore ce que je ferais de ces entretiens, mais je voulais les voir, les entendre, leur exprimer aussi ma gratitude. C’est étrange pour une journaliste d’avouer un tel sentiment, mais mon histoire y était pour beaucoup. Bien que Bretons d’origine, mes grands-parents, ma mère, ma tante, mes oncles avaient émigré à Caen. C’est là que le 6 juin 1944 les avait surpris, heureux, soulagés, excités, puis effrayés par la violence de l’opération et le bombardement de la ville (et de leur maison), et bientôt sur le chemin de l’exode.
Lorsque j’ai commencé à voir des vétérans américains, ils m’ont stupéfiée. Leurs souvenirs étaient d’une précision inouïe, leur envie de témoigner intense. Mes connaissances étaient balbutiantes, alors au restaurant, pour figurer les obstacles dressés par Rommel sur les plages normandes, ils prenaient des fourchettes et des couteaux, des stylos et des bouchons, et je les voyais, fascinée, me raconter Omaha la sanglante ou la prise héroïque de la pointe du Hoc.
Après toutes ces rencontres, j’ai proposé au directeur du Monde de raconter le 6 juin 1944, heure par heure, avec les différents acteurs de ce jour historique : les combattants des différentes armées, américaine, canadienne, anglaise, allemande. L’aumônier grande gueule du Commando Kieffer. Un résistant du maquis normand. Le plus jeune correspondant de guerre du D-Day, Charles Lynch, qui m’a bouleversée en racontant comment il avait sauté dans la mer, sous la mitraille, en tenant au-dessus de sa tête, sa machine à écrire et sa cage de pigeons voyageurs. Le speaker de la BBC qui avait la tâche, au petit matin, d’annoncer au monde entier l’opération Overlord...
Le journal m’a donné 18 pages, et je n’ai plus pensé qu’à ça. Reconstituer cette journée et donner corps au récit de ces hommes qui, pour la plupart, n’avaient à l’époque qu’une vingtaine d’années et ont vécu en terre normande les heures les plus folles, les plus tragiques de leur vie.
18 interlocuteurs, tous disparus aujourd’hui, 18 récits à la première personne pour revivre le Jour le plus long. »

A.C.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Le Pont de Bezons

P.O.L. - 2020

« Heureux qui a vu le jour se lever sur le pont de Bezons ». C’est la première phrase de ce roman dont le projet consiste « à mener sur les berges de la Seine, entre Melun et Mantes des reconnaissances aléatoires, au fil des saisons, dans un désordre voulu ». Mais très rapidement ces déambulations prennent des allures de petite odyssée sur les berges du fleuve, au cœur de banlieues bousculées, parcourant des espaces fracassés, des friches et des zones industrielles. Traversée du monde d’à côté, celui que nous ne voyons plus depuis des décennies. De micro évènements prennent une tournure fatale et romanesque, comme la fermeture d’un Mc Donald’s à Bezons ou des parties de pêche organisées par des Rroms. On y croise des réfugiés tibétains sur une péniche à Conflans, un café kurde révolutionnaire à Corbeil, un restaurant brésilien, des mosquées salafistes à Saint-Denis, une base assez confidentielle de la marine nationale. C’est le roman discret d’un monde bouleversant de solitude, d’oublis, de ruines et de décomposition.

Au cœur de ce parcours, il y a aussi les retrouvailles avec une vieille cousine et la maison de Carrières- sous-bois qui cache un secret de famille que le narrateur révèle pour la première fois : le fantôme de l’oncle Joseph. Mais le chaos de ce monde périphérique, sous le regard aigu du narrateur, cache lui aussi un mystère : la présence de toute une vie sauvage et animale nichée souvent dans d’improbables lieux. Oiseaux rares, cygnes sauvages, poissons… Avec humour, Jean Rolin traque les détails des existences, des paysages, des lieux, et les traces historiques d’un décor périurbain qui devient sous nos yeux le roman contemporain de notre abandon.