BANDE DESSINÉE

Le western a la peau dure

17 avril 2013.
 

Palais du Grand Large, salles Bouvet et Charcot

Bouncer
© François Boucq

Il y a tout juste 50 ans naissait dans le journal Pilote, Blueberry, un personnage de lieutenant teigneux dont les aventures captivèrent plusieurs générations de lecteurs. Si son auteur s’en est allé, les pistes du Far West et ses légendaires cowboys continuent d’attirer dessinateurs et scénaristes de talent. Au travers de plus de 80 planches originales, l’exposition vous propose cinq regards modernes, cinq manières originales d’aborder en BD ce genre indémodable.

Dans la veine historique, Christian Périssin (scénario) et Matthieu Blanchin (dessin) tentent de percer le mystère de Calamity Jane, de son vrai nom Martha Jane Canary(Futuropolis, 2013), dans un roman graphique sensible, s’inspirant des lettres à sa fille et de documents d’époque. Ils nous livrent le portrait attachant, plein de verve et de générosité, d’une femme d’exception, qui a forgé elle-même sa légende.

Alejandro Jodorowsky revisite avec humour la figure récurrente du justicier solitaire : as de la gâchette, son Bouncer (Glénat, 2012), manchot et gaucher, est accompagné d’un chien errant à 3 pattes... François Boucq humanise à merveille ce héros plein d’élégance et d’ardeur, aux prises avec la fureur et la sauvagerie du Far-West.

Western enneigé au parfum de paradis perdu, Kraa (Casterman BD, 2013) met en scène la vengeance d’un jeune indien dont la famille a été décimée par une bande de malfrats. Une fresque violente dans les paysages glacés d’un pays aux confins du monde, dans laquelle Benoît Sokal déploie tout son talent.

Dans la veine satyrique, Gus : tome 1 à 3 (Dargaud, 2008) raconte les histoires de coeur d’un trio impayable de cowboys, braqueurs de banque, séducteurs invétérés et loosers gran- dioses. Entre attaques à mains armées et parties de jambes en l’air, Christophe Blain s’amuse et nous aussi.

Enfin, L’homme qui n’aimait pas les armes à feu (Delcourt, 2013), écrit par Wilfried Lupano, nous entraîne dans une poursuite infernale, où les balles et les répliques cinglantes fusent de toutes parts. Un western spaghetti jouissif, finement illustré par Paul Salomone !

Cinq dessinateurs au talent exceptionnel, maîtres de la narration graphique, nous rappellent ici combien la confrontation avec l’original est essentielle.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Bande Dessinée

Little Tulip

Le Lombard - 2014

Emprisonné en même temps que ses parents, c’est à l’âge de sept ans que Pavel a découvert l’enfer du goulag. Séparé des siens, il a dû apprendre à survivre seul. Quelques années plus tard, il connaît bien les règles qui régissent son univers : la violence permanente, l’incurie des gardiens, la toute-puissance des chefs de gangs... Il sait que s’adapter et s’endurcir ne suffisent pas. Grâce à ses talents de tatoueur, il obtient la protection de Kiril-la-Baleine, un des caïds les plus redoutables...

Le grand retour du duo Boucq et Charyn (Bouche du Diable, La femme du Magicien)

 

DERNIER OUVRAGE

 
Bande Dessinée

Le voyage du Commodore Anson

Futuropolis - 2021

Un grand récit historique au souffle épique, magnifiquement raconté et mis en image par les auteurs de Martha Jane Cannary, d’après le récit de Richard Walter, chapelain de l’expédition, paru dès 1748.

En 1740, le Commodore Anson se voit confier une escadre de 8 navires par le Roi d’Angleterre George II dans le but de ruiner les colonies espagnoles de la côte ouest de l’Amérique latine, riches en or et en argent, puis de capturer le Galion royal en provenance de Manille chargé de trésors produits en Asie. Cette mission qui l’obligera à faire le tour du monde, en passant le cap Horn puis le cap de Bonne espérance, est semée d’embûches. Un départ retardé de six mois signifie le passage du Cap Horn dans les pires conditions climatiques. Le recrutement de 500 soldats s’avère difficile (L’Angleterre est en guerre et manque cruellement d’hommes) si bien qu’Anson embarque des vétérans, voire des blessés. Les cales remplies de vivres, de pacotille pour les négociations, empiètent sur le couchage des embarqués et deviennent vite insalubres, fièvres et scorbut déciment les équipages. Aléas de la navigation, longues escales pour le ravitaillement et les réparations des navires, le voyage s’étire dans le temps. Quatre ans s’écouleront avant le retour à Londres : un seul navire et 188 hommes sur les 2000 au départ.
Richement documenté, orné de gravures anciennes, ce récit de 265 pages qui, tout comme le périple d’Anson, a demandé quatre ans de travail, est rondement mené et le trait enlevé de Matthieu Blanchin fait merveille : îles accueillantes sont extrêmement vivantes sous le pinceau La nervosité du trait et les accords aquarellés animent tempêtes et scènes de batailles et rendent particulièrement vivants officiers et marins, frisant parfois la caricature. Un régal de lecture.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Bande Dessinée

Aquarica, tome 2 : La baleine géante

Rue de Sèvres - 2022

John Greyford et le Lieutenant O’Bryan sont à bord de l’étrange submersible d’Aquarica, en route vers la lointaine terre natale de cette dernière, supposée se situer sur le dos d’une gigantesque baleine. Au terme de leur voyage se dévoile à eux un monde nouveau, hors de toute réalité connue, mais à l’équilibre fragile. Un monde que Baltimore et ses hommes, animés par leur désir de vengeance, ont bien l’intention de faire disparaître.

Une course-poursuite s’engage alors entre le baleinier de ces derniers et nos trois héros, avec pour enjeu la survie de tout un peuple.
Parviendront-ils à stopper la folie de ces hommes esseulés par leurs malheurs et leurs croyances ?

Entre fable écologique et récit d’aventure, la réunion de deux auteurs majeurs de la bande dessinée autour d’une histoire à portée universelle.